YEMEN, SAADA. In the heart of Souk AL THAL, The largest Weapons souk in Yemen.

English translation at the end of the article.

Yémen - Région de Saada (Sa'dah) - Le Souk Al Thal, le plus grand souk d'Arme du Yémen.
Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Premier petit-déjeuner au sein de la tribu Al Thal…

Je me réveille à l’aube, pile à l’heure pour mon premier petit déjeuner au palais du Cheikh Mohamed Hassan Manaa. Deux hommes de maison s’affairent à installer des nattes, de l’eau et du pain, à l’ombre des citronniers.

En tant qu’hôte d’honneur, j’ai le privilège de manger accroupis dans le même plateau que le Cheikh et ses enfants. Les hommes d’armes, qui ont dormi pour la plupart à la belle étoile, enroulés avec leur kalachnikov dans une couverture, déjeunent fraternellement dans un second plateau à quelques mètres…

Nous sommes au sein de la Tribu Al thal, dans la province relativement peu peuplée de Saada, fief de fières tribus yéménites solidement accrochées à leur indépendance dans les territoires interdits du Nord du Yémen. Une province de guerriers où le pouvoir du gouvernement républicain du Yémen est certes le moins fort. Mais une province sur laquelle s’appuie le Président Saleh pour tenir une frontière avec l’Arabie Saoudite qui n’est pas aujourd’hui totalement démarquée.

Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Yémen, ce pays « citoyen » si peu et si mal médiatisé…

Armes, kidnapping, guerre civiles, actes terroristes… Que ce pays, grand comme la France, et ses seize millions de bédouins, restent peu et mal médiatisés. Et pourtant ! Le Yémen fit d’abord une brève apparition dans les médias occidentaux au début des années 90, pour annoncer la réunification du Yémen du Nord, soutenue par l’occident, et de la République Démocratique Populaire du Yémen du Sud, « premier et unique état marxiste du monde Arabe ». Cette réunification qui passa à l’époque inaperçue, s’accompagna pourtant d’une expérience exceptionnelle et particulièrement d’actualité dans la Péninsule Arabique : la Démocratie !

Des enfants au Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Des enfants au Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Deux des articles de la Constitution yéménite adoptée par le peuple lors d’un référendum en mai 1991, anodins pour nous occidentaux, offrent un exemple sans précédent aux pays de cette région du monde :

Article 4 : « Le peuple est le détenteur et la source du pouvoir. Il l'exerce directement par la voie du référendum et des élections générales... »

Article 5 : « Le régime politique de la République repose sur le pluralisme politique et le multipartisme en vue de l'alternance pacifique au pouvoir. »

Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Au-delà des mots, les taux de participation électoraux au Yémen dépassent régulièrement les 70%, et démontrent le niveau élevé de conscience politique des Yéménites, qui assument pleinement leurs responsabilités nationales. Le Président de l’époque, Ali Abdallâh Saleh, chef du Yémen depuis plus de trente ans, a lui-même été élu démocratiquement. Il s’est vu offrir par la France, très proche du Yémen, une copie de la Marseillaise de Rude pour son pluralisme politique, son droit de vote accordé aux femmes, et plus globalement ses actions en faveur de la démocratie...

Et je pense, compte tenu des évènements qui ébranlent actuellement le monde Arabe, et compte tenu de la structure tribale et démocratique du Yémen, que si le Yémen doit changer de Président, cela se fera naturellement, sauf "intervention extèrieure", par la voie des urnes.

Une épicerie du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Une épicerie du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Les choses se gâtèrent pour le Yémen lors de la première guerre du Golfe. Le Yémen prônant une politique de la nation Arabe, se fit épingler par sa prise de position pro irakienne. Cet engagement, plus politique que militaire, entraîna l’expulsion catastrophique d’un million de yéménites d’Arabie Saoudite et d’autres pays Arabes opposés à l’Irak. Le coût direct de ce rapatriement forcé, conjugué à la perte de devises que rapportaient au pays ces yéménites émigrés, fut estimé par le gouvernement yéménite comme équivalent à quinze budgets nationaux… 

Autre évènement intéressant et qui passa pourtant inaperçu, la guerre civile éclair qui éclata au début de l’été 94 dans le Sud du Yémen. Ce conflit dont on s’attendait à ce qu’il finisse de déchirer le pays, renforça contre toute attente l’unité des yéménites, lassés par plusieurs décennies de révolutions et conflits en tout genre… 

Depuis, le Yémen réapparaît régulièrement dans les journaux occidentaux, pour relater pêle-mêle, les kidnappings « folkloriques » d’origine tribale et sans conséquence qui pimentent les séjours de touristes en mal d’aventure. Et beaucoup plus grave et en gros titres, pour rendre compte des méfaits de groupes islamistes manipulés de l’extérieur du pays.

Le restaurant du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le restaurant du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Marché au Qat du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Marché au Qat du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Abdelaziz Arrive avec des vêtements yéménites… Pour moi.

Abdelaziz, homme d’affaire et gendre du Cheikh, arrive au cours du petit déjeuner avec une chéchia et une djellaba blanche pliées sous le bras. A ma grande surprise, les vêtements sont pour moi ! Je remercie Abdelaziz et mets les vêtements dans mon sac à bandoulière, mais le yéménite m’arrête aussitôt. « C’est pour t’habiller tout de suite ! » me dit-il, sous le regard amusé du Cheikh… Les bédouins des tribus du Nord sont fiers de leurs traditions, et je peux lire dans le regard de tous, la satisfaction de me voir habillé en tenue locale. Le simple fait de porter ces vêtements yéménites, un déguisement aux yeux d’un occidental, permet de briser la glace entre les gardes et moi. Je suis à présent complètement intégré à la tribu... Enfin presque ! Car Abdelaziz m’annonce que nous partirons à la fin du petit-déjeuner avec quelques gardes et les enfants du Cheikh au souk Al Tahl, afin de compléter ma tenue par l’achat d’un incontournable jambya.

Une échoppe de Jambyas du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Une échoppe de Jambyas du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Le Jambya, l’Objet le plus typique de l’Arabie du Sud.

Le jambya est un large poignard incurvé qui se porte avec sur le ventre solidement harnaché à une large ceinture brodée. Destiné au rituel plutôt qu’au combat, le jambya se remet de père en fils et détermine encore aujourd’hui avec la kalachnikov, la position sociale et le prestige du yéménite. Lorsqu’il se déplace à l’étranger pour les affaires de la tribu, Abdelaziz revêt naturellement le costume cravate du businessman occidental. Mais une fois revenu à la tribu, Abdelaziz rendosse aussitôt sa tenue traditionnelle. « Le jambya, c’est la cravate yéménite » me dit-il sur un ton amusé… Si le Jambya se porte traditionnellement au milieu du ventre, il est de coutume chez les dignitaires religieux de porter un long jambya calé le côté.

