Volcans et Rizières en Terrasses - "L'empRIZe du Riz à Bali"
20 nov. 2013Volcanoes and Rice Terraces - “The rice empire in Bali”
English translation at the end of the article.
Nous quittons la banlieue d’Ubud, la capitale culturelle de Bali, et prenons la route du Nord à la recherche des plus beaux paysages de Rizières de l’île.
Ubud est la ville idéale pour rayonner vers les « 1000 temples », Volcans et paysages de Rizières en terrasses de Bali. Isabelle est à mes côtés, Romane est plongée dans sa Nitendo DS3 !
Comment échapper à l’emprise quasi mystique du Riz à Bali ?! Il est la source de vie de l’île. Une source de vie emprunte de spiritualité. Nous en mangeons à chaque repas sous toutes ses formes. Nous sommes fascinés par la beauté des rizières, tantôt en terrasses, tantôt inondées, proposant alors un spectacle continu de jeux de miroirs et de lumières de toutes les couleurs à mesure que le jour passe.
Le riz est de toutes les fêtes, de tous les rites religieux. Collés sur le front des fidèles lors de la prière rituelle. Ces grains, appelés alors « bija », symbolisent la bénédiction de Sang Hyang Widhi, le dieu suprême de l’hindouisme balinais...
Le riz est de toutes les offrandes, délicatement posé sur des feuilles de banane dans une volute d’encens, sur un lit de pétales de fleurs. Devant chaque commerce, chaque temple, dans chaque autel divin…
Le spectacle commence au réveil, à l’Ananda Cottage, superbe hôtel au demeurant, où nous séjournons à Ubud. Nous avons dès le matin à traverser des rizières dans l’hôtel même, pour aller prendre le petit-déjeuner.
Il y a des rizières dans l’hôtel mais aussi tout autour, idéales pour une balade avec sa douce au soleil couchant.
Et l’on peut la journée s’organiser une belle randonnée de 4 à 6h tout autour d’Ubud, pour découvrir parmi les plus belles rizières de Bali. Il est commun dans les rues d’Ubud de croiser des petits panneaux fléchés indiquant des chemins « d’arrières cours », donnant sur les plus beaux panoramas de rizières autour de la ville. Pensez cependant à prendre de bonnes chaussures ! Nous avons croisé un couple dans les rizières d’Ubud dont la jeune femme apeurée en Tong, courrait vers la ville après avoir croisé ce qu’elle a dit être une vipère…
Nous avons négocié une journée d’excursion avec notre chauffeur I Wayan, pour qu’il nous fasse faire le tour des plus beaux sites de rizières de l’île. La cinquantaine, un physique d’indien Iroquoi à jouer dans « Little Big Man », I Wayan est comme tous les balinais, adorable. Homme de confiance avenant, I Wayan est toujours aux petits soins pour nous. Une excursion de ce type vous coutera 40 US$ en 4x4 climatisé. Je connais des voyageurs ayant négocié de meilleurs prix mais qui se sont trouvés le bec dans l’eau, le chauffeur ne s’étant pas présenté le jour de l’excursion.
Tout le monde semble s’appeler pareil à Bali, et I Wayan est le plus courant des prénoms. Et pour cause. Les Balinais prénomment leurs enfants selon l'ordre de leur naissance. Les premiers nés masculins s’appellent Wayan, Putu, ou Gede. Pour les premières nées fille, Wayan, Putu, comme les garçons, et Iluh. Made ou Kadek pour le second garçon né. Made, Kadek, ou Nengah pour la fille seconde née. Nyoman, Komang pour le troisieme né que ce soit un Garcon ou une fille. Ketut pour le quatrième né garcon ou fille. Et à partir du 5ème enfant on recommence de zéro… Des prénoms sont identiques pour les filles et les garçons. Il est alors d’usage de mettre « I » devant le prénom des garçons et « NI » devant le prénom des filles. Etant le premier né de sa famille, I Wayan, lui, a résolu le problème. Il se fait appeler « Budi », une contraction de son nom de famille.
En chemin, Budi me parle du Riz à Bali, et me montre sur la route les différentes variétés de riz rouge, noir, et blanc. Il m’explique cependant que tout n’est pas rose. Depuis une trentaine d'années, le Padi Bali est remplacé par de nouvelles variétés à haut rendement, qui permettent de diminuer les temps de récolte et qui résistent mieux à certaines maladies. Ces nouvelles variétés sont cultivées sur 20% du territoire, mais représentent plus de 90% du riz à Bali. Malheureusement ces nouvelles variétés riz requièrent des produits chimiques et autres pesticides, qui polluent et bouleversent l'écosystème.
