Yémen - Région de Saada (Sa'dah) - Umm Layla, bastion de la route de l'encens sur la frontière saoudienne.
01 janv. 2011Yemen - Saada region (Sa’dah). At the ascension of Umm Layla, Incense Road Fortress on the Saudi border.
English translation at the end of the article
En stop vers Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne (Yémen).
Nous avons particulièrement sympathisé avec Abdallâh, le comptable de la tribu Al Thal. Certainement à cause de traits de caractère communs, et parce que nous avons sensiblement le même âge. Abdallâh est juste, consciencieux, et peu expansif. Conseillé du Cheikh Mohamed pour sa sagesse et son aptitude à prendre du recul dans un monde passionné et passionnant, il a également un humour décapant accentué par un air de « ne pas y toucher ».
En stop vers Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Abdallâh a souhaité me faire découvrir Umm Layla, un lieu qu’il affectionne particulièrement, et où il s’amusait plus jeune à se faire peur la nuit avec ses amis. Umm Layla est une montagne de grès à la forme tabulaire, qui domine la route menant à la frontière saoudienne, à cinquante kilomètres au nord de Saada, dans les territoires interdits du Nord. Outre sa forme étrange et majestueuse, Umm Layla, qui signifie « la Mère Nuit », recèle à son sommet des trésors architecturaux cachés, datant de l’époque biblique du commerce de l’encens.
Nous prenons un taxi pour la dernière ville yéménite du Nord avant la frontière saoudienne. Un village du bout du monde peuplé de bédouins surarmés, avançant péniblement sous un soleil caniculaire à la lumière blanche écrasante. Abdallâh est lui-même armé jusqu’aux dents. Outre son fidèle revolver fixé à la ceinture, le comptable a emmené deux kalachnikovs, dont une pour moi, une paire de cartouchières d’appoints et quelques grenades…
En stop pour Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne. Abdallâh achète du Qat pour la soirée.
Nous avons l’intention de passer la nuit au sommet d’Umm Layla. Abdallâh achète de quoi manger en conséquence dans une gargote, et un bidon d’eau fraîche pour remplir ma gourde isotherme. Nous arrêtons un pick-up prenant la route du nord, et montons à l’arrière du véhicule en compagnie de quelques autres bédouins. L’occasion pour Abdallâh d’acheter du qat à un jeune yéménite, et pour moi d’admirer un paysage lunaire d’où se détache au loin un monolithe de plusieurs centaines de mètres de hauteur, Umm Layla...
Abdallâh commence l’ascension de la montagne à l’ombre de son parapluie noir, dans une chaleur étouffante. Nous suons à grosse gouttes, et nous arrêtons tous les cent mètres pour récupérer !…
Nous faisons une halte lors de l'ascension de Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Profitant d’une nouvelle pause à l’ombre d’un arbuste à flanc de montagne, Abdallâh m’invite à m’exercer au tir. Nous avons croisé une jeune bergère tout à l’heure, et veillons à ce qu’il n’y ait personne avant de tirer notre premier coup de feu de jeter quelques grenades. Une occasion pour moi, « pas peu fier », d’étonner mon ami par mon habileté…
Nous faisons une halte lors de l'ascension de Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Je propose de l’eau à Abdallâh. Le comptable remercie humblement Dieu avant de porter la gourde à ses lèvres.
Vue du haut de Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Et alors que la soif me tenaille, perdu au milieu de nulle part. Alors que nous ne représentons rien devant la montagne majestueuse, et l’immensité désertique qui nous entoure. Alors que je réalise que nous n’aurons pas assez d’eau pour notre périple. Je saisi pour la première fois le sens profond de ce remerciement traditionnel à Dieu, avant de boire une lampée d’eau...
Chemin montant à Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne (Yémen).
Nous parvenons exténués à rejoindre une ancienne route de pierre, construite à flanc de montagne. Je retiens mon souffle et emboîte le pas prudent d’Abdallâh. Comment cette construction, datant visiblement de l’époque du royaume de Saba, peut-elle tenir accrochée à la paroi. La route de pierre semble littéralement perchée dans le vide ?!…
Vue du haut de Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Chemin montant à Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne (Yémen).