Omniprésence des Armes dans les tribus du Nord, même l’Imam prêche avec sa Kalachnikov...  Il est de coutume chez les dignitaires religieux de porter un long jambya calé le côté...

Omniprésence des Armes dans les tribus du Nord, même l’Imam prêche avec sa Kalachnikov... Il est de coutume chez les dignitaires religieux de porter un long jambya calé le côté...

Je remarque que le Jambiya du Cheikh Mohamed est incrusté de pierres précieuses. Le matériau du manche de son jambiya est lui-même différent des autres, d’aspect plus précieux. Lorsque je demande au Cheikh en quelle matière il est, ses jeunes fils me disent avec fierté que le jambiya de leur père vaut plus de vingt mille dollars. Et ils me miment un étrange animal avec une corne sur le nez. Les jambya les plus précieux, comme celui du Cheikh Mohamed, ont en effet un manche en corne de rhinocéros, particularité qui place malheureusement le Yémen en tête des pays mettant en péril cette espèce en voie de disparition.

Une échoppe de Jambyas du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Une échoppe de Jambyas du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Litige entre Yéménites, Jambyas confisqués…

Plus loin, sous les auvents du palais, Abdallâh le comptable de la tribu, et Hassan, le frère du Cheikh Mohamed, commencent à se disputer pour une broutille. Le ton monte entre les deux bédouins sans pour autant que cela soit sérieux. Sur un hochement de tête du Cheikh, Abdelaziz quitte notre plateau de petit-déjeuner pour aller les rejoindre. Il leurs prend leurs deux jambyas, et leurs dit qu’il les confisque jusqu’à ce que leur sujet de discorde soit jugé par le Cheikh Mohamed. Tout le monde éclate de rire, et le Cheikh sourit de se voir remettre les deux poignards par son gendre... Il est de tradition au Yémen, de saisir les jambiyas des hommes en discorde. Cet acte purement symbolique, garanti qu’il n’y aura pas de représailles ou d’actes de vendetta entre eux, jusqu’au jugement de leur litige…

Tous les yéménites du pays, comme ici à Sanaa, arborent fièrement leur Jambya.

Tous les yéménites du pays, comme ici à Sanaa, arborent fièrement leur Jambya.

Le Souk Al Thal, le souk d’armes le plus vaste du Yémen…

Situé à quelques kilomètres du palais, le souk Al Tahl est sous la responsabilité du Cheikh Mohamed Hassan Manaa, qui en assure la sécurité avec ses fidèles bédouins, contre un pourcentage du chiffre d’affaire des marchands qu’ils protègent. Du pick-up 4x4 à la TV 16/9ème, tout se vend dans les artères de ce souk hors normes, et principalement des marchandises de contrebande en provenance d’Arabie Saoudite, qui attirent des yéménites des quatre coins du pays. Mais au-delà des produits high-tech et des 4x4 rutilants venant d’Arabie Saoudite, le souk Al Tahl est avant tout réputé pour son souk d’armes, le plus vaste du Yémen, où les Kalachnikovs et les grenades se bradent sur les étalages ou dans les échoppes pour quelques dollars autour d’un Cha’i (thé).

Les Gardes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Les Gardes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Les gardes m’emmènent à la boutique du « fournisseur officiel de jambya » de la tribu. Les bédouins du Cheikh s’affairent à me choisir un poignard de la meilleure qualité. Les uns scrutent les lames, leurs courbures et leurs profils. D’autres testent leurs tranchants et la pureté de l’acier, par le bruit qu’elles font en tapotant légèrement dessus. Une fois le jambya unanimement choisi par l’ensemble des gardes, le marchand prend mon tour de taille et me confectionne un étui et une large ceinture sur mesure.

Quelques uns des gardes fidèles du Cheikh Mohamed Hassan Manna, Cheikh de la Tribu Al Thal, au Nord de Saada au Yémen...

Quelques uns des gardes fidèles du Cheikh Mohamed Hassan Manna, Cheikh de la Tribu Al Thal, au Nord de Saada au Yémen...

Armes et kidnappings au Yémen, réalités spectaculaires mais sans réel danger…

Je me rappelle la première fois que j’ai vu un Jambya « dégainé ». C’était lors d’une séance de stop dans le sud du pays. Nasser au volant et Nagy son jeune frère, retournaient à Harib avec leur cargaison d’oranges achetée dans le Wadi Hadramawt. Nasser, un pistolet à la ceinture, et Nagy, une kalachnikov posée sur le tableau de bord, faisaient partie de la tribu des Jhim près de Ma'rib. Cette tribu farouche s’illustra fortement en Octobre 96, en kidnappant le même diplomate français à Sanaa à deux reprises successives ! Il s’agissait pour la tribu de faire pression sur le gouvernement, afin d’obtenir une aide financière promise à la suite d’importantes inondations dans la région…

Portraits de Cheikhs de la région de Saada, au Nord du Yémen. "hors de question" de poser pour une photo sans son arme...

Portraits de Cheikhs de la région de Saada, au Nord du Yémen. "hors de question" de poser pour une photo sans son arme...

Notre 4x4 longeait le littoral du Golfe d’Aden dans une chaleur étouffante, et comme tout bon yéménite qui se respecte, Nagy au volant et Nasser son frère, portaient à la ceinture un jambya. Nagy me demanda si j’avais soif. Il sortit alors son jambya étincelant de sa gaine en cuir brun, ramassa une bouteille vide en plastic à ses pieds, et la découpa pour faire un verre de fortune. Je me rappelle l’image du poignard fendant le plastique comme une lame de rasoir ! Lorsque je demandai pour plaisanter s’il s’en était déjà servi contre quelqu’un, Nagy répondit qu’il avait dégainé son jambiya une fois, lors d’une rixe avec un homme de sa tribu qui lui avait manqué de respect. Il jugea bon d’ajouter devant mon air stupéfait que le bédouin en question n’était pas mort. Ce qui lui avait évité de se faire faire trancher une main ou pire, par le Cheikh de sa tribu !

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Dans le même registre, Nasser ajouta qu’il avait déjà eu plusieurs fois à tirer au fusil mitrailleur sur des yéménites de tribus rivales, venus lui voler des dromadaires. Mais il ne savait pas dire dans le détail, combien il avait blessé ou tué de personne !... Kalachnikov et jambiya ne sont pas les seules armes que possédaient les deux frères. Ils avaient aussi chez eux des bazookas, et une paire de missiles Sol-Air et Sol-Sol. Je n’obtins qu’un haussement d’épaules et un sourire en coin lorsque je leur demandais à quoi pouvaient bien leur servir ces roquettes !... Mais Nagy et Nasser ne sont pas des cas isolés au Yémen ! Dans les provinces surarmées du Nord, les chefs de tribu se retrouvent de fait à la tête de véritables armées, qu’ils sont à même de lever du jour au lendemain s’ils le jugent nécessaire...

