Le Yémen possède une richesse architecturale extraordinaire et réputée sans pareille, qui a attiré les architectes du monde entier jusqu’aux derniers événements qui ont agité le pays.
Dar al Hajjar, le Palais du Rocher près de Sanaa
Dar al Hajjar, le Palais du Rocher près de Sanaa
Et si chaque nouveau village procure un coup de cœur différent, les deux ambassadeurs du formidable trésor architectural yéménite sont sans nul doute la médina de Sanaa pour le Yémen du Nord, et Shibam pour le Yémen du Sud...
Dar al Hajjar, le Palais du Rocher près de Sanaa
Dar al Hajjar, le Palais du Rocher près de Sanaa
Shibam, près de Saywun, a été surnommée la « Manhattan des sables » en Occident, à cause des 500 gratte-ciels étonnants qui la composent. La ville est devenue la nouvelle capitale du Hadramaout, après la chute de Shabwah au IIIème siècle ap J.C… Sept mille yéménites vivent dans ses gratte-ciel de paille et de terre crue, dont certains dépassent trente mètres de haut.
Intérieur de Dar al Hajjar, le Palais du Rocher près de Sanaa, et ses fenêtres dites "Tarkim"...
Fenêtre "Tarkim" de Dar al Hajjar, le Palais du Rocher près de Sanaa
Les buildings de Shibam, les premiers du genre, se dressent sur une légère éminence au creux du Wadi Hadramaout. Malgré le gypse blanc qui les recouvre, les gratte-ciels craignent les fortes pluies mais aussi les crues de la rivière saisonnière qui coule à une centaine de mètres de là.
La ville Forteresse de Thilla, dans le Yémen du Nord
La ville Forteresse de Thilla, dans le Yémen du Nord
L’un des buildings de la ville semble même avoir littéralement fondu. Et une blague de notoriété publique dans l’Hadramaout raconte que « c’est à cause d’un habitant qui aurait oublié de fermer son robinet d’eau ! »…
La ville Forteresse de Thilla, dans le Yémen du Nord
La ville Forteresse de Thilla, dans le Yémen du Nord
Certains gratte-ciels en ruines de Shibam, témoigne de l’incapacité financière des habitants à prendre en charge les perpétuelles rénovations dont a besoin la ville. Mais fort heureusement, la « Manhattan des Sables » a fait l’objet dans les années 80 d’un large programme d’aide de l’UNESCO, dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine culturel de l’humanité.
La Forteresse de Shibaml dans le Yémen du Nord, surplombant le village de Kawkaban.
La Forteresse de Shibam dans le Yémen du Nord, surplombant le village de Kawkaban.
Sanaa, la capitale du pays, est au Yémen du Nord ce que Shibam est au Yémen du Sud. La légende raconte que Sem, l’un des trois fils de Noé, serait arrivé par le Nord et aurait décidé d’établir Sanaa à l’endroit que lui aurait indiqué un oiseau. Sanaa serait-elle alors la plus ancienne ville du monde ? Peut-être…
Maison de la Forteresse de Shibam dans le Yémen du Nord, surplombant le village de Kawkaban.
Maison de la Forteresse de Shibam dans le Yémen du Nord, surplombant le village de Kawkaban.
Toujours est-il qu’à notre époque, Sanaa reste le plus grand musée en plein air du globe, avec des habitants qui en sont à la fois l’âme et le moteur. Un musé à ciel ouvert à l’image d’un pays où la vie est un spectacle permanent. Une scène de théâtre interactive dont le voyageur étranger reste souvent le principal acteur.
Vue imprenable de la Vallée du haut de la Forteresse de Shibam dans le Yémen du Nord, surplombant le village de Kawkaban.
Forteresse de Shibam dans le Yémen du Nord, surplombant le village de Kawkaban.
Au plus fort de la puissance sabéenne, il y avait à Sanaa un palais fabuleux. L’édifice haut de vingt étages, était orné aux quatre angles de lions gigantesques en bronze, et était surmonté d’un toit en albâtre si fin, que l’on pouvait suivre le vol des oiseaux traversant le ciel.
Village "nid d'aigle" de Manakha, dans les montagnes du Yémen du Nord.
Village "nid d'aigle" de Manakha, dans les montagnes du Yémen du Nord.