Nous faisons une nouvelle pause au sortir de cette portion risquée de notre périple, pour apprécier un panorama sans pareil. Debout sur un promontoire rocheux, nous dominons toute la région du regard. Au loin, la ligne d’horizon disparaît dans une succession infinie de langues de sable, et de sommets déchiquetés…
Vue d'un guerrier yéménite, du haut de Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Nous arrivons au sommet d’Umm Layla en cours d’après-midi. Le toit de la montagne est habité par des ruines chargées d’histoire, et de souvenirs de caravanes remontant la route de l’encens. Une forteresse sabéenne en pierres taillées domine une mosquée à l’abandon, quelques habitations en ruines, et d’immenses bassins de rétention d’eau asséchés.
Nous avançons prudemment entre les arbustes pour ne pas tomber dans l’une des multiples citernes profondes creusées dans la roche qui jonchent les sols. Ces frigos d’un autre temps, permettaient de stocker l’eau et la nourriture à l’abri de la chaleur caniculaire...
Citernes creusées dans la roche de Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Penché au-dessous d’une citerne pour en apprécier la profondeur, je fais rire Abdallâh en demandant deux cocas bien frais en Arabe, avec mon accent français à couper au couteau. Le trou noir sans fond me renvoie ma commande en écho…
Payuse durant l'ascension de Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne.
Epuisé par l'ascension d'Umm Layla en pleine canicule, je rejoints Abdallâh au cœur d'une faille dans la roche à l'abri du soleil, et m'endors aussitôt comme une masse. Je me remémore en rêve une balade du même type dans les montagnes au nord de Saada... Ce n’est effectivement pas la première fois que je découvre des vestiges Sabéens dans la région de Saada. La fois précédente, c’était lors d’une séance de qat chez Farés, un riche cultivateur ami de la tribu Al Thal, et fournisseur officiel du contrebandier de la « grotte au gorille ». Farés a creusé sa maison en hauteur sur les flancs d’une immense falaise qui longe la vallée verdoyante dont il est le propriétaire.
De la fenêtre de son salon, le cultivateur dispose d’une vue panoramique sur l’ensemble de ses plantations de Qat et de café. Une vue imprenable, et d’autant plus impitoyable pour les voleurs, que le yéménite a accroché une Kalachnikov au plafond de son salon en guise de lustre !
En pleine mastication mystique et frénétique de Qat, Farés me révéla que les montagnes et la vallée dont il a hérité, renferment un trésor fabuleux. « Wen al sunduq, wen al mufta » répondirent en cœur les bédouins avec nous en riant. Imperturbable, Farés continua son histoire de trésor.
Il m’en tint pour preuve les dessins enrichis d’inscriptions sudarabiques, qui ornent plus loin les flancs de sa falaise. L’alphabet Sudarabique, anciennement utilisé au Yémen et en Erythrée, a la particularité, comme l’Arabe, d’être consonantique. C’est à dire que les voyelles, impossibles à déterminer, ne sont pas forcément notées. Cette caractéristique associée au fait que cet alphabet ait été utilisé entre le Vème et et abandonné au VIIIème siècle de notre Ere, fait que personne n’est en mesure aujourd’hui de lire cette langue à haute voix… Parti à la chasse au trésor, je m’aperçut rapidement que la falaise de Farés était beaucoup plus importante que je ne l’imaginais. Longue d’une vingtaine kilomètres, elle faisait également plusieurs kilomètres de large.
J’arpentais le plateau rocheux à la recherche d’un indice sur le dicton « wen al sunduq, wen al mufta » et fît la rencontre de Nasser et Nassim, deux jeunes frères, cultivateur d’un petit champ de qat en contrebas. Nassim, l’aîné, me parla d’écrits très anciens qu’il avait découverts au fond d’une grotte. Il me montra une page à la texture épaisse et jaunie par les siècles, comportant des signes Sudarabiques. Lorsque je leurs parlai du trésor, et les deux frères m’emmenèrent aussitôt par des chemins secrets dans les montagnes, jusqu’à une ancienne ville sabéenne sculptée dans la roche.