Omiprésence des Armes dans les tribus du Nord du Yémen. Cérémonie sous haute surveillance sur la frontière Yemeni-Saoudienne...

Omiprésence des Armes dans les tribus du Nord du Yémen. Cérémonie sous haute surveillance sur la frontière Yemeni-Saoudienne...

Omiprésence des Armes dans les tribus du Nord du Yémen. Cérémonie sous haute surveillance sur la frontière Yemeni-Saoudienne...

Omiprésence des Armes dans les tribus du Nord du Yémen. Cérémonie sous haute surveillance sur la frontière Yemeni-Saoudienne...

Les Armes au Yémen, quatre fois plus nombreuses que la population…

Le Yémen peut s’enorgueillir d’être la seule « République » de la Péninsule Arabique, et d’avoir un parlement qui constitue une réelle enceinte de débat. Néanmoins, les armes à feu au Yémen, quatre fois plus nombreuses que la population, sont le fruit de traditions ancestrales particulièrement ancrées dans les régions du Nord du pays. De sorte que l’impact des décisions des parlementaires yéménites dans les régions armées du Nord, reste parfois limité. Chaque tribu siège au parlement au prorata de l’importance de sa population. Et il arrive dans ce contexte que des tribus du nord très armées, et peu ou pas représentées au parlement, rentrent en conflit ou kidnappent plus simplement des touristes pour faire entendre leurs revendications. Il faut toutefois relativiser ces kidnappings de touristes très médiatiques, d’une part parce qu’ils restent exceptionnels, une quinzaine de prises d’otages par an. Et d’autre part parce qu’ils ne font que rajouter au folklore d’un pays où l’hospitalité est telle, que jamais un otage libéré, généralement au bout de quelques jours, ne s’est réellement plaint de son séjour forcé…

Souk d'armes de Marib au Yémen...

Souk d'armes de Marib au Yémen...

Souk d'armes de Marib au Yémen...

Souk d'armes de Marib au Yémen...

Le Yémen, parasité malgré lui par des groupuscules terroristes étrangers…

Il faut cependant distinguer les kidnappings « folkloriques » d’origines tribales et sans conséquences, des événements du début des années 2000 qui ont amené le Yémen sur les devants de la scène du terrorisme international… Une page se tourne en Décembre 1998, lorsqu’un groupe islamiste, dit de « l’armée d'Aden-Abian », enlève seize vacanciers. C’est la première fois qu’un groupe islamiste kidnappe des touristes au Yémen. Cinq membres du groupe islamiste détiennent des passeports britanniques. Et le leader local du groupe, le fils d’Abu Hamza al-Masri, Imam intégriste résidant en Grande-Bretagne, prend directement ses instructions de Londres par téléphone satellite !

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Habitué en pareil cas à engager des pourparlers pacifiques avec les cheiks des tribus concernées, le gouvernement de Sanaa ne veut cette fois en aucun cas négocier avec un groupe terroriste, qui plus est manipulé de l’extérieur… Quatre touristes mourront pendant l’assaut de l’armée yéménite, froidement exécutés sur ordre du leader local du groupe islamiste. Et malgré les preuves accusant l’Imam Abu Hamza al-Masri d’avoir commandité cet acte terroriste depuis sa résidence de Londres, le Yémen n’obtiendra jamais l’extradition du leader islamiste des pouvoirs britanniques...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

C’est toujours le même groupe islamiste dit de « l’armée d'Aden-Abian » que l’on retrouve par la suite à l’origine de deux évènements beaucoup plus médiatisés. L’attentat à l’embarcation piégée contre le bâtiment de l’US Navy, l’USS COLE en Octobre 2000, qui fit 17 morts et 37 blessés américains dans le port d’Aden... Et celui dans les mêmes circonstances, contre le pétrolier français Lindbergh, aux larges du port d’Al Mukalla en Octobre 2002. Notons à l’heure où s’écrivent ces lignes, que l’Imam intégriste Abu Hamza al-Masri, est emprisonné à Londres depuis Mai 2004 pour «appel au meurtre et incitation à la haine raciale». Que la justice américaine a demandé son extradition dans le cadre de la prise d’otage meurtrière décrite plus haut, et que cette extradition n’attend plus que le feu du Bureau Européens des Droits de l’Homme… À suivre !

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

L’aide intéressée des Etats-Unis, et la gestion difficile de l’après « 11 Septembre »…

Avant 2000, ces petits groupes terroristes manipulés de l’extérieur faisait simplement peser le doute sur la capacité du gouvernement maîtriser sa sécurité intérieure. Depuis l’USS COLE et les évènements du 11 Septembre, ces groupes terroristes se réclamant d’Al-Qaeda ont pris une toute autre dimension ! De sorte que le Président Ali Abdullah Saleh a été amené à signer des accords de coopération pour la lutte anti-terroriste avec les Etats-Unis…

Marchands d'armes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Marchands d'armes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Durant les « années Bush », les Faucons ont régulièrement soufflé le chaud et le froid au sujet de leur coopération avec le Yémen. Ils exprimaient leur « profonde reconnaissance à M. Saleh pour sa détermination à éradiquer la présence d'Al-Qaeda au Yémen » (Le vice-Président, Dick Chenay). Georges Bush avait même « affirmé la volonté des Etats-Unis d'accorder toute aide au Yémen dans le domaine de la sécurité, et d’inciter les pays donateurs à fournir à Sanaa toute assistance (financière) pour l'aider dans ses projets économiques et de développement et dans sa lutte contre le terrorisme »… Et dans le même temps, les officiels américains appelaient au « maintien de la pression sur les pays douteux qui font semblant de coopérer, comme c'est le cas du Yémen ! » (Le secrétaire d'Etat, Paul Wolfowitz)…

Marchands d'armes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Marchands d'armes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Selon le site Internet du Sénat français, ces commentaires ambigus des officiels américains avaient pour but de faire pression sur les autorités yéménites, afin de s’octroyer les marges de manœuvres les plus larges possibles dans leurs recherches d'Al-Qaeda…

De leur côté, la majorité des Cheikhs yéménites voyaient naturellement d’un mauvais œil l’ingérence américaine sur leurs territoires. Lorsque je demandai pourquoi l’USS COLE, un navire de guerre américain, avait choisi Aden en pleine crise du moyen orient pour se ravitailler alors que Djibouti est à peine à deux cent cinquante kilomètres, des Cheikhs me répondirent dans un sourire « qu’il était aussi bien là, à l’endroit le plus stratégique pour maîtriser les débouchés pétroliers de la mer rouge et du golfe arabo-persique… ».

