On the banks of the Niger River - Stopover in Mopti, the Venice of Mali

English translation at the end of the article.

Sur les bords du Fleuve Niger - Escale à Mopti, la Venise du Mali
Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Quel dépaysement, après une journée de bus à travers le Mali, de débarquer à la tombée de la nuit à la Gare routière de Mopti… Nous sommes à 700 km au Nord de Bamako. Un siècle de décalage horaire avec l’occident. Un millénaire lorsque l’on traverse le fleuve Niger pour atteindre la petite ile de Bozo.

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Isabelle et moi sommes assaillis de toutes parts à la sortie du car par des grappes de mains levées offrant leurs services de taxis, d’hôtels, de restaurants, et de guides « assermentés » pour visiter le pays Dogon. De sourires désolés en poignées de main compatissantes, nous nous excusons de ne pas faire appel leur aide, et parvenons à nous extraire de l’enclos de terre battue faisant office gare routière, pour rejoindre le carrefour principal de la ville…

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Pourquoi avoir choisi le Mali ?

C’est l’histoire d’une insomnie et d’une émission TV de voyage au milieu de la nuit pour chasser les idées noires : Un jeune aventurier a traversé l’Afrique de l’Ouest en mobylette. Des photos magnifiques et autant d’anecdotes succulentes. Et le journaliste qui l’interroge : « Après votre périple, dans quel pays retourneriez-vous pour passer vos vacances ? », « Le Mali. Sans hésiter ! Pour l’hospitalité et la gentillesse des gens… Et puis pour visiter le pays Dogon !!! », répond le jeune aventurier.

Le Village de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Village de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Tout était dit ! Et je m’empressai dès le lendemain matin de convaincre Isa de me suivre dans cette nouvelle aventure.

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Mopti, baptisée la Venise du Mali, est un centre commercial portuaire important situé au Nord du Pays au confluent du Niger, appelé localement « Joliba », et de son affluent le Bani.

La ville a été construite sur une butte et devient une presque-île lors de la saison des pluies, d’où son surnom.

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Mopti est fondée au 19ème siècle par les premiers habitants du Mali, des pêcheurs Bozos, qui lui donne alors le nom visionnaire de « Sangha », qui signifie « lieu de rassemblement ».

Forte de 130 000 habitants, Mopti est aujourd’hui comme tous les ports du monde, une ville très cosmopolite. Un carrefour ethnique où se croisent de multiples ethnies : Des Bambaras et des pêcheurs Bozos à la peau très noire et aux scarifications sur les pommettes. Des pasteurs Peul aux chapeaux coniques, à la peau caramel, avec une teinture bleue autour des lèvres et des scarifications sur les tempes. Et des Touareg au regard ardent, à la peau cuivrée recouverte de foulards bleu indigo…

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Mais ce qui nous amène précisément à Mopti, c’est la volonté de découvrir le pays Dogon, un sanctuaire naturel et culturel classé par l’UNESCO, que je vous ferai humblement découvrir dans un prochain reportage.

Mopti est la base arrière idéale pour organiser une excursion en Pays Dogon. Nous avons prévu de passer par l’agence de Voyage Diatigui travel, dont le responsable, Assou Djitteye, ne laisse partout que de bons échos…

Le Village de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Village de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Village de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Village de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Nous avons réussi à rejoindre le carrefour principal de Mopti. La nuit commence à tomber. C’est « le petit soir » comme l’on dit ici… Un jeune chauffeur de taxi m’interpelle et nous montons aussitôt dans sa vielle Renault 12 jaune.

« Où allez-vous ? ». « A l’hôtel Doux Rêve, au bout du Goudron » (comprendre « au bout de la route goudronnée »). Le jeune chauffeur de taxi semble connaitre, je suis rassuré... Des voyageurs rencontrés à Segou m’ont expliqué que les taxis peuvent nous déposer au pied de l’hôtel, mais le simple fait de traverser les 500m de terrain vague en Taxi du bout de la route goudronnée, double le prix de la course…

A l'entrée de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

A l'entrée de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

L'arrêt de bus de la gare routière de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

L'arrêt de bus de la gare routière de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Au moment de fermer les portes de la R12, une demi-douzaine de personnes monte à l’avant et à l’arrière du taxi avec nous… Extraordinaire !

Le chauffeur tourne la clé de contact. La voiture ne démarre pas. Panne sèche ! Le chauffeur sort de la voiture pour aller à la « station-service du carrefour ». L’endroit n’est en fait qu’un étalage de fortune où un malien vend de l’essence au litre dans de vieilles bouteilles de rhum… Effarant !!

Le chauffeur revient avec sa bouteille, ouvre le capot et verse l’essence à l’avant ?! Je m’extirpe de la voiture pour comprendre ?! Le chauffeur m’explique que sa pompe à carburant est morte, et qu’il remplit son bocal de lave glace qu’il a relié à ses carburateurs… Hallucinant !!!