Nassim me fît la visite guidée d’une ville troglodyte, et de ses habitations parcourues de dessins et d’écritures Sudarabiques. Par ici, une caverne et ses métiers à tisser ancestraux qui servaient d’atelier de confection. Par là, des citernes sans fond pour le stockage de nourriture. Entre deux, des bassins de récupération d’eaux de pluies toujours pleins après trois mille ans, grâce à des réseaux ingénieux de gouttières creusés dans la falaise... Et clou de la visite, un monolithe de trois mètres de haut, posé debout sur un chemin à flanc de falaise. Un menhir avec une « carte au trésor » gravée sur son flanc !… On y voyait dessinés une clef, un trésor, et un long parchemin en Sudarabique. Lorsque je demandai s’ils savaient de quoi il en retournait, les deux frères éclatèrent de rire les joues pleines de qat. Ils levèrent les bras au ciel d’impuissance. Ils me désignèrent l’immensité des montagnes alentours, et me répondirent en cœur, « wen al mufta, wen al sunduq ? », « où est la clef, où est le trésor ? »…
La douce fraîcheur de la nuit tombe sur Umm Layla, et m’extrait de mes rêves de chasse au trésor. Je retrouve Abdallâh cuisinant notre repas au-dessus d’un feu couché par le vent. Un peu de viande séchée, une poignée de riz, et ce qu’il reste d’eau pour préparer un thé. Une collation modeste qui se poursuivra par de longues heures à discuter au coin des braises sous une myriade d’étoiles. Une soirée magique peuplée de feux follets et d’évènements étranges qu’il faut avoir vécu pour y croire. Et une nuit tout aussi mouvementée en un lieu nous ramenant trois mille ans en arrière, au cœur même de la forteresse et de ses souvenirs pour ainsi dire, « tapageurs et envahissants »…
Nous sommes réveillés aux premières lueurs de l’aube par deux jeunes bergers jouant à cache-cache dans la forteresse. J’ai dû dormir deux heures en tout et pour tout. Un réveil rude, la gorge seiche, avec une gourde vide. Nous avons été trop court en eau, et c’est de ma faute ! Ne voulant pas trop nous charger, j’ai demandé hier à Abdallâh de ne prendre que deux litres et demi d’eau. De quoi remplir ma gourde isotherme, rien de plus ! Les deux bergers nous proposent de l’eau, mais nous n’avons pas le cœur à puiser dans leurs maigres réserves… Sans eau et déshydratés, nous devons redescendre de la montagne le plus vite possible, avant que la canicule ne nous prenne au piège. Les deux bergers connaissent Umm Layla comme leur poche, et nous indique la voie la plus rapide. Nous les remercions vivement, et nous mettons aussitôt en route pour profiter de la fraîcheur toute relative du matin…
Enfants à Umm Layla, bastion de la route de l'encens au Nord de Saada sur la frontière saoudienne (Yémen).
Nous avons dû nous tromper ! Je n’imagine pas les jeunes bergers passer par là ! Nous descendons comme nous le pouvons, frôlant la mort le long de parois lisses et abruptes, au-dessus de trois cents mètres de vide ! Nous nous laissons glisser, ou sautons de plusieurs mètres de hauteur, pour atterrir sur des rebords de quelques centimètres ! J’ai l’impression de vivre la scène d’ouverture de « Mission Impossible II », avec l’angoisse de nous retrouver bloqués à flanc de montagne, incapable de monter ni descendre. Pour ne rien arranger, la face de notre descente est exposée en plein soleil, et la température augmente dangereusement…
Nous rejoignons finalement la route de Saada exténués et morts de soif. Mon cœur bat la chamade et mes tempes vont exploser. Nous restons un long moment assis à l’ombre d’un rocher pour récupérer. Un long moment durant lequel nous contemplons en silence et avec effarement, la face d’Umm Layla abrupte et vertigineuse par laquelle nous sommes descendus... Abdallâh arrête le premier pick-up qui passe pour nous déposer en ville. J’avais promis à Abdallâh de l’inviter à un déjeuner somptueux pour clore notre périple. Je fouille mes poches nerveusement et m’aperçois dépité que j’ai oublié mon argent au palais. J’en parle désolé à Abdallâh qui ne se démonte pas. Le comptable s’en va vendre son précieux revolver chez un armurier, et nous invite dans une gargote où je commence par ingurgiter trois Coca en attendant un immense plat de riz et de mouton…
Mais l’aventure d’Umm Layla ne se terminera pas là ! Elle finira bien plus tard dans la soirée au palais du Cheikh, lorsque j’offrirai avec cérémonie un nouveau revolver à Abdallâh. Un revolver encore plus beau que l’ancien, acheté dans l’après-midi au souk Al Tahl, sur les conseils précieux et avisés d’Abdelaziz, le neveu du Cheikh Mohamed Hassan Manna…
Yemen - Saada region (Sa’dah). At the ascension of Umm Layla, Incense Road Fortress on the Saudi border.