Quant aux aides militaires, économiques et politiques qu'ils accordent à Sanaa, il se dit entre Cheiks que les Etats-Unis espèrent en contrepartie acquérir la petite île de Socotra, à quatre cent kilomètres des côtes yéménites. Cette île, à l’écart de populations arabes potentiellement hostiles, serait idéale pour y installer une base aéronavale US du type Diego Garcia dans l'océan Indien. Par l’acquisition de cette île, également convoitée par la Russie et la Chine, les Etats-Unis termineraient d’asseoir leur présence militaire dans cette région stratégique sur l’échiquier mondial du pétrole. Et ils emboîteraient le pas de l’Empire Britannique qui du temps de sa gloire coloniale, avait fait d'Aden l'une des clés de voûte de son contrôle des mers du globe…

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

L’aide américaine est en tout cas bien encombrante pour le Président Ali Abdullah Saleh, qui compte avant tout sur ses amis parmi les Cheikhs locaux pour maintenir l’état de droit dans son pays.

Ainsi, avant de nous rendre à Saada, le Cheikh Mohamed a été convié à passer deux longues heures dans la résidence du Président Saleh près de Sanaa. Ils se sont entretenus sur la situation géopolitique tendue au nord du pays avec l’Arabie Saoudite. Cette dernière revendiquerait des territoires au-delà de la frontière yéménite, avec pour objectif les ressources pétrolifères qu’ils regorgent...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Abdelaziz commande des fusils mitrailleurs israéliens pour les enfants du Cheikh…

Abdelaziz nous a rejoints. Un mariage va prochainement être célébré dans la tribu, et le Cheikh lui a demandé de commander quatre fusils mitrailleurs de qualité pour ses plus jeunes enfants. Autrement dit, pas de simples kalachnikovs ! Abdelaziz propose de l’accompagner chez un de ses amis, marchand d’armes. En chemin, je lui demande de m’arrêter à un « bureau de change ». Autrement dit, un bédouin assis en tailleur très digne sur un tapis, une kalachnikov posée ostensiblement à ses côtés, et des liasses de billets entassées au tout venant devant lui. Je présente un billet de cent dollars et le yéménite me donne deux grosses liasses de quatre-vingt billets de cent riyals. Je commence par réflexe à compter les billets, mais Abdelaziz m’arrête aussitôt. Je viens maladroitement de vexer son ami qui me dit je peux être assuré du compte ! Je m’excuse auprès du yéménite qui retrouve le sourire.

Clients yéménites au Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Clients yéménites au Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Tandis que nous arpentons le souk, paisible en apparence, les gardes armés ne quittent pas les enfants du Cheikh d’une semelle. Ces bédouins, particulièrement dévoués, donneraient leurs vies pour le Cheikh et sa famille. Pour la plupart originaires de la région, ils sont jeunes, une vingtaine d’années en moyenne, mais ont comme Nagy et Nasser, les nerfs d’acier d’en avoir le double ! Les gardes du Cheikh sont des guerriers, très fiers de leurs traditions. Et certains resteront relativement distants avec moi, jusqu’à ce que j’accepte de participer à un concours de bras de fer et de tir à la kalachnikov, subtilement organisés pour me mettre à l’épreuve.

Enfants du Cheikh Mohamed Hassan Manna, Cheikh de la Tribu Al Thal au Nord de Saada, posant fièrement avec les armes prêtées par les gardes pour la photo...

Enfants du Cheikh Mohamed Hassan Manna, Cheikh de la Tribu Al Thal au Nord de Saada, posant fièrement avec les armes prêtées par les gardes pour la photo...

Le jeune Cheikh Nasser, un guerrier martial dans un corps d’enfant…

Les enfants du Cheikh sont eux-mêmes étonnant. C’est le jeune Cheikh Nasser qui me ramènera du Souk. Avant de rentrer au Palais, le jeune Cheikh, dix ans à peine, conduisant debout sur les pédales le gros 4x4 pick-up, nous amènera dans une propriété agricole annexe au palais. Nous cueillerons quelques concombres et de la grenade, et prendrons le thé au milieu du désert. Une fois rassasiés, un des gardes s’en ira planter un petit couteau de cuisine à une trentaine de mètres, pour nous entraîner au tir...

"Le jeune Cheikh, dix ans à peine, conduisant debout sur les pédales le gros 4x4 pick-up qui nous amènera dans une propriété agricole annexe au palais."

"Le jeune Cheikh, dix ans à peine, conduisant debout sur les pédales le gros 4x4 pick-up qui nous amènera dans une propriété agricole annexe au palais."

C’est le jeune Cheikh Nasser, avec l’aide de son oncle lui tendant son bras comme support, qui brisera le premier, en seulement deux tentatives, la fine lame du couteau. Je resterai stupéfait devant l’habilité, et surtout la rigueur de l’enfant, qui avant de redonner la kalachnikov au garde, retirera avec application la balle engagée dans la culasse, la remettra dans le chargeur, et mettra l’arme en position sécurité…

Entrainement au tir au sein de la Tribu Al Thal, dans les plaines de Saada au Nord du Yémen...

Entrainement au tir au sein de la Tribu Al Thal, dans les plaines de Saada au Nord du Yémen...

Entrainement au tir au sein de la Tribu Al Thal, dans les plaines de Saada au Nord du Yémen...

Entrainement au tir au sein de la Tribu Al Thal, dans les plaines de Saada au Nord du Yémen...

50 US$ la Kalashnikov, 400 US$ le Bazooka, 10 US$ la grenade…

Le marchand d’armes ami d’Abdelaziz possède une demi-douzaine de gargotes en bois remplies d’armes en tout genre. Abdelaziz lui passe la commande du Cheikh. Son ami lui propose des fusils mitrailleurs israéliens. Il doit en recevoir une demi-douzaine sous une semaine. « Ce sont les meilleurs, et ils sont adaptés aux petites tailles », me dit Abdelaziz ! L’ami d’Abdelaziz nous invite ensuite à boire un thé à l’ombre de ses étalages. « Cinquante dollars la kalachnikov ! », le marchand me propose même dans une boutade de repartir avec un bon vieux bazooka russe à quatre cent dollars pièce ! Malgré leur prix bradé à dix dollars, les grenades elles, ne trouvent pas acheteur. « Elles ne sont faite que pour tuer ! », me dit un des gardes dans une grimace de dégoût... Le marchand fait également un peu de contrefaçon sur certains produits « exotiques ». Il me montre avec fierté la réplique d’un revolver français sortie de ses ateliers. Je lui dis amusé que le « Made in Firancia » gravé sur le revolver, ne pourra tromper que des yéménites !...