Devant l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Devant l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Coucher de soleil du haut de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Coucher de soleil du haut de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Personne ne paye le chauffeur de taxi bondé à mesure que nous descendons et montons des passagers. Nous avons en définitive réglé la course pour tout le monde. C’est à la fois amusant et plutôt sympathique.

D’autant qu’au passage, tout le monde se salue à la mode malienne par des rafales de « ça va ? » et de « merci » : « Comment ça va ? Et la famille ça va ? Et les amis ça va ? Et la santé ça va ? Et la maison, ça va ?... ».

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le chauffeur conduit quasiment debout la tête par la fenêtre, et pour cause ! Le pare-brise est tellement rayé que nous sommes aveuglés à chaque fois que nous croisons les phares d’un véhicule. J’ai rarement été aussi dépaysé en voyage, et arrive à cours de superlatifs…

Isabelle ne dit rien. Elle n’a pas dit un mot depuis que nous sommes descendus du bus. Elle a littéralement « débranché »…

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Les Danseurs de l'Hôtel Doux Rêves de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Mali... Quel pays déroutant. Quelle terre de contraste...

Pour venir jusqu’à Mopti, nous avons traversés des villages vidés, désertés. Les jeunes sont partis, lassé de « cultiver la misère » comme disent les anciens. Quelques rares sont arrivées en France. Les autres se sont perdus sur en chemin, ruinés par les passeurs ou ghettoïsés dans le « piège libyen » (revoir l’excellent reportage du même nom sur Arte), ou ont perdu la vie en mer sur des embarcations de fortune…

Le Carrefour principal de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Carrefour principal de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

La station service "au litre" de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

La station service "au litre" de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Quel grand écart entre le Mali, pays parmi les pays les plus pauvres de la planète, et le rayonnement de ses habitants, hommes et femmes au port altier, descendants des plus grands royaumes et empires africains…

« Isabelle ! », « Yves ! »… Je m’étonnerai à chaque fois au Mali, à l’appel à l’entrée des bus, que l’on nous appelle par nos prénoms. Nous apprendrons que c’est l’usage car tout le monde ou presque au Mali, porte les mêmes noms de famille : Keita, l’invincible guerrier qui fonda l’empire du Mali, Traouré, un de ses plus célèbres et farouches généraux, ou Touré !

A bord d'un taxi de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

A bord d'un taxi de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Je suis également surpris par la personnalité écrasante des maliens. Chaque malien rencontré est un concentré de vie pure. Il faut rayonner autant qu’eux pour ne pas être submergé par leur énergie. Je reste à chaque fois admiratif devant les enfants maliens qui parlent le français mieux que nous, avec une soif de culture et une intelligence de vie qui force l’humilité. Quelle Injustice comparé à nos jeunesses occidentales…

Je me rappelle une rencontre amusante à la sortie de notre hôtel à Ségou, avec un jeune garçon de 8 ans à peine, qui nous avait séduit par sa répartie et sa pugnacité :

L’enfant : Bonjour Madame, vos chaussures paraissent bien sales ?

Isa : Bonjour, comment t’appelles-tu ?

L’enfant : Monsieur Pas-cher !

Isa : Ah bon ? (amusée)

L’enfant : Et vous savez pourquoi je m’appelle Monsieur Pas-cher ?

Isa : Parce tu peux cirer nos chaussures pour pas cher ?

L’enfant : C’est présentement cela, Madame !

Isabelle répond à l’enfant qu’elle n’est pas intéressée, d'autant plus que ses baskets sont en toile ! Mais l’enfant, très filou, nous suit et la relance avec insistance,

Isa : Et dis-moi jeune homme. Sais tu sais comment je m’appelle ?

L’enfant : Non, Madame ?

Isa : Eh bien je m’appelle Madame Tranquille.

L’enfant fronce les sourcils,

Isa : Et qu’est-ce qu’elle veut madame Tranquille ?

L’enfant : Elle veut être tranquille ?

Isa : C’est ça, elle veut être tranquille…

L’enfant, interloqué, disparaît en deux coups de pédales de vélo dans le labyrinthe de maisons rases du village... Isabelle est désolée d’avoir rejeté le jeune garçon… Mais nous recroisons heureusement l’enfant à vélo 10 minutes plus tard aux abords du marché. Isabelle est ravie,

L’enfant : Bonjour Madame, maintenant vos chaussures sont assurément très sales. Elles mériteraient vraiment d’être cirées !

Isa : Mais ça n’est pas croyable. Tu es partout toi ?! (dans un sourire)

L’enfant : Et oui. Parce que je suis Monsieur « Partout ».