Budi ne récite pas une leçon. Il éprouve bizarrement un réel plaisir, voire même une fierté, à me parler du Riz. Le Riz est sacré à Bali et sert de nourriture, tant au corps qu’à l’esprit.
Il est l'élément fondamental de la vie communautaire. Et il est si important que les Indonésiens lui ont donné plusieurs noms selon son état de maturation ou de cuisson :
« Padi » pour le riz sur pied dans les rizières.
« Gabah » pour le riz moissonné.
« Beras » pour la graine non cuite.
« Nasi » pour le riz cuit…
Et encore, de « Nasi », le riz cuit est appelé « Bubur » quand il devient de la bouillie, « Ketan » quand il est gluant, « Lontong » quand il cuit à la vapeur dans des feuilles de bananier, et « Tape » ou « tapai » quand il est fermenté et légèrement alcoolisé.
La culture du riz à Bali profite d’un climat tropical et de la richesse des sols volcaniques de l’île.
L’archipel Indonésien est en effet situé sur le grand « anneau de feu » de la ceinture pacifique, à l’endroit où la plaque tectonique australo indienne s’enfonce sous la plaque eurasienne. Avec plus de 500 volcans dont 128 actifs, L’Indonésie est la plus vaste zone volcanique du Monde.
En 1883 l'éruption du Krakatoa fit 36 000 victimes. La liste des éruptions meurtrières en Indonésie serait trop longue à énumérer : le Merapi à Java en 1934, le Semeu à Java en 1979...
Avec ses deux célèbres volcans, Gunung Batur et Gunung Agung, Bali ne déroge pas à la règle. Bien qu’ayant été responsables de la destruction de villages entiers, ces deux volcans vénérés comme des dieux, jouent un grand rôle dans la mythologie balinaise. Ils sont le centre spirituel de l’ile.
De ces deux volcans, le plus vénéré et redouté est l’intimidant Gunung Agung. Toujours en activité, il domine l’Est de Bali du haut de ses 3142m. Souvent caché par les nuages, je ne l’apercevrai qu’une fois durant mon séjour. Lieu de résidence des dieux, dragons et esprits des ancêtres, chaque Balinais sait se repérer par rapport à lui. Il guide l’orientation des villages, des temples, des maisons et des lits !
Ces deux volcans jouxtent ou « abritent » naturellement les deux temples les plus importants de l’île. Il y a le Pura Ulun Danu face au volcan Batur, dédié à la déesse protectrice du Lac. Et il y a le Pura Besakih, sur les flancs du Mont Agung, le temple le plus sacré de Bali, composé d’une vingtaine de sanctuaires.
Le Gunung Batur toujours en activité, a connu une éruption destructrice en 1917, et reste entouré d’impressionnantes coulées noires de basalte sur ses flancs majestueux. En 1963, ce fut au Gunung Agung d’entrer dans une terrible éruption. Le volcan ravagea la contrée et fit de nombreuses victimes alors qu'on célébrait l'Eka Dasa Rudra. L'Eka Dasa Rudra est la plus importante cérémonie de purification, et a lieu tous les cent ans. Mais les coulées de laves épargnèrent miraculeusement le Pura Besakhih, ce qui fut interprété par les balinais comme un signe du dieu du Volcan.
Budi évoque à chaque fois ces deux volcans avec respect, me parlant de « ces Dieux qui nous observent de leur hauteur». Bali est à 95% hindouiste, contrairement au reste de l'Indonésie majoritairement musulmane. Mais à force d’écouter Budi parler des dieux des Volcans, des Dieux de la nature, des divinités des forêts et des rizières. Tandis qu’il parle de Dragons, des âmes des morts qui montent vers les cratères fumants, et des innombrables esprits bénéfiques et démons maléfiques qu'il faut tantôt se « mettre dans la poche », ou éviter à tout prix. Je comprends en fait que la religion Balinaise est un mélange subtil d'hindouisme et d'animisme…
Nous quittons les magnifiques rizières de Tirta Gangga, un petit joyau dans une vallée encaissée à seulement 10 mn d’Ubud, et prenons la route du Nord vers les célèbres « Rice Terrasses » de Jalituwih, à 3 km à vol d’oiseau du mystique et romantique Temple de Batukaru.