"Le marchand fait également un peu de contrefaçon. Il me montre avec fierté la réplique d’un revolver français. Je lui dis que le « Made in Firancia » ne pourra tromper que des yéménites !..."

"Le marchand fait également un peu de contrefaçon. Il me montre avec fierté la réplique d’un revolver français. Je lui dis que le « Made in Firancia » ne pourra tromper que des yéménites !..."

Personne ne paraît remarquer le crépitement des armes déchirant régulièrement le calme paisible du souk. « Ce sont des acheteurs qui essaient leurs kalachnikov en tirant des rafales en l’air » me dit le marchand. Sur la devanture d’une échoppe voisine, une inscription résonne comme un slogan publicitaire : « Le Prophète, que Dieu le bénisse, a dit : apprends à tes enfants à nager, à tirer et à monter à cheval »… Sur ces bonnes paroles, nous quittons le souk Al Tahl paré de ma jambiya, faisant enfin de moi un Yéménite digne de ce nom !

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Échoppes du Souk Al Thal, au Nord de Saada, le plus grand souk d'armes du Yémen...

Epilogue :

Le Cheikh Mohamed Hassan Manaa a été assassiné au début des années 2000, et j’ai pu assister au fil des années qui ont suivi, à l’affaiblissement de la tribu Al Thal, et de son influence sur la région du Nord du Yémen.

L’affaiblissement de la Tribu Al Thal, alliée de l’ancien président Saleh, a permis au conflit armé démarré en 2004 entre les rebelles Houthis et les troupes du gouvernement, de s’installer durablement dans la région de Saada.

Les rebelles Houthis sont une force de 15 000 guerriers environ, et sont des Zaydis qui revendiquent leur adhésion à la forme la plus pure de l’Islam Chi’ite.

Retranchés dans les montagnes du Nord autour de Saada, sur la frontière de l’Arabie Saoudite, les Houthis se battent pour apporter « la vraie voie » au Yémen, et restaurer l’autorité de l'Imam Zaydi renversé en 1962.

 Ce que l’on va appeler « la Guerre du Saada » va très vite se révéler comme étant un conflit international. L’armée de l’air saoudienne « sunnite » va se mettre à bombarder les zones rebelles Houthis. L’armée de l’air et la marine égyptienne « sunnite » vont transporter des munitions pour l’armée du Yémen avec les encouragements et le financement des Etats-Unis. Car les rebelles Houthis sont de leur côté armés et entraînés par l’Iran, qui veut s’offrir une place forte militaire qui débouche sur la frontière saoudienne au Nord, et contrôler le sud de la Péninsule Arabique.

Pour revenir à la tribu Al Tahl, au cœur du conflit, le fils cadet du Cheikh Mohamed Hassan Manaa, le Cheikh Hassan Manaa que je connais pour son sérieux, son courage et sa droiture, est naturellement nommé préfet de Saada en Avril 2009 par le président Saleh pour combattre les rebelles Houthis.

Dés lors, le destin semble s’acharner contre lui. Il échappe en quelques mois à plusieurs attentats durant lesquels des gardes de la tribu perdent la vie pour protéger celle du jeune Cheikh… Fin 2009, le palais du Cheikh où j’ai séjourné, est bombardé par erreur par des F16 de l’armée américaine… Et début 2010, le Cheikh Hassan Manaa est destitué de son poste par le président Saleh à cause de son frère ainé, le Cheikh Farés.

Le président du Yémén, furieux, n’a en effet pas accepté que le Cheikh Farés, le frère ainé du Cheikh Hassan, réputé comme étant le plus grand trafiquant d’armes du Yémen et l’un des plus important d’Afrique, se fasse « soi-disant » dérober l’équivalent de 20 camions d’armes par les rebelles Houthis dans ses dépôts du souk Al Thal.

Concours de tir avec le Cheikh Hassan Manna de la Tribu Al Thal, dans les montagnes de Saada, au Nord du Yémen.

Concours de tir avec le Cheikh Hassan Manna de la Tribu Al Thal, dans les montagnes de Saada, au Nord du Yémen.

Dans les semaines qui suivent, le Cheikh Farés, évadé de prison lors d’un convoyage vers Sanaa par les fidèles gardes de la Tribu Al Thal, retourne à Saada et s’auto-proclame Préfet de la Région. La Tribu Al Thal devient alliée des Houtis.

Et en Mars 2015, le conflit s'internationalise « officiellement » avec l'intervention d’une coalition menée par l'Arabie saoudite et comprenant une dizaine d'États afin d'éliminer les Houthis, soutenus par l'Iran.

Ainsi, l'Iran, axe chiite avec la Syrie, le Liban, l'Irak et le Yémen, s'affronte contre la Coalition arabe sunnite de l'Arabie Saoudite soutenue par d'autres pays arabes comme l'Egypte, le Koweït et les Emirats Arabes Unis.

Depuis, l’économie du Yémen sous blocus s'est effondrée. Seule la moitié des infrastructures de santé sont encore opérationnelles et plus de 80% de la population vit sous le seuil de la pauvreté (avril 2022). Et le pays est devenu un enfer pour 12 millions d'enfants. Entre mars 2015 et novembre 2022, plus de 11 000 enfants ont été tués ou gravement blessés et plus de 4 000 d'entre eux ont été enrôlés et instrumentalisés par les belligérants...

"C’est le jeune Cheikh Nasser de la Tribu Al thal, avec l’aide de son oncle lui tendant son bras comme support, qui brisera le premier, en seulement deux tentatives, la fine lame du couteau."

"C’est le jeune Cheikh Nasser de la Tribu Al thal, avec l’aide de son oncle lui tendant son bras comme support, qui brisera le premier, en seulement deux tentatives, la fine lame du couteau."

YEMEN – SAADA Region : In the heart of Souk AL THAL, the largest Weapons souk in Yemen.

First breakfast with the Al Thal tribe…

I wake up at dawn, right on time for my first breakfast at the palace of Sheikh Mohamed Hassan Manaa. Two housekeepers are busy setting up mats, water and bread, in the shade of the lemon trees.

As a guest of honor, I have the privilege of eating while squatting on the same tray as the Sheikh and his children. The guards, who have mostly slept under the stars, wrapped with their Kalashnikov in a blanket, have lunch fraternally in a second tray a few meters away...

We are in the Al thal Tribe, in the relatively sparsely populated province of Saada, stronghold of proud Yemeni tribes firmly clinging to their independence in the forbidden territories of Northern Yemen. A province of warriors where the power of the republican government of Yemen is certainly the weakest. But a province on which President Saleh relies to hold a border with Saudi Arabia which is not completely demarcated today.