Nous éclatons tous de rire et allons acheter des stylos et des cahiers pour le jeune garçon, et ses frères et sœurs…

Plutôt que de ramener des fournitures de France, je vous invite à les acheter sur place. Non seulement vous ferez des heureux mais vous ferez un petit peu vivre le commerce local…

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Il fait nuit. Le taxi nous dépose au « bout du goudron ». Nous prenons nos sacs et traversons le terrain vague jusqu’à l’hôtel doux rêves. Des familles vivent dans des huttes de terre face à l’entrée. Un groupe de danseurs africain fait l’animation dans le hall vide. Nous décompressons de la journée de trajet autour d’un verre et d’un bol de riz au son envoutant des tam-tam.

Isabelle réserve une chambre. Nous sommes les seuls étrangers occidentaux dans l’hôtel. Avec les signes récents de rébellion Touareg, les touristes se détournent de plus en plus de cette région reculée du Mali.

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

L'étal de poissons séchés du Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali, "une épreuve olfactive !!!

L'étal de poissons séchés du Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali, "une épreuve olfactive !!!

L'étal de poissons séchés du Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali, "une épreuve olfactive !!!

L'étal de poissons séchés du Marché de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali, "une épreuve olfactive !!!

La présence de deux touristes occidentaux à l’hôtel doux rêves a fait le tour de la place. Nous sommes assaillis au petit déjeuner par des jeunes maliens qui nous proposent des excursions en pays Dogons, en nous présentant des photocopies illisibles de leurs soi-disant diplômes de guides assermentés.

Nous les écartons avec courtoisie et prenons la route de Mopti afin d’organiser pour plus de sureté notre excursion auprès de l’agence de Voyage Diatigui Travel …

Traversée du Fleuve à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Traversée du Fleuve à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Traversée du Fleuve avec Isabelle à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Traversée du Fleuve avec Isabelle à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Nous prenons la route du marché très animé de Mopti. Je viens de réserver notre excursion pour le lendemain auprès de l’agence, un petit bureau décoré de posters du pays dogon au fond d’une maison de torchis, après avoir passé deux heures à la seule banque de Mopti pour retirer de l’argent liquide.

Il n’y a pas de distributeur de billet à Mopti. Et il faut prendre son mal en patience dans un vieux bâtiment en ruine à l’architecture coloniale, jusqu’à ce qu’une dame en boubou vous emmène dans un bureau, prendre l’empreinte de votre CB, et signer un immense grimoire sorti d’un film de Harry Potter.

Et comme par un triste tour de magie, je ne serai jamais débité sur mon compte des 300 € retirés en francs CFA de la banque pittoresque de Mopti…

Traversée du Fleuve à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Traversée du Fleuve à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Nous sommes Mercredi, veille de « grand » marché. Des familles entières de commerçants, d'éleveurs et d'agriculteurs, ne cessent d’accoster et de débarquer des pirogues au port de Mopti, laissant à chaque fois quelques nouveaux immigrés de plus.

Le marché de Mopti est l'un des plus grands de la région. Nous y rencontrons des cultivateurs dogons, des pêcheurs bozos, et des éleveurs peuls, venus y vendre le fruit de leurs récoltes, de leurs pêches et quelques bêtes. C’est un lieu vivant et animé aux milles senteurs parfois ténues, où se rencontrent les piroguiers venus du Sud, et les Chameliers Touareg venus du Nord. Les Touaregs viennent vendre leur artisanat, et y échanger des plaques de sel nécessaire à la survie des bêtes et des hommes en milieu désertique.

Les barres de sel s’échangent non plus contre de l’or, comme à la grande époque du commerce transsaharien, mais contre des denrées alimentaires. Nous restons à l’arrêt devant des étals de peaux de serpents, et de crânes de mulets aux mille vertus curatives. Et nous sommes littéralement saisis par l’odeur des étals de poisson séché de Mopti, voués à être exportés dans toute l’Afrique de l’ouest.

A Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

A Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

A Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

A Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Nous quittons le tumulte du marché pour rejoindre un grand chantier naval de pirogues et de pinasses, d’où nous pourrons négocier la traversée pour rejoindre les petits villages de pêcheurs Bozo.

Sous le grand hangar du chantier naval, des artisans au ralenti, attachent dans la fournaise de longues planches tortueuses de façon tellement archaïque que l'on a du mal à s'imaginer qu’ils fabriquent une de ces majestueuses pirogues effilées et colorées qui filent sur le fleuve…

Traversée du Fleuve à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Traversée du Fleuve à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

De l’autre côté du fleuve Niger, les villages bozo, à l’écart du temps, nous offrent un condensé de l'Afrique : des grappes d'enfants agrippées à nos doigts, des maisons rases aux murs de torchis, des femmes aux silhouettes félines et aux seins nus lavant le linge de la famille au bord du fleuve, et d’autres portant de manière altière de lourdes charges sur leur tête. De jeunes enfants culs nus aux sourires de perles blanches jouant dans l'eau. Des pêcheurs dénouant leurs filets. Une femme pilant des graines de mil dans sa calebasse, tandis qu’une autre trie les poissons fraichement pêchés…

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le soleil commence à se coucher sur le Port de Mopti. Nous restons assis à contempler la vie s’organiser autour de nous. Isabelle et moi sommes les seuls « toubab » (blancs) aux milieux des familles préparant leurs étals de marchandises pour le lendemain, ou organisant le repas du soir à bord de leur pirogue.