C’est à la fin du IIème siècle après J.C, que le roi sabéen de l’époque fit édifier une muraille autour de ce majestueux palais. Il instaura ainsi une tradition qui s’appliqua par la suite à l’ensemble de la ville, conférant alors à cette dernière son nom définitif de « Sanaa », la Ville Fortifiée
Village "nid d'aigle" de Manakha, dans les montagnes du Yémen du Nord.
Village "nid d'aigle" de Manakha, dans les montagnes du Yémen du Nord.
Les remparts impressionnants de Sanaa sont toujours debout. Ils abritent le Souk Al Mihl, le plus vaste du Yémen, dit « marché au sel ». Contrairement à ce que son nom indique, ce souk est composé d’une quarantaine de petits souks, chacun spécialisé dans un domaine particulier, et propose une myriade de produits dont le marché aux épices est l’endroit le plus agréablement parfumé du pays.
Les Remparts de Saada, au Nord du YÉMEN
Ballade sur les remparts de Saada, au Nord du YÉMEN
Déambuler dans les artères nébuleuses du Souk Al Mihl est un voyage à travers le temps, un retour plusieurs siècles en arrière. Des échoppes proposent jusque tard dans la nuit des jambiya, des bijoux, et d’autres objets d’hier et d’aujourd’hui. De nombreuses marchandises passent la nuit dehors, surveillées par des bédouins du haut de leurs tours de guet.
La Forteresse et Prison de la ville de Saada, au Nord du YÉMEN.
Le cimetière millénaire de Saada, au Nord du YÉMEN.
Raqban, tout près de Saada, au Nord du YÉMEN
La Forteresse de Raqban, tout près de Saada, au Nord du YÉMEN
Déambuler dans les artères nébuleuses du Souk Al Mihl est un voyage à travers le temps, un retour plusieurs siècles en arrière. Des échoppes proposent jusque tard dans la nuit des jambiya, des bijoux, et d’autres objets d’hier et d’aujourd’hui. De nombreuses marchandises passent la nuit dehors, surveillées par des bédouins du haut de leurs tours de guet.
Maison typique de la Région de Saada, au Nord du YÉMEN
Intérieur d'une Maison de Saada, au Nord du YÉMEN
Autrefois, un caravansérail servait d’auberge pour les marchands qui y stockaient leurs biens les plus précieux. Cette tradition se perdit dans les années cinquante, quand pour reprendre le pouvoir à l’assassinat de son père, un puissant Imam ordonna aux hommes de sa tribu de piller Sanaa et son caravansérail.
Maison troglodyte dans les montagnes aux alentours de Saada, au Nord du YÉMEN
Dans le salon de la Maison Troglodyte de Saada, au Nord du YÉMEN.
En se perdant d’impasses en arrière-cours dans la médina, on arrive à tomber par hasard sur les hectares de jardin privés qu’abritent les remparts de la ville. Ces jardins difficilement accessibles, offrent de véritables havres de paix dans l’immense agglomération urbaine, et alimentent encore aujourd’hui la ville en fruits et légumes.
Village ancestral de la province de Saada, au Nord du YÉMEN
Village ancestral de la province de Saada, au Nord du YÉMEN
A gauche, un village ancestral de la province de SAADA, à droite, MARIB, la Capitale du Royaume de SABA, au Nord du YÉMEN
Il faut cependant faire attention en les cherchant. Car la frontière entre les rues publiques et les cours privées est plutôt floue. Et vous risquez d’être gentiment prié de respecter l’intimité inviolable des maisons, quand les enfants ne vous prendront pas pour cible pour jouer à l’Intifada palestinienne !!!
Marib, la Capitale du Royaume de SABA, au Nord du YEMEN
Shabwa, au cœur du Désert, au Centre du YÉMEN
Ferme dans la Vallée de l'Hadramaout, dans le YÉMEN du SUD
Malgré son apparence d’un autre temps, Sanaa connaît un essor sans précédent. La population est passée de cinquante mille habitants dans les années soixante, à plus d’un Million en l’an 2000. Cette croissance se poursuit visiblement sans contrôle, et selon les estimations des autorités, la nappe phréatique du bassin de Sanaa sera asséchée d’ici 2010.