Yemen, this “citizen” country so little and so poorly publicized…

Weapons, kidnapping, civil war, terrorist acts... this country, as big as France, and its sixteen million Bedouins, remain little and poorly publicized. And yet! Yemen first made a brief appearance in Western media in the early 1990s, to announce the Western-backed reunification of North Yemen and the People's Democratic Republic of South Yemen, the "first and only state". Marxist of the Arab world. This reunification, which went unnoticed at the time, was nevertheless accompanied by an exceptional and particularly current experience in the Arabian Peninsula: Democracy!

Two of the articles of the Yemeni Constitution adopted by the people during a referendum in May 1991, innocuous to us Westerners, offer an unprecedented example to the countries of this region of the world:

Article 4: “The people are the holder and source of power. It exercises it directly through referendums and general elections..."

Article 5: “The political regime of the Republic is based on political pluralism and multipartyism with a view to peaceful alternation in power. »

Beyond words, electoral participation rates in Yemen regularly exceed 70%, and demonstrate the high level of political consciousness of Yemenis, who fully assume their national responsibilities. The President at the time, Ali Abdullah Saleh, leader of Yemen for more than thirty years, was himself democratically elected. He was offered by France, very close to Yemen, a copy of Rude's Marseillaise for its political pluralism, its right to vote granted to women, and more generally its actions in favor of democracy...

Things got bad for Yemen during the first Gulf War. Yemen, advocating a policy of the Arab nation, was singled out for its pro-Iraqi position. This commitment, more political than military, led to the catastrophic expulsion of a million Yemenis from Saudi Arabia and other Arab countries opposed to Iraq. The direct cost of this forced repatriation, combined with the loss of foreign currency brought back to the country by these Yemeni emigrants, was estimated by the Yemeni government as equivalent to fifteen national budgets...

Another interesting event, which nevertheless went unnoticed, was the lightning civil war which broke out at the beginning of the summer of 94 in southern Yemen. This conflict, which was expected to end tearing the country apart, strengthened against all expectations the unity of Yemenis, tired of several decades of revolutions and conflicts of all kinds...

Since then, Yemen has regularly reappeared in Western newspapers, recounting pell-mell the “folkloric” kidnappings of tribal origin and without consequences which spice up the stays of tourists in search of adventure. And much more serious and in headlines, to report on the misdeeds of Islamist groups manipulated from outside the country.

Abdelaziz Arrives with Yemeni clothes… For me.

Abdelaziz, businessman and son-in-law of the Sheikh, arrives during breakfast with a chechia and a white djellaba folded under his arm. To my great surprise, the clothes are for me! I thank Abdelaziz and put the clothes in my shoulder bag, but the Yemeni immediately stops me. “It’s to get you dressed right away!” » he said to me, under the amused gaze of the Sheikh... The Bedouins of the northern tribes are proud of their traditions, and I can read in everyone's eyes the satisfaction of seeing myself dressed in local clothing. Just wearing these Yemeni clothes, a disguise in the eyes of a Westerner, helps break the ice between the guards and me. I am now completely integrated into the tribe... Well almost! Because Abdelaziz tells me that we will leave at the end of breakfast with a few guards and the Sheikh's children to the Al Tahl souk, in order to complete my outfit with the purchase of an essential jambyia. 

The Jambiya, the most typical object of South Arabia.

The jambiya is a large curved dagger which is worn on the stomach securely attached to a wide embroidered belt. Intended for ritual rather than combat, the jambiya is handed down from father to son and still determines today with the Kalashnikov, the social position and prestige of the Yemeni. When he travels abroad on tribal business, Abdelaziz naturally wears the suit and tie of a Western businessman. But once he returns to the tribe, Abdelaziz immediately puts his traditional outfit back on. “The jambiya is the Yemeni tie,” he said to me in an amused tone… If the Jambiya is traditionally worn in the middle of the stomach, it is customary among religious dignitaries to wear a long jambiya tucked on the side.

I notice that Sheikh Mohamed's Jambiya is encrusted with precious stones. The material of the handle of his jambiya is itself different from the others, more precious in appearance. When I ask the Sheikh what material it is made of, his young sons proudly tell me that their father's jambiya is worth more than twenty thousand dollars. And they mimic a strange animal with a horn on its nose. The most precious jambiya, like that of Sheikh Mohamed, have a handle made of rhinoceros horn, a feature which unfortunately places Yemen at the top of the countries endangering this endangered species. 

Dispute between Yemenis, confiscated Jambiyas…

Further on, under the awnings of the palace, Abdallâh, the tribal accountant, and Hassan, the brother of Sheikh Mohamed, begin to argue over a trifle. The tone rises between the two Bedouins without it being serious. With a nod from the Sheikh, Abdelaziz leaves our breakfast tray to join them. He takes their two jambiyas, and tells them that he will confiscate them until their point of contention is judged by Sheikh Mohamed. Everyone bursts out laughing, and the Sheikh smiles to see the two daggers given to him by his son-in-law... It is tradition in Yemen to seize the jambiyas of men in discord. This purely symbolic act, guaranteed that there will be no reprisals or acts of vendetta between them, until the judgment of their dispute...

Souk Al Thal, the largest weapons souk in Yemen…

Located a few kilometers from the palace, the Al Tahl souk is under the responsibility of Sheikh Mohamed Hassan Manaa, who ensures its security with his Bedouin faithful, in exchange for a percentage of the turnover of the merchants they protect. From 4x4 pick-ups to 16:9 TVs, everything is sold in the arteries of this extraordinary souk, and mainly contraband goods from Saudi Arabia, which attract Yemenis from the four corners of the country. But beyond the high-tech products and gleaming 4x4s from Saudi Arabia, the Al Tahl souk is above all renowned for its weapons souk, the largest in Yemen, where Kalashnikovs and grenades are sold on the shelves stalls, or in stalls for a few dollars over a Cha'i (tea).

The guards take me to the shop of the tribe’s “official jambiya supplier.” The Sheikh's Bedouins are busy choosing a dagger of the best quality for me. Some scrutinize the blades, their curvatures and their profiles. Others test their edges and the purity of the steel, by the noise they make when lightly tapping on it. Once the jambiya has been unanimously chosen by all the guards, the merchant takes my waist measurement and makes me a custom-made holster and wide belt. 

Weapons and kidnappings in Yemen, spectacular realities but without real danger...