Je me sens l’âme d’un grand explorateur, perdu sur une terre lointaine, en dehors du temps. De tout jeunes enfants s’amusent à se faire peur avec Isabelle. Isa se cache le visage, les enfants approchent doucement, et Isabelle se lève brusquement pour les pourchasser en poussant des cris de sorcière.

Les enfants s’enfuient apeurés en criant « Toubab, Toubab » sous le regard amusé de leurs parents, et reviennent aussitôt quand Isa se rassoit et se cache le visage pour recommencer de plus belle…

Quel moment incroyablement délicieux. Je vis l’un des moments les plus dépaysant de ma vie de voyageur, et j’ai la chance de le partager avec la femme de ma vie…

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

La nuit est tombée. Nous buvons un verre au Bozo Bar, au bout du port. Nous sommes seuls dans ce lieu touristique pourtant renommé. L’endroit vide de monde, comme à l’hôtel doux rêves, nous rappelle qu’il n’est plus de bon ton de jouer les touristes « toubabs » dans la région.

C’est notre dernière soirée à Mopti avant de partir demain pour le pays Dogon. Je reste en alerte sans pour autant inquiéter Isabelle. Nous regardons au loin les silhouettes des maliens se laver dans le fleuve Niger. Parmi eux, un Touareg termine ses ablutions et sa prière du soir, et vient vers nous en réajustant son long turban. L’homme Bleu qui a fait 10 jours de chameau pour arriver à Tombouctou, et quelques jours de barques pour rejoindre Mopti, a fait tout ce trajet pour vendre un magnifique sabre quelques euros.

Nous l’invitons à boire un thé. Je lui explique désolé que nous partons le lendemain pour le pays Dogon et que je ne peux m’encombrer de l’objet aussi magnifique soit-il. Je m’en mords les doigts encore aujourd’hui…

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Entre deux thés, l’homme bleu nous raconte son périple pour venir jusqu’à Mopti, la vie dans sa tribu des sables… Magique !

Puis rattrapé par l’actualité, nous échangeons sur la condition des Touaregs, et les tensions croissantes dans la région… Nettement moins féérique…

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Villages Bozos à Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Nous quittons l’homme bleu l’esprit inquiet sur l’avenir de la région. Et prenons le chemin de l’hôtel Doux Rêves sous une pléiade d’étoiles, guidés par les lampes à huiles des pirogues et les feux de camps parsemant le port de Mopti.

A mesure que nous nous éloignons du port, nous abandonnons la Venise de Mali et nous projetons déjà en rêve en pays Dogon. Mais ça, c’est une autre histoire…

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali... J'adore l'air déconcerté d'Isa, expression d'un mélange de fatigue et de dépaysement TOTAL !

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali... J'adore l'air déconcerté d'Isa, expression d'un mélange de fatigue et de dépaysement TOTAL !

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

EPILOGUE :

Attristé par ce qui se passe dans la région, je souhaitais exprimer au travers de cet humble hommage à Mopti, toute la tendresse que je porte au Mali et à ses habitants.

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Mopti n’est malheureusement plus aujourd’hui le carrefour touristique d'antan, où l’on flânait avant un baroud en pays dogon.

Comme tous les hôtels de la région, l’hôtel «Doux Rêves», où nous avons séjourné et qui employait de nombreux maliens, est déserté, fermé.

Mopti est aujourd’hui une ville touristique sans touristes, une ville morte. Une ville désertée par ses habitants les plus fortunés, qui ont eu les moyens d’aller rechercher plus de sécurité au Sud. Une ville à moins de 100km des premières zones de conflit. Une ville qui accueille par dizaines de milliers les réfugiés du Nord, des Chrétiens, des enseignants, des familles entières apeurées par la guerre civile.

Mopti est et restera certainement à tout jamais une ville charnière entre le Sud, et le Nord ensablé du Mali, lieu de conflit ambigu entre Touareg indépendantistes, Mouvements Islamistes en tous genres, et armées de coalition africaines et internationales.

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Un lieu de conflit ambigu avec une coalition africaine incapable de luter seule contre les touaregs et les islamistes. « Le Bambara ne va jamais sur le sable » dit un proverbe Touareg.

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Avec des ennemis nombreux :

Aqmi, al qaïda au Maghreb islamique, descendant du GIA Algérien puis du GSPC, arabes à la peau claire, souvent algérien d’origine, qui tenaient notamment Tombouctou la capitale du Nord Mali.