We particularly sympathized with Abdallâh, the accountant of the Al Thal tribe. Certainly because of common character traits, and because we are roughly the same age. Abdallâh is fair, conscientious, and not very effusive. he is Sheikh Mohamed's advisor for his wisdom and his ability to take a step back in a passionate and exciting world, he also has a caustic humor accentuated by an air of "don't touch it".
Abdallâh wanted to introduce me to Umm Layla, a place that he particularly likes, and where when he was younger he had fun scaring himself at night with his friends. Umm Layla is a tabular sandstone mountain, which dominates the road leading to the Saudi border, fifty kilometers north of Saada, in the Northern Forbidden Territories. In addition to its strange and majestic shape, Umm Layla, which means “Mother Night”, conceals hidden architectural treasures at its summit, dating from the biblical era of the incense trade.
We take a taxi to the last northern Yemeni town before the Saudi border. A village at the end of the world populated by heavily armed Bedouins, trudging forward under a scorching sun with overwhelming white light. Abdallah himself is armed to the teeth. In addition to his trusty revolver attached to his belt, the accountant took two Kalashnikovs, including one for me, a pair of extra cartridge belts and a few grenades...
We plan to spend the night at the top of Umm Layla. Abdallâh buys something to eat accordingly in a restaurant, and a container of fresh water to fill my insulated bottle. We stop a pick-up heading north, and get into the back of the vehicle with a few other Bedouins. The opportunity for Abdallâh to buy qat from a young Yemeni, and for me to admire a lunar landscape from which a monolith several hundred meters high, Umm Layla, stands out in the distance...
Abdallâh begins the ascent of the mountain in the shade of his black umbrella, in the stifling heat. We are sweating profusely, and we stop every hundred meters to recover!…
Taking advantage of another break in the shade of a shrub on the mountainside, Abdallâh invites me to practice shooting. We came across a young shepherdess earlier, and made sure there was no one there before firing our first shot and throwing a few grenades. An opportunity for me, “not a little proud”, to astonish my friend with my skill…
I offer Abdallah some water. The accountant humbly thanks God before bringing the gourd to his lips.
And while thirst gnaws at me, lost in the middle of nowhere. While we represent nothing in front of the majestic mountain, and the vastness of the desert that surrounds us. As I realize we won't have enough water for our journey. I grasped for the first time the deep meaning of this traditional thanks to God, before drinking a mouthful of water...
Exhausted, we manage to reach an old stone road, built into the mountainside. I hold my breath and follow Abdallâh’s cautious steps. How can this construction, obviously dating from the time of the kingdom of Sheba, hang on the wall? The stone road seems literally perched in the void?!…
We take another break at the end of this risky portion of our journey, to appreciate an extraordinary panorama. Standing on a rocky promontory, we overlook the entire region. In the distance, the horizon line disappears into an infinite succession of sand dunes and jagged peaks…
We arrive at the summit of Umm Layla during the afternoon. The roof of the mountain is inhabited by ruins steeped in history, and memories of caravans going up the Incense Route. A Sabaean fortress made of cut stones dominates an abandoned mosque, a few ruined houses, and immense dried-up water retention basins.
We advance cautiously between the shrubs so as not to fall into one of the multiple deep tanks dug into the rock which litter the ground. These fridges from another time allowed water and food to be stored away from the scorching heat...
Leaning under a cistern to appreciate its depth, I make Abdallâh laugh by asking for two very cold cokes in Arabic, with my French accent to cut with a knife. The bottomless black hole echoes back to me…
Exhausted by the ascent of Umm Layla in the middle of a heatwave, I joined Abdallâh at the heart of a fault in the rock sheltered from the sun, and immediately fell asleep like a lump. I remember in a dream a walk of the same type in the mountains north of Saada... This is actually not the first time that I have discovered Sabean remains in the Saada region. The previous time, it was during a qat session with Farés, a rich farmer friend of the Al Thal tribe, and official supplier to the smuggler of the “gorilla cave”. Farés dug his house high on the sides of an immense cliff which runs along the green valley of which he is the owner.
From his living room window, the farmer has a panoramic view of all his Qat and coffee plantations. A breathtaking view, and all the more merciless for thieves, as the Yemeni hung a Kalashnikov from the ceiling of his living room as a chandelier!
In the midst of mystical and frenzied chewing of Qat, Farés revealed to me that the mountains and the valley which he inherited contain a fabulous treasure. “Wen al sunduq, wen al mufta” replied the Bedouins with us, laughing. Unfazed, Farés continued his treasure story.