I remember the first time I saw an “unsheathed” Jambya. It was during a hitchhiking session in the south of the country. Nasser at the wheel and Nagy his younger brother, were returning to Harib with their cargo of oranges purchased in Wadi Hadhramaut. Nasser, a pistol in his belt, and Nagy, a Kalashnikov placed on the dashboard, were part of the Jhim tribe near Ma'rib. This fierce tribe distinguished itself greatly in October 96, by kidnapping the same French diplomat in Sanaa on two successive occasions! For the tribe, it was a question of putting pressure on the government, in order to obtain financial aid promised following significant flooding in the region...

Our 4x4 skirted the coast of the Gulf of Aden in stifling heat, and like any good self-respecting Yemeni, Nagy at the wheel and Nasser his brother, wore a jambiya on their belts. Nagy asked me if I was thirsty. He then took his gleaming jambiya out of its brown leather sheath, picked up an empty plastic bottle at his feet, and cut it up to make a makeshift glass. I remember the image of the dagger cutting through the plastic like a razor blade! When I asked jokingly if he had ever used it against anyone, Nagy replied that he had drawn his jambiya once, during a fight with a man from his tribe who had disrespected him. He saw fit to add to my stunned look that the Bedouin in question was not dead. Which had saved him from having his hand cut off or worse, by the Sheikh of his tribe!

In the same vein, Nasser added that he had already had to fire a machine gun several times at Yemenis from rival tribes who had come to steal camels from him. But he did not know how to say in detail how many people he had injured or killed!... Kalashnikov and jambiya are not the only weapons that the two brothers possessed. They also had bazookas at home, and a pair of Ground-Air and Ground-Ground missiles. I only got a shrug and a smirk when I asked them what use these rockets could have had!... But Nagy and Nasser are not isolated cases in Yemen! In the over-armed provinces of the North, tribal leaders find themselves at the head of veritable armies, which they are able to raise from one day to the next if they deem it necessary...

Weapons in Yemen, four times more numerous than the population…

Yemen can pride itself on being the only “Republic” on the Arabian Peninsula, and on having a parliament which constitutes a real forum for debate. However, firearms in Yemen, which are four times more numerous than the population, are the result of ancestral traditions particularly anchored in the northern regions of the country. So the impact of the decisions of Yemeni parliamentarians in the armed regions of the North sometimes remains limited. Each tribe sits in parliament in proportion to the size of its population. And it happens in this context that heavily armed northern tribes, with little or no representation in parliament, enter into conflict or simply kidnap tourists to make their demands heard. However, these high-profile tourist kidnappings must be put into perspective, on the one hand because they remain exceptional, around fifteen hostage-takings per year. And on the other hand because they only add to the folklore of a country where hospitality is such that a released hostage, generally after a few days, has never really complained about his forced stay... 

Yemen, parasitized in spite of itself by small foreign terrorist groups...

However, we must distinguish the "folkloric" kidnappings of tribal origins and without consequences, from the events of the early 2000s which brought Yemen to the forefront of international terrorism... A page turns in December 1998, when a Islamist group, known as the “Aden-Abian army”, kidnaps sixteen vacationers. This is the first time that an Islamist group has kidnapped tourists in Yemen. Five members of the Islamist group hold British passports. And the local leader of the group, the son of Abu Hamza al-Masri, a fundamentalist Imam residing in Great Britain, takes his instructions directly from London by satellite telephone!

Accustomed in such cases to engaging in peaceful talks with the sheikhs of the tribes concerned, the Sanaa government this time does not want to negotiate under any circumstances with a terrorist group, which is being manipulated from the outside... Four tourists died during the assault on the Yemeni army, coldly executed on the orders of the local leader of the Islamist group. And despite the evidence accusing Imam Abu Hamza al-Masri of having ordered this terrorist act from his residence in London, Yemen will never obtain the extradition of the Islamist leader from the British powers...

It is still the same Islamist group known as the “Aden-Abian army” that we subsequently find at the origin of two much more publicized events. The boat bomb attack against the US Navy ship, the USS COLE in October 2000, which left 17 Americans dead and 37 injured in the port of Aden... And the one in the same circumstances, against the French oil tanker Lindbergh, off the coast of the port of Al Mukalla in October 2002. Note at the time of writing these lines, that the fundamentalist Imam Abu Hamza al-Masri, has been imprisoned in London since May 2004 for "appeal murder and incitement to racial hatred. That American justice has requested his extradition in the context of the deadly hostage-taking described above, and that this extradition is only awaiting the fire of the European Human Rights Office... To be continued!

Self-serving aid from the United States, and the difficult management after “September 11”…

Before 2000, these small terrorist groups manipulated from the outside simply cast doubt on the government's ability to control its internal security. Since the USS COLE and the events of September 11, these terrorist groups claiming to be Al-Qaeda have taken on a whole new dimension! So that President Ali Abdullah Saleh was led to sign cooperation agreements for the fight against terrorism with the United States…

During the “Bush years”, the Falcons regularly blew hot and cold about their cooperation with Yemen. They expressed their “deep gratitude to Mr. Saleh for his determination to eradicate the presence of Al-Qaeda in Yemen” (Vice-President Dick Chenay). George Bush had even “affirmed the desire of the United States to grant all aid to Yemen in the field of security, and to encourage donor countries to provide Sanaa with all (financial) assistance to help it in its economic projects and development and in its fight against terrorism”… And at the same time, American officials called for “maintaining pressure on dubious countries that pretend to cooperate, as is the case with Yemen! » (Secretary of State, Paul Wolfowitz)…

According to the French Senate website, these ambiguous comments from American officials were intended to put pressure on the Yemeni authorities, in order to grant themselves the widest possible margins of maneuver in their search for Al-Qaeda...

For their part, the majority of Yemeni Sheikhs naturally took a dim view of American interference in their territories. When I asked why the USS COLE, an American warship, had chosen Aden in the middle of the Middle East crisis to resupply when Djibouti is barely two hundred and fifty kilometers away, the Sheikhs replied with a smile "that it was also there, in the most strategic place to control the oil outlets of the Red Sea and the Arab-Persian Gulf...".

As for the military, economic and political aid they grant to Sanaa, it is said among the Sheikhs that the United States hopes in return to acquire the small island of Socotra, four hundred kilometers from the Yemeni coast. This island, away from potentially hostile Arab populations, would be ideal for installing a US naval air base of the Diego Garcia type in the Indian Ocean. By acquiring this island, also coveted by Russia and China, the United States would complete its military presence in this strategic region on the global oil scene. And they would follow in the footsteps of the British Empire which, during its colonial glory, had made Aden one of the keystones of its control of the world's seas...

American aid is in any case very cumbersome for President Ali Abdullah Saleh, who counts above all on his friends among the local Sheikhs to maintain the rule of law in his country.

Thus, before going to Saada, Sheikh Mohamed was invited to spend two long hours in the residence of President Saleh near Sanaa. They discussed the tense geopolitical situation in the north of the country with Saudi Arabia. The latter would claim territories beyond the Yemeni border, with the objective of the oil resources they abound... 