Les rizières en terrasses de Jatiluwih sont si belles qu’elles doivent parait il, passer au patrimoine de l’Unesco. C’est en tous les cas ce que nous allons vérifier…
Difficile d’imaginer que les terrasses de Jalituwih puissent être plus belles que celles de la région de Sidemen, que nous avons explorée deux jours plus tôt avec Budi.
Des rizières à perte de vue, des champs de maïs, de piment et de girofliers multicolores, les paysages renommés de Sidemen, avec le Mont Agung en toile de fond, ont fait de la région un lieu d’inspiration et de pèlerinage pour des artistes du monde entiers, dont certains ne sont jamais repartis.
Cette visite de Sidemen a été l’occasion pour Budi de nous familiariser avec les Subak. Malgré les conditions climatiques tropicales exceptionnelles de Bali. Même si l’eau s’écoule de manière constante au cours de l’année, du nord des montagnes vers les plaines du sud, la culture du riz est très gourmande en eau, et il n’est pas possible d'approvisionner toutes les rizières de l'île en même temps. Il est nécessaire de coordonner l’irrigation des différentes grandes rizières de l’île.
C’est la raison d’être des Subak, une organisation complexe mise en place par les balinais, pour gérer l’irrigation alternées de toutes les rizières de Bali.
Le Subak est une coopérative en charge de la culture du Riz, qui regroupe tous les balinais d’un même village, dont les lopins de terre bénéficient de la même source d'irrigation, de la même digue et du même canal majeur. Le Subak a un pouvoir très important car il est à la fois un service public formé en coopération, un parlement constitué de tous les membres à égalité de vote, une police, et un percepteur d’impôts.
Chaque rizière a son allocation d’eau, « contractualisée » par un document conservé au sein du Subak. Grâce à eux et à leur gestion de l’eau, les balinais obtiennent jusqu’à trois récoltes par an, une prouesse reconnue par tous les spécialistes du monde entier.
Les Balinais cultivent l’efficacité mais également la beauté. Ce sont les Subaks qui de générations en générations ont modelés les paysages balinais. Déboisant, creusant les montagnes et les collines. Un travail d’artistes peintres et de sculpteurs à fois, pour aboutir à une succession d’Edens verdoyants, et aux magnifiques rizières en terrasses qui attirent des touristes de tous les continents.
La culture du riz répond à un cycle, et possède ses rites et ses traditions. Au-delà de son rôle social et fonctionnel, le Subak est également une communauté religieuse. Il est en charge du bon respect de ce cycle, et de la pratique des rituels destinés à la déesse protectrice du riz, Dewi Sri. Ces traditions sont toujours biens présentes, à l’image des petits autels devant chaque rizière, délicatement garnis chaque jour d’offrandes dédiées à la déesse.
Avant de démarrer le cycle du riz, les paysans du Subak réalisent une papillote, contenant une offrande arrosée d'eau sacrée et destinée à chasser les mauvais esprits. Une fois les rizières purifiées puis labourées, le cycle du Riz peut commencer. L’eau de la rivière est détournée dans le grand canal du Subak. Le Subak ouvre ensuite les rizières qui sont alors inondées. Viennent ensuite la plantation des pousses de riz, la purification de l’eau, et à nouveau des offrandes à l’attention des Dieux protecteurs. Le bourgeonnement des tiges de riz survient environ 100 jours après la plantation. Les tiges commencent à jaunir, signifiant l’approche de la maturité. Viennent enfin le temps des moissons et du dépôt du riz moissonné dans les greniers…
En route pour les Rizières de Jatiluwih, nous nous faisons dépasser par des hordes de scooters. Ce sont des jeunes en bandes sur des deux roues « tunés », arborant les mêmes couleurs selon les villages et les clans.
Nous sommes en pleines fêtes du Galungan. Et les jeunes balinais profitent de ce jour férié pour rouler « au frais » sur les plus belles routes de montagne l’île.
Nous les retrouvons par centaines arrêtés le long des majestueuses rizières de Jatiluwih. Oui, elles sont plus belles que celles de Sidemen, mais moins authentiques.
Ces rizières en terrasses sont un chef d’œuvre, une sculpture sur Paysage. Une œuvre d’art qui témoigne de tout l’amour et le respect des cultivateurs balinais portent à leurs terres.
Les Rizières de Jatiluwih... Riz avant repiquage... - The Jatiluwih Rice Fields... Rice before transplanting...