Le MUJAO, son excroissance mafieuse, spécialisé dans le narcotrafic et l’islamisme radical, chez les commerçants arabes et noirs de Gao.

Le MNLA des indépendantistes touaregs, anciennement le MNA gonflé par 2000 touaregs aguerris et armés jusqu’aux dents des anciennes armées de Kadhafi qui ont rejoint désœuvrés le MNA à la chute du régime de Tripoli.

Et Ansar Dine, un mouvement touareg indépendantiste qui communique pas ou peu, avec des factions plus ou moins radicales, qui dit se battre pour le développement, l’autonomie et la sécurité du peuple touareg. Un mouvement qui grossit à mesure que les forces du MNLA qui connaissent peu le terrain, viennent grossir ses rangs à chaque action militaire emportée par Ansar Dine.

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Face à tous ces dangers islamistes, je souhaitais également saluer un homme dont j’ai lu les exploits patriotiques : Ibrahim Maiga Songoï de 41 ans, ancien adjudant de la gendarmerie de Tombouctou.

Un homme qui a vu l’invasion de Tombouctou par des 4x4 chevauchés de mitrailleuses lourdes, et qui a défendu plusieurs heures sa gendarmerie jusqu’à l’épuisement de ses munitions. Un homme qui s’est terré une semaine, qui a passé les barrages des islamistes déguisé en colporteur, et a rejoint la frontière Nigérienne à pied…

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Après une escale à Bamako, Ibrahim Maiga est revenu à Mopti pour défendre la ville et aider à la reconquête du Nord, à la tête d’une milice d’autodéfense appelée « Ganda Izo » (les Fils du terroir). Des miliciens patriotes qui ne touchent pas de solde et dont « la gamelle » se résume le plus souvent à une bouillie de riz. Une armée de 1300 va-nu-pieds, au sens propre comme au sens figuré, armé de kalachnikovs hors d’état.

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Le Port de Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Avec une armée régulière quasi absente, Ibrahim Maiga et ses miliciens ont été plusieurs mois la dernière défense du Mali face aux vagues « islamistes », jusqu’à l’arrivée des armées de coalition africaine et française.

Etant lui-même musulman, Ibrahim Maiga disait en Octobre 2012 pour ne pas se tromper de combat, je le cite : « Nous ne laisserons pas une nouvelle fois les Arabes et les Touaregs faire de nous leurs esclaves. L’islam dont se réclament ces bandits n’est qu’un camouflage… ».

Et comme un appel qu’il lançait à la France : « Nous nous concentrons sur des missions d’infiltration. Personne ne connaît mieux le Nord que nous. Nous pouvons être les yeux et les oreilles de l’aviation française… ».

L’appel de Ibrahim Maiga a été entendu, et son aide lors de la reconquête de Nord a certainement été très précieuse aux forces Françaises de l’opération Barkhane.

Une opération, dont les but tels qu'exprimés par le président français, François Hollande, le 15 janvier 2013 étaient d'arrêter l'avancée en direction de Bamako des forces djihadistes, de sécuriser la capitale du Mali et de permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale. Et plus officieusement de protéger nos intérêts énergétiques stratégiques et les mines d’uranium de la région.

Une opération qui a pris fin 9 ans plus tard, avec le démantèlement des bases françaises démarré à cause de l'instabilité politique à Bamako – deux coups d'Etat en moins de douze mois – et qui s'est accéléré à partir de fin 2021 en raison de la collaboration de plus en plus active du régime malien avec le groupe paramilitaire Wagner, proche du pouvoir russe… A suivre…

A Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

A Mopti, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Au port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

Au port de Segou, sur les bords du Fleuve Niger au Mali...

On the banks of the Niger River - Stopover in Mopti, the Venice of Mali

What a change of scenery, after a day on the bus through Mali, to disembark at nightfall at the Mopti bus station... We are 700 km north of Bamako. A century of time difference with the West. A millennium when we cross the Niger River to reach the small island of Bozo.

Isabelle and I are assailed from all sides as we exit the bus by clusters of raised hands offering their services as taxis, hotels, restaurants, and “sworn” guides to visit the Dogon country. From apologetic smiles to compassionate handshakes, we apologize for not calling on their help, and manage to extract ourselves from the dirt enclosure serving as a bus station, to reach the main crossroads of the city...

Why did we choose Mali?

It’s the story of insomnia and a travel TV show in the middle of the night to chase away dark thoughts: A young adventurer crossed West Africa on a moped. Magnificent photos and so many delicious anecdotes. And the journalist who questions him: “After your trip, which country would you return to spend your vacation? ", " The Mali. Without hesitation ! For the hospitality and kindness of the people… And then to visit the Dogon country!!! », replies the young adventurer.

Everything was said! And I hurried the next morning to convince Isa to follow me in this new adventure.