A Gauche, une Mosquée et à Droite, la rénovation d'un Gratte Ciel de la célèbre Shibam dans l'Hadramaout, au YÉMEN du SUD
La célèbre Shibam et ses 500 Gratte Ciels dans l'Hadramaout, au YÉMEN du SUD
Sayun, à la frontière avec le Sultanat d'Oman, dans l'Hadramaout, au YÉMEN du SUD
Cela dit, et en dépit du rythme infernal de son développement, le vieux Sanaa demeure quasiment intact. La destruction de pans de rempart pour créer de nouveaux quartiers, les toiles d’araignées de fils électriques zébrant le ciel, et les canalisations d’eau en acier courant le long des chaussées et des façades, ne parviennent pas à défigurer la ville.
Bir Ali, sur les bords de la Mer d'Oman, au YÉMEN du SUD
Bir Ali, sur les bords de la Mer d'Oman, au YÉMEN du SUD
Le pavage récent des ruelles du cœur de Sanaa remonte lui au début des années 80, avec la prolifération des véhicules motorisés. Jusque là, tout revêtement était bien inutile car le seul piétinement naturel des passants, des ânes et des dromadaires, suffisait en l’absence de pluie à tasser la terre et à empêcher toute poussière de se soulever du sol !
Usine de Gypse Blanc servant à la fois à décorer les façades des maisons, et à réfléchir les rayons du soleil
Maisons du Habban, au centre du YÉMEN
Les rues de la médina de Sanaa sont depuis peu maintenues dans un état de propreté remarquable. A tel point que je n’ai pas reconnu la ville lors de mon dernier voyage. On se serait cru par endroit débarqué au milieu du décor de la ville d’Aladin à Eurodisney. Le sol pavé du Souk est tellement propre que l’on pourrait manger par terre !
Al Khawkha, aux bords de la Mer Rouge.
Al Khawkha, aux bords de la Mer Rouge.
Le nettoyage de Sanaa et de ses artères est assuré par une armée d’éboueurs noirs africains en combinaison orange. Ce sont des somaliens qui ont fui leur pays au cours de la dernière guerre civile. Le Yémen a par solidarité accueillit à l’époque plus d’un million de somaliens sur son territoire. J’ai eu l’occasion il y a quelques années, de traverser un des nombreux camps de réfugiés répartis dans le pays. Après leur avoir appris l’arabe pour les intégrer, le Yémen leur donne aujourd’hui du travail…
Banlieue de TAEZ, au Centre du YÉMEN
Fabrique de Portes, dans la Banlieue de TAEZ, au centre du YÉMEN
Fabrique de Portes, dans la Banlieue de TAEZ, au centre du YÉMEN
Le charme enchanteur de Sanaa réside surtout dans son architecture, savant mélange de styles et de matériaux yéménites. De nombreuses maisons ont encore plus de quatre siècles, et toutes sont bâties selon les mêmes méthodes traditionnelles millénaires. Seules les paraboles sur les toits témoignent de l’entrée de Sanaa dans le troisième millénaire…
Le Souk de TAEZ, au Centre du YÉMEN
Le Souk de TAEZ, au Centre du YÉMEN
Les maisons tours abritent des familles étendues, dont les différentes générations se partagent les étages du haut, tandis que le rez-de-chaussée et le premier sont réservés aux animaux et à l’entrepôt divers. Les façades des maisons sont ornées de frises complexes, et les ouvrants sont badigeonnés de Gauss, un plâtre blanc décoratif mêlé de chaux, de paille hachée et de blanc d’œuf. Le Gauss qui sert de liant pour les fenêtres d’albâtre et de verre, empêcherait les « djinns », les mauvais esprits, d’entrer dans les maisons à la nuit tombée...
Maisons du Djebel Sabir, la Montagne surplombant TAEZ, au Centre du YÉMEN
La Forteresse du Djebel Sabir, la Montagne surplombant TAEZ, au Centre du YÉMEN
La ville de Sanaa et tous ses quartiers merveilleux offrant chacun une atmosphère différente selon l’heure et le jour, méritent à eux seuls un voyage. Tout comme Shibam, la médina de Sanaa est inscrite au patrimoine culturel de l’humanité, et fait l’objet d’une attention toute particulière de l’Unesco...
Rue de Ibb, au Centre du YÉMEN
Jibla, au Centre du YÉMEN
Rues de Jibla, au Centre du YÉMEN
Cela dit, et si vous avez un peu de temps, quelques jours suffisent en rayonnant autour de Sanaa pour partir à la découverte des trésors architecturaux yéménite. A commencer par un tour dans les montagnes du nord-ouest, où se dresse le fier village de Manakhah, en haut d’un piton rocheux au bout d’un chemin grimpant à plus de deux mille mètres à travers les monts Haraz.