Au détour d’un virage, des hommes piquent de jeunes pousses dans un bout de champ boueux.
Après les avoir laissés pousser suffisamment, les plants obtenus seront repiqués un par un dans toute la rizière... Si le Riz est toujours planté par les hommes, celui-ci est toujours récolté et travaillé par les femmes.
Les tiges sont coupées et le riz est transporté par les jeunes balinaises sur leur tête jusqu’au village, où le riz est alors décortiqué et concassé dans des auges en bois.
Il faut des talents d’équilibristes pour se déplacer sur les talus de boue en travers des rizières. Avec d’un côté une rizière inondée et de l’autre… Une autre rizière inondée mais 1,5m plus bas !
Je me fais quelques frayeurs et arrive jusqu’à des femmes travaillant sans relâche dans la boue au nettoyage des champs. Elles trouvent l’énergie de me sourire alors que je suis fatigué à seulement les contempler travailler.
Leurs gestes ancestraux répétés à l’infini m’hypnotisent au point finir moi-même à quatre pattes dans la rizière. Je n’ai pas vu un trou de 50 cm cachés par des hautes herbes et termine le nez en avant les mains dans le champ boueux. Pire, mon objectif Nikon 16-35 déniché à Paris juste avant mon départ pour Bali est planté dans la boue. Des mois de baroud au Yémen, en Ouzbékistan, en Iran, et j’en passe. Je n’ai jamais égratigné mon matos photo. Je dois vieillir ! Je regarde mon 16-35, une motte de boue liquide au bout de l’objectif. P----n de m---e, pourquoi Nikon l’a-t-il fait cet objectif aussi long !!!
De retour à l’Ananda Cottage, je laisse Isabelle et Romane se prélasser dans l’une des piscines à débordement de l’hôtel donnant sur la jungle, pour nettoyer mon précieux objectif. Plus d’autofocus, une motte de boue liquide sur la lentille. Un cauchemar...
Deux heures de coton tiges et de sèche-cheveux plus tard, je retrouverai mon Objectif comme neuf. Sans même une égratignure. Le 16-35 de chez Nikon n’est pas étanche, mais je confirme que c’est du sacré matos pour revenir d’une telle « branlée ».
Et comme je ne suis pas rancunier, je reprendrai le soir même le chemin des rizières, pour tenter de capter une belle image des plantations au soleil couchant...
Les nuages de chaleur de fin de journée me privent une nouvelle fois d’un coucher de soleil sur les rizières. Assis à contempler le reflet des nuages pourpres sur les rizières inondées, je me prends à laisser le temps au temps...
Et tandis que le jour laisse doucement sa place, je me laisse envahir par la sérénité et la spiritualité du lieu, et me remémore tous les temples visités depuis le début de notre séjour.
Les balinais se purifiant dans les eaux sacré de Tirta Empul. Les « processions hypnotiques et secrètes » du temple de Barukaru. L’homme transformé en chien. Les hommes et femmes en transe poussant des cris d’effrois au passages des danseuses en larmes…
Mais tout cela, c’est une autre histoire...
Volcanoes and Rice Terraces - “The rice empire in Bali”
We leave the suburbs of Ubud, the cultural capital of Bali, and take the road north in search of the most beautiful rice field landscapes on the island.
Ubud is the ideal city to explore the “1000 temples”, volcanoes and rice terrace landscapes of Bali. Isabelle is by my side, Romane is immersed in her Nitendo DS3!
How to escape the almost mystical influence of Rice in Bali?! It is the source of life of the island. A source of life imbued with spirituality. We eat it with every meal in all its forms. We are fascinated by the beauty of the rice fields, sometimes terraced, sometimes flooded, offering a continuous spectacle of mirrors and lights of all colors as the day passes.
Rice is part of all festivals, all religious rites. Pasted on the foreheads of the faithful during ritual prayer. These grains, then called “bija”, symbolize the blessing of Sang Hyang Widhi, the supreme god of Balinese Hinduism...
Rice is one of the offerings, delicately placed on banana leaves in a swirl of incense, on a bed of flower petals. In front of every business, every temple, in every divine altar…
The show begins when we wake up, at Ananda Cottage, a superb hotel incidentally, where we stay in Ubud. In the morning we have to cross rice fields in the hotel itself to have breakfast.
There are rice fields in the hotel but also all around, ideal for a gentle stroll in the setting sun.