Mopti, called the Venice of Mali, is an important port commercial center located in the north of the country at the confluence of the Niger, locally called “Joliba”, and its tributary the Bani.

The city was built on a hillock and becomes an almost-island during the rainy season, hence its nickname.

Mopti was founded in the 19th century by the first inhabitants of Mali, Bozo fishermen, who then gave it the visionary name “Sangha”, which means “gathering place”.

With 130,000 inhabitants, Mopti is today, like all ports in the world, a very cosmopolitan city. An ethnic crossroads where multiple ethnic groups meet: Bambaras and Bozo fishermen with very black skin and scars on their cheekbones. Fulani pastors with conical hats, caramel skin, blue dye around their lips and scars on their temples. And the Touareg with fiery eyes, coppery skin covered in indigo blue scarves…

But what brings us precisely to Mopti is the desire to discover the Dogon country, a natural and cultural sanctuary classified by UNESCO, which I will humbly introduce to you in a future report.

Mopti is the ideal base for organizing an excursion in the Dogon Country. We planned to go through the travel agency Diatigui travel, whose manager, Assou Djitteye, leaves only good feedback everywhere...

We managed to reach the main crossroads of Mopti. The night begins to fall. It’s “the early evening” as they say here… A young taxi driver calls out to me and we immediately get into his old yellow Renault 12.

" Where are you going ? ". “At the Doux Rêve hotel, at the end of the tarmac” (understand “at the end of the tarmac road”). The young taxi driver seems to know, I am reassured... Travelers met in Segou explained to me that taxis can drop us off at the foot of the hotel, but the simple fact of crossing the 500m of wasteland by taxi from end of the tarmac road, doubles the price of the ride…

As we close the doors of the R12, half a dozen people climb into the front and back of the taxi with us... Extraordinary!

The driver turns the ignition key. The car won't start. Of fuel ! The driver gets out of the car to go to the “crossroads gas station”. The place is in fact just a makeshift stall where a Malian sells gasoline by the liter in old rum bottles... Amazing!!

The driver comes back with his bottle, opens the hood and pours the gasoline in the front?! I get out of the car to understand?! The driver explains to me that his fuel pump is dead, and that he is filling his windshield washer bottle with gasoline, which he has connected to his carburetors... Amazing!!!

No one pays the crowded taxi driver as we get off and on passengers. We ultimately settled the race for everyone. It's both fun and quite nice.

Especially since, along the way, everyone greets each other in Malian fashion with bursts of “are you okay?” » and “thank you”: “How are you?” And how is the family ? And how are your friends? And how is your health? And the house, how is it?...".

The driver drives almost standing up with his head out the window, and for good reason! The windshield is so scratched that we are blinded every time we pass the headlights of a vehicle. I have rarely been so disoriented while traveling, and am running out of superlatives...

Isabelle says nothing. She hasn't said a word since we got off the bus. She literally “unplugged”…

Mali... What a confusing country. What a land of contrast...

To get to Mopti, we passed through empty, deserted villages. The young people have left, tired of “cultivating poverty” as the elders say. A few have arrived in France. The others got lost along the way, ruined by smugglers or ghettoized in the “Libyan trap” (see the excellent report of the same name on Arte), or lost their lives at sea on makeshift boats…

What a big gap between Mali, one of the poorest countries on the planet, and the influence of its inhabitants, men and women of proud bearing, descendants of the greatest African kingdoms and empires...

“Isabella!” », “Yves! »… I will be surprised every time in Mali, at the call at the entrance of the buses, that we are called by our first names. We will learn that this is the custom because almost everyone in Mali has the same last name: Keita, the invincible warrior who founded the Mali empire, Traouré, one of its most famous and fierce generals, or Touré!

I am also surprised by the overwhelming personality of the Malians. Each Malian encountered is a concentrate of pure life. You have to shine as much as they do so as not to be overwhelmed by their energy. Each time I remain admiring the Malian children who speak French better than us, with a thirst for culture and an intelligence of life that forces humility. What injustice compared to our young people in the West...

I remember an amusing encounter outside our hotel in Ségou, with a young boy of barely 8 years old, who had seduced us with his wit and his pugnacity:

The child: Hello Madam, do your shoes seem very dirty?

Isa: Hello, what is your name?

The child: Mr. Cheap!

Isa: Oh good? (amused)

The child: And you know why my name is Mr. Cheap?

Isa: Because you can shine our shoes for cheap?

The child: That’s right, Madam!

Isabelle tells the child that she is not interested, especially since her sneakers are canvas! But the child, very trickster, follows us and insistently revives it,

Isa: And tell me young man. Do you know what my name is?

The child: No, Madam?

Isa: Well my name is Madame Tranquille.

The child frowns,

Isa: And what does Madame Tranquille want?

Child: Does she want to be quiet?