La Mosquée de la Reine Arwa à Jibla, au Centre du YÉMEN
Jibla, au Centre du YÉMEN
A l’image des nombreux nids d’aigle qui perchent sur les arrêtes escarpées aux sommets des chaînes montagneuses, Manakhah est constitué de maisons de pierres grises et roses, entièrement taillées à la main. Sur le toit des maisons, des symboles portes bonheurs d’origine inconnue, rappellent étrangement des bouquetins de l’Hadramaout.
La Forteresse de Rada, au Centre du YÉMEN
La Mosquée de Rada, au Centre du YÉMEN
A une soixantaine de kilomètres de Sanaa, le village de Kawkaban est l’exemple parfait du nid d’aigle yéménite inaccessible. Siégeant au bord du vide en haut d’une falaise de trois cent cinquante mètres, la forteresse de Kawkaban bâtie pour protéger le village de Shibam en contrebas, offre un panorama sans égal sur la région.
La Forteresse de Rada, au Centre du YÉMEN
La Forteresse de Rada, au Centre du YÉMEN
Le seul sentier menant de Shibam à Kawkaban, à la fois abrupt et sinueux, était aisément défendu. De simples jets de pierres suffisaient à repousser des assaillants munis d’armes à feu... Il faut une petite heure de marche pour arriver à la forteresse où les habitants de Shibam montaient se réfugier pendant les conflits. L’unique porte de la forteresse est encore aujourd’hui fermée chaque nuit. Et vous y découvrirez les énormes citernes taillées dans la roche pour recueillir l’eau de pluie, et les silos à grain remplis en temps de paix pour que la population puisse survivre à des conflits de n’importe quelle durée...
Vue de la Médina de SANAA, Capitale du YÉMEN
Rue de la Médina de SANAA, Capitale du YÉMEN
Ce n’est que pendant la guerre civile des années soixante que Kawkaban connut pour la première fois la défaite. Comme de nombreuses autres forteresses yéménites restées jusque là inviolées, Kawkaban ne résista pas aux bombardements des avions !
Bab al Yemen, la Porte de la Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Bab al Yemen, la Porte de la Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Une forteresse résista cependant. Celle de l’ancienne ville de Thilla, que l’on aperçoit à neuf kilomètre de là, du haut du Djebel Kawkaban. Thilla a été bâtie sur les contreforts d’une montagne, elle-même surmontée en haut du massif par une puissante forteresse.
Entrée du Souk Al Mihl, dans la Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Entrée du Souk Al Mihl, dans la Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
La cité est également protégée par de puissants remparts, d’où émergent délicatement les maisons tours de la ville, et les anciens dômes blancs marquants l’emplacement des tombes des imams. Thilla n’a qu’une seule entrée, un haut passage voûté traversant l’épaisse muraille, gardé par une immense porte en bois massif.
Le Souk Al Mihl, dans la Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Le Souk Al Mihl, dans la Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Une fois franchi ce passage, l’on peut déambuler dans les méandres pavés du vieux souk, et découvrir une multitude de frises et d’ornements complexes, qui décorent différemment chaque maison tour de la ville restée inviolée…
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Il est enfin impensable de clore le tour architectural de la région de Sanaa, sans passer par l’incontournable Dar al Hajjar, « Le Palais du Rocher ».
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Dar al Hajjar se dresse au cœur du Wadi Dhahr, dans une vallée fertile et verdoyante parsemée de petits villages à une quinzaine de kilomètres de Sanaa. Bâti sur un rocher saillant du Wadi au flanc d’une colline extraordinaire abritant de nombreux sites préhistoriques, Dar Al Hajjar est devenu le symbole architectural du Yémen.
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
L’édifice de 5 étages, qui fût la résidence d’été d’un puissant Imam régnant sur le Yémen dans les années trente, offre une vue panoramique exceptionnelle de tout le Wadi.
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN
La visite de Dar Al Hajjar permet d’étudier de près les fenêtres tarkim, aux découpes savantes de plaques d’albâtre. Mais il faut se hâter de s’y rendre car la rumeur raconte que le Palais devrait bientôt devenir la résidence officielle du Président du Yémen...
La Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN, "by night"...
La Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN, "by night"...
La Médina de Sanaa, Capitale du YÉMEN, "by night"...
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