As proof, he gave me the drawings enriched with South Arabian inscriptions, which further adorn the sides of its cliff. The South Arabian alphabet, formerly used in Yemen and Eritrea, has the particularity, like Arabic, of being consonant. This means that the vowels, which are impossible to determine, are not necessarily noted. This characteristic associated with the fact that this alphabet was used between the 5th and abandoned in the 8th century AD means that no one today is able to read this language aloud... Going on a treasure hunt, I quickly realized that the Farés cliff was much more important than I imagined. About twenty kilometers long, it was also several kilometers wide.
I wandered the rocky plateau looking for a clue to the saying “wen al sunduq, wen al mufta” and met Nasser and Nassim, two young brothers, farmers of a small qat field below. Nassim, the eldest, told me about very ancient writings that he had discovered at the bottom of a cave. He showed me a page with a thick texture and yellowed by the centuries, containing South Arabian signs. When I told them about the treasure, the two brothers immediately took me by secret paths in the mountains, to an ancient Sabaean city carved in the rock.
Nassim gave me a guided tour of a troglodyte town, and its dwellings covered with South Arabian drawings and writing. This way, a cave and its ancestral looms which served as a clothing workshop. This way, bottomless tanks for storing food. In between, rainwater collection basins still full after three thousand years, thanks to ingenious networks of gutters dug into the cliff... And the highlight of the visit, a three-meter-high monolith, standing upright on a path on the side of a cliff. A menhir with a “treasure map” engraved on its side!… We could see drawn there a key, a treasure, and a long parchment in South Arabia. When I asked if they knew what it was about, the two brothers burst out laughing with qat on their cheeks. They raised their arms to the sky in helplessness. They pointed out the immensity of the surrounding mountains, and answered me in their hearts, “wen al mufta, wen al sunduq? ", "where is the key, where is the treasure? »…
The sweet coolness of the night falls on Umm Layla, and extracts me from my treasure hunting dreams. I find Abdallâh cooking our meal over a fire blown down by the wind. A little dried meat, a handful of rice, and what's left of the water to make tea. A modest snack which will continue with long hours of chatting by the coals under a myriad of stars. A magical evening filled with wisps and strange events that you have to experience to believe. And an equally eventful night in a place taking us back three thousand years, to the very heart of the fortress and its memories, so to speak, “noisy and invasive”…
We are awakened at the first light of dawn by two young shepherds playing hide and seek in the fortress. I must have slept two hours in total. A rude awakening, a tight throat, with an empty water bottle. We were too short on water, and it’s my fault! Not wanting to burden us too much, I asked Abdallah yesterday to only take two and a half liters of water. Enough to fill my insulated bottle, nothing more! The two shepherds offer us water, but we don't have the heart to draw on their meager reserves... Without water and dehydrated, we must get back down from the mountain as quickly as possible, before the heatwave traps us. . The two shepherds know Umm Layla like the back of their hand, and show us the quickest route. We thank them warmly, and we immediately set off to enjoy the relative coolness of the morning…
We must have been wrong! I can’t imagine the young shepherds going through that! We descend as best we can, brushing against death along smooth and steep walls, above three hundred meters of emptiness! We slide, or jump several meters high, to land on ledges a few centimeters high! I feel like I'm living the opening scene of "Mission Impossible II", with the anxiety of finding ourselves stuck on the side of a mountain, unable to go up or down. To make matters worse, the face of our descent is exposed to full sun, and the temperature is rising dangerously...
We finally reach the road to Saada exhausted and dead of thirst. My heart is pounding and my temples are going to explode. We sit for a long time in the shade of a rock to recover. A long moment during which we contemplate in silence and with dismay, the steep and dizzying face of Umm Layla through which we descended... Abdallâh stops the first pick-up that passes to drop us off in town. I had promised Abdallah to invite him to a sumptuous lunch to end our trip. I search my pockets nervously and realize with disappointment that I have forgotten my money at the palace of the Sheikh of the Al Thal tribe. I'm sorry to talk to Abdallah about it, who doesn't give up. The accountant goes to sell his precious revolver to a gunsmith, and invites us to a restaurant where I start by ingesting three Cokes while waiting for a huge plate of rice and mutton...
But Umm Layla’s adventure won’t end there! It will end much later in the evening at the Sheikh's palace, when I will ceremoniously offer a new revolver to Abdallâh. An even more beautiful revolver than the old one, purchased in the afternoon at the Al Tahl souk, on the precious and wise advice of Abdelaziz, the nephew of Sheikh Mohamed Hassan Manna...