Isa: That’s it, she wants to be quiet…

The child, taken aback, disappears in two pedal strokes of his bicycle in the labyrinth of empty houses of the village... Isabelle is sorry for having rejected the young boy...

But fortunately we meet the child on his bike again 10 minutes later near the market. Isabelle is delighted,

Child: Hello Madam, your shoes are definitely very dirty now. They really deserve to be waxed!

Isa: But that’s unbelievable. Are you everywhere?! (with a smile)

Child: And yes. Because I am Mr. “Everywhere”.

We all burst out laughing and went to buy pens and notebooks for the young boy and his brothers and sisters…

Rather than bringing supplies from France, I invite you to buy them there. Not only will you make people happy but you will also give a little boost to local commerce…

It's night. The taxi drops us off at the “end of the tar”. We take our bags and cross the wasteland to the sweet dreams hotel. Families live in mud huts facing the entrance. A group of African dancers provide entertainment in the empty hall. We unwind from the day's journey with a drink and a bowl of rice to the captivating sound of the tom-toms.

Isabelle reserves a room. We are the only Western foreigners in the hotel. With recent signs of Tuareg rebellion, tourists are increasingly turning away from this remote region of Mali.

The presence of two Western tourists at the Sweet Dreams hotel went around the place. We are assailed at breakfast by young Malians who offer us excursions in Dogon country, presenting us with illegible photocopies of their so-called sworn guide diplomas.

We dismiss them with courtesy and take the road to Mopti in order to organize our excursion for greater safety with the travel agency Diatigui Travel…

We take the road to the bustling Mopti market. I have just booked our excursion for the next day with the agency, a small office decorated with posters of the Dogon country at the back of a cob house, after having spent two hours at the only bank in Mopti to withdraw money liquid.

There is no ATM in Mopti. And you have to be patient in an old ruined building with colonial architecture, until a lady in a boubou takes you to an office, takes the print of your credit card, and signs a huge grimoire taken out from a Harry Potter film.

And as if by a sad magic trick, I will never be debited from my account for the €300 withdrawn in CFA francs from the picturesque bank of Mopti...

It’s Wednesday, the day before the “big” market. Entire families of traders, breeders and farmers continue to dock and disembark from canoes at the port of Mopti, each time leaving a few more new immigrants.

The Mopti market is one of the largest in the region. There we meet Dogon farmers, Bozo fishermen, and Fulani breeders, who have come to sell the fruit of their harvests, their peaches and some animals. It is a lively place with a thousand faint scents, where canoeists from the South and Tuareg camel drivers from the North meet. The Tuaregs come to sell their crafts, and exchange plates of salt necessary for the survival of animals and men in the desert environment.

Salt bars are no longer exchanged for gold, as in the heyday of trans-Saharan trade, but for foodstuffs. We stop in front of stalls selling snake skins and mule skulls with a thousand healing properties. And we are literally struck by the smell of the dried fish stalls of Mopti, destined to be exported throughout West Africa.

We leave the hustle and bustle of the market to reach a large shipyard of canoes and pinnaces, from where we can negotiate the crossing to reach the small Bozo fishing villages.

Under the large hangar of the shipyard, craftsmen in slow motion, attach long tortuous planks in the furnace in such an archaic way that it is difficult to imagine that they are making one of these majestic tapered and colorful canoes which spin on the river…

On the other side of the Niger River, the Bozo villages, away from time, offer us a summary of Africa: clusters of children clinging to our fingers, bare houses with cob walls, women with feline, bare-breasted figures washing the family's laundry by the river, and others haughtily carrying heavy loads on their heads. Young bare-assed children with pearl-white smiles playing in the water. Fishermen untying their nets. A woman crushes millet seeds in her gourd, while another sorts freshly caught fish...

The sun begins to set over the Port of Mopti. We sit and watch life take shape around us. Isabelle and I are the only “toubab” (white people) among the families preparing their merchandise stalls for the next day, or organizing the evening meal aboard their canoe.

I feel like the soul of a great explorer, lost in a distant land, outside of time. Very young children have fun scaring themselves with Isabelle. Isa hides her face, the children approach slowly, and Isabelle suddenly gets up to chase them, uttering witchy cries.

The children run away in fear, shouting “Toubab, Toubab” under the amused gaze of their parents, and return immediately when Isa sits down again and hides her face to start again...

What an incredibly delicious moment. I am experiencing one of the most exotic moments of my life as a traveler, and I am lucky enough to share it with the woman of my life…

Night has fallen. We have a drink at the Bozo Bar, at the end of the port. We are alone in this renowned tourist spot. The place empty of people, like at the Sweet Dreams Hotel, reminds us that it is no longer fashionable to play the “toubabs” tourist in the region.