Abdelaziz orders Israeli machine guns for the Sheikh’s children…

Abdelaziz joined us. A wedding will soon be celebrated in the tribe, and the Sheikh has asked him to order four quality machine guns for his youngest children. In other words, no simple Kalashnikovs! Abdelaziz offers to accompany him to one of his friends, a weapons dealer. On the way, I ask him to stop at a “change office”. In other words, a Bedouin sitting cross-legged very dignified on a carpet, a Kalashnikov placed ostensibly at his side, and wads of banknotes piled up everywhere in front of him. I present a hundred dollar bill and the Yemeni gives me two big wads of eighty hundred riyal bills. I reflexively start to count the tickets, but Abdelaziz immediately stops me. I have just clumsily offended his friend who tells me I can be assured of the account! I apologize to the Yemeni who is smiling again.

As we walk through the seemingly peaceful souk, the armed guards do not leave the Sheikh's children in one step. These particularly devoted Bedouins would give their lives for the Sheikh and his family. Mostly from the region, they are young, around twenty years old on average, but like Nagy and Nasser, have the nerves of steel to be twice as old! The Sheikh's guards are warriors, very proud of their traditions. And some will remain relatively distant with me, until I agree to participate in an arm wrestling and Kalashnikov shooting competition, subtly organized to put me to the test.

The young Sheikh Nasser, a martial warrior in the body of a child...

The Sheikh's children are amazing themselves. It is the young Sheikh Nasser who will bring me back from the Souk. Before returning to the Palace, the young Sheikh, barely ten years old, driving the large 4x4 pick-up standing on the pedals, will take us to an agricultural property annexed to the palace. We will pick some cucumbers and pomegranate, and have tea in the middle of the desert. Once we are full, one of the guards will stick a small kitchen knife in there about thirty meters away, to train us in shooting...

It was the young Sheikh Nasser, with the help of his uncle holding out his arm for support, who was the first to break the thin blade of the knife in just two attempts. I will remain amazed at the skill, and above all the rigor of the child, who before giving the Kalashnikov back to the guard, will diligently remove the bullet engaged in the breech, put it back in the magazine, and put the weapon in the safety position …

50 US$ for Kalashnikov, 400 US$ for Bazooka, 10 US$ for grenade.

The arms dealer friend of Abdelaziz has half a dozen wooden stalls filled with weapons of all kinds. Abdelaziz gives him the order of the Sheikh. His friend offers him Israeli machine guns. He should receive half a dozen within a week. “They are the best, and they are suitable for small sizes,” Abdelaziz tells me! Abdelaziz’s friend then invites us to drink tea in the shade of his stalls. “Fifty dollars per Kalashnikov!” ", the merchant even offers me as a joke to leave with a good old Russian bazooka at four hundred dollars each! Despite their low price of ten dollars, the pomegranates do not find a buyer. “They are only made to kill!” ", said one of the guards to me with a grimace of disgust... The merchant also does a bit of counterfeiting on certain "exotic" products. He proudly shows me the replica of a French revolver that came from his workshops. I told him amused that the “Made in Firancia” engraved on the revolver could only fool Yemenis!...

No one seems to notice the crackle of weapons regularly tearing up the peaceful calm of the souk. “These are buyers who test their Kalashnikovs by firing bursts into the air,” the merchant told me. On the front of a nearby shop, an inscription resonates like an advertising slogan: “The Prophet, God bless him, said: teach your children to swim, shoot and ride horses”… With these good words, we leave the Al Tahl souk adorned with my jambiya, finally making me a Yemeni worthy of the name!

EPILOGUE:

Sheikh Mohamed Hassan Manaa was assassinated in the early 2000s, and over the years that followed, I was able to witness the weakening of the Al Thal tribe and its influence on the northern region of Yemen.

The weakening of the Al Thal Tribe, an ally of former President Saleh, allowed the armed conflict that began in 2004 between the Houthi rebels and government troops to take hold in the Saada region.

The Houthi rebels are a force of approximately 15,000 warriors, and are Zaydis who claim adherence to the purest form of Shi'ite Islam.

Entrenched in the northern mountains around Saada, on the border with Saudi Arabia, the Houthis are fighting to bring “the true way” to Yemen, and restore the authority of Imam Zaydi overthrown in 1962.

What we will call “the Saada War” will very quickly reveal itself as an international conflict. The “Sunni” Saudi air force will begin bombing Houthi rebel areas. The “Sunni” Egyptian air force and navy will transport munitions for the Yemeni army with encouragement and funding from the United States. Because the Houthi rebels are for their part armed and trained by Iran, which wants to create a military stronghold leading to the Saudi border in the north, and to control the south of the Arabian Peninsula.

To return to the Al Tahl tribe, at the heart of the conflict, the youngest son of Sheikh Mohamed Hassan Manaa, Sheikh Hassan Manaa whom I know for his seriousness, his courage and his righteousness, was naturally appointed prefect of Saada in April 2009 by the President Saleh to fight the Houthi rebels.

From then on, destiny seems to be against him. In a few months he escaped several attacks during which guards of the tribe lost their lives to protect that of the young Sheikh... At the end of 2009, the Sheikh's palace where I stayed was bombed by mistake by F16s of the American army ... And at the beginning of 2010, Sheikh Hassan Manaa was dismissed from his post by President Saleh because of his older brother, Sheikh Farés.

The furious President of Yemen did not accept that Sheikh Farés, the elder brother of Sheikh Hassan, renowned as being the largest arms trafficker in Yemen and one of the most important in Africa, “supposedly” had the equivalent of 20 trucks of weapons stolen by the Houthi rebels from its depots in Souk Al Thal.

In the weeks that followed, Sheikh Farés, escaped from prison during a transport to Sanaa by the loyal guards of the Al Thal Tribe, returned to Saada and proclaimed himself Prefect of the Region. The Al Thal Tribe becomes an ally of the Houtis.

And in March 2015, the conflict “officially” internationalized with the intervention of a coalition led by Saudi Arabia and including around ten states in order to eliminate the Houthis, supported by Iran.

Thus, Iran, the Shiite axis with Syria, Lebanon, Iraq and Yemen, clashes against the Sunni Arab Coalition of Saudi Arabia supported by other Arab countries such as Egypt, Kuwait and the United Arab Emirates.

Since then, Yemen's economy under blockade has collapsed. Only half of the health infrastructure is still operational and more than 80% of the population lives below the poverty line (April 2022). And the country has become hell for 12 million children. Between March 2015 and November 2022, more than 11,000 children were killed or seriously injured and more than 4,000 of them were recruited and used by the belligerents...

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