This is our last evening in Mopti before leaving tomorrow for Dogon country. I remain alert without worrying Isabelle. We watch in the distance the silhouettes of Malians washing in the Niger River. Among them, a Tuareg finishes his ablutions and his evening prayer, and comes towards us, readjusting his long turban. The Blue man who traveled 10 days by camel to arrive in Timbuktu, and a few days by boat to reach Mopti, made all this journey to sell a magnificent sword for a few euros.

We invite him to drink tea. I explain to him sorry that we are leaving the next day for the Dogon country and that I cannot carry around the object, however magnificent it may be. I'm still biting my fingers today...

Between two teas, the blue man tells us about his journey to Mopti, life in his sand tribe... Magical!

Then caught up with the news, we discuss the condition of the Tuaregs, and the growing tensions in the region... Much less magical...

We leave the blue man with concerns about the future of the region. And let's head towards the Doux Rêves hotel under a galaxy of stars, guided by the oil lamps of the canoes and the campfires dotting the port of Mopti.

As we move away from the port, we abandon the Venice of Mali and we already dream of Dogon country. But that's another story…

EPILOGUE:

Saddened by what is happening in the region, I wanted to express through this humble tribute to Mopti, all the tenderness that I have for Mali and its inhabitants.

Mopti is unfortunately no longer the tourist hub of yesteryear, where we strolled before an adventure in Dogon country.

Like all hotels in the region, the “Doux Rêves” hotel, where we stayed and which employed many Malians, is deserted and closed.

Mopti today is a tourist town without tourists, a dead town. A city deserted by its wealthiest inhabitants, who had the means to seek greater security in the South. A city less than 100km from the first conflict zones. A city which welcomes tens of thousands of refugees from the North, Christians, teachers, entire families frightened by the civil war.

Mopti is and will certainly forever remain a pivotal city between the South and the silted North of Mali, a place of ambiguous conflict between Tuareg independence fighters, Islamist movements of all kinds, and African and international coalition armies.

A place of ambiguous conflict with an African coalition incapable of fighting alone against the Tuaregs and the Islamists. “The Bambara never goes on the sand” says a Tuareg proverb.

With numerous enemies:

AQIM, al Qaeda in the Islamic Maghreb, descendant of the Algerian GIA then the GSPC, light-skinned Arabs, often of Algerian origin, who notably held Timbuktu, the capital of northern Mali.

The MUJAO, its mafia outgrowth, specialized in drug trafficking and radical Islamism, among the Arab and black traders of Gao.

The MNLA of the Tuareg separatists, formerly the MNA swelled by 2000 battle-hardened Tuaregs armed to the teeth from Gaddafi's former armies who joined the MNA idle at the fall of the Tripoli regime.

And Ansar Dine, a Tuareg independence movement which communicates little or nothing with more or less radical factions, which says it is fighting for the development, autonomy and security of the Tuareg people. A movement which grows as the forces of the MNLA, who know little of the terrain, swell its ranks with each military action carried out by Ansar Dine.

Faced with all these Islamist dangers, I also wanted to salute a man whose patriotic exploits I have read: Ibrahim Maiga Songoï, 41 years old, former adjutant of the Timbuktu gendarmerie.

A man who saw the invasion of Timbuktu by 4x4s mounted with heavy machine guns, and who defended his gendarmerie for several hours until his ammunition ran out. A man who holed up for a week, who passed the Islamist roadblocks disguised as a peddler, and reached the Nigerien border on foot...

After a stopover in Bamako, Ibrahim Maiga returned to Mopti to defend the city and help in the reconquest of the North, at the head of a self-defense militia called “Ganda Izo” (the Sons of the Land). Patriotic militiamen who do not receive pay and whose “food” is most often reduced to rice porridge. An army of 1,300 barefoot soldiers, literally and figuratively, armed with disabled Kalashnikovs.

With a regular army almost absent, Ibrahim Maiga and his militiamen were Mali's last defense against the "Islamist" waves for several months, until the arrival of the African and French coalition armies.

Being a Muslim himself, Ibrahim Maiga said in October 2012 so as not to make a mistake in the fight: “We will not once again let the Arabs and the Tuaregs make us their slaves. The Islam that these bandits claim to claim is just a camouflage...".

And as an appeal he launched to France: “We are focusing on infiltration missions. No one knows the North better than us. We can be the eyes and ears of French aviation…”.

Ibrahim Maiga's call was heard, and his help during the reconquest of the North was certainly very valuable to the French forces of Operation Barkhane.

An operation, the aims of which, as expressed by French President François Hollande, on January 15, 2013, were to stop the advance towards Bamako of jihadist forces, to secure the capital of Mali and to allow the country to recover its territorial integrity. And more unofficially to protect our strategic energy interests and the region's uranium mines.

An operation which ended 9 years later, with the dismantling of the French bases started because of political instability in Bamako – two coups d'état in less than twelve months – and which accelerated from the end of 2021 due to the increasingly active collaboration of the Malian regime with the Wagner paramilitary group, close to Russian power… To be continued…

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