And during the day you can organize a beautiful 4 to 6 hour hike all around Ubud, to discover some of the most beautiful rice fields in Bali. It is common in the streets of Ubud to come across small arrow signs indicating “backyard” paths, overlooking the most beautiful panoramas of rice fields around the city. However, remember to take good shoes! We met a couple in the rice fields of Ubud whose frightened young woman in a Tong was running towards the town after coming across what she said was a viper...
We negotiated a day excursion with our driver I Wayan, so that he could take us around the most beautiful rice field sites on the island. In his fifties, with the physique of an Iroquoi Indian to play in “Little Big Man”, I Wayan is like all Balinese, adorable. A trustworthy and friendly man, I Wayan always takes care of us. An excursion of this type will cost you US$40 in an air-conditioned 4x4. I know travelers who have negotiated better prices but found themselves in trouble because the driver did not show up on the day of the excursion.
Everyone seems to be called the same in Bali, and I Wayan is the most common first name. And for good reason. The Balinese name their children according to the order of their birth. The first born males are called Wayan, Putu, or Gede. For the first born girls, Wayan, Putu, like the boys, and Iluh. Made or Kadek for the second born boy. Made, Kadek, or Nengah for the second born daughter. Nyoman, Komang for the third born whether it is a boy or a girl. Ketut for the fourth born boy or girl. And from the 5th child we start again from scratch... The first names are identical for girls and boys. It is then customary to put “I” before the first name of boys and “NI” before the first name of girls. Being the first born in his family, I Wayan solved the problem. He calls himself “Budi,” a contraction of his last name.
On the way, Budi tells me about rice in Bali, and shows me on the road the different varieties of red, black, and white rice. However, he explains to me that everything is not rosy. For around thirty years, Padi Bali has been replaced by new high-yielding varieties, which make it possible to reduce harvest times and which are better resistant to certain diseases. These new varieties are grown on 20% of the territory, but represent more than 90% of rice in Bali. Unfortunately, these new rice varieties require chemicals and other pesticides, which pollute and disrupt the ecosystem.
Budi doesn't recite a lesson. Oddly, he feels real pleasure, even pride, in talking to me about Rice. Rice is sacred in Bali and serves as nourishment for both the body and the mind.
It is the fundamental element of community life. And it is so important that the Indonesians have given it several names depending on its state of maturation or cooking:
“Padi” for standing rice in the rice fields.
“Gabah” for harvested rice.
“Beras” for the uncooked seed.
“Nasi” for cooked rice…
And again, from "Nasi", the cooked rice is called "Bubur" when it becomes porridge, "Ketan" when it is glutinous, "Lontong" when it is steamed in banana leaves, and "Tape" or “tapai” when it is fermented and slightly alcoholic.
Rice cultivation in Bali benefits from a tropical climate and the richness of the island's volcanic soils.
The Indonesian archipelago is in fact located on the great “ring of fire” of the Pacific belt, where the Australian Indian tectonic plate sinks under the Eurasian plate. With more than 500 volcanoes, 128 of which are active, Indonesia is the largest volcanic area in the world.
In 1883 the eruption of Krakatoa caused 36,000 victims. The list of deadly eruptions in Indonesia would be too long to list: Merapi in Java in 1934, Semeu in Java in 1979...
With its two famous volcanoes, Gunung Batur and Gunung Agung, Bali is no exception to the rule. Although they were responsible for the destruction of entire villages, these two volcanoes, revered as gods, play a big role in Balinese mythology. They are the spiritual center of the island.
Of these two volcanoes, the more revered and feared is the intimidating Gunung Agung. Still active, it dominates East Bali from its 3142m height. Often hidden by clouds, I will only see it once during my stay. Place of residence of gods, dragons and ancestral spirits, each Balinese knows how to find their way in relation to it. It guides the orientation of villages, temples, houses and beds!
These two volcanoes adjoin or naturally “house” the two most important temples on the island. There is Pura Ulun Danu facing the Batur volcano, dedicated to the protective goddess of the Lake. And there is Pura Besakih, on the slopes of Mount Agung, the most sacred temple in Bali, made up of around twenty sanctuaries.
Gunung Batur, still active, experienced a destructive eruption in 1917, and remains surrounded by impressive black basalt flows on its majestic sides. In 1963, Gunung Agung entered a terrible eruption. The volcano devastated the region and caused many victims while Eka Dasa Rudra was being celebrated. The Eka Dasa Rudra is the most important purification ceremony, and takes place every hundred years. But the lava flows miraculously spared Pura Besakhih, which was interpreted by the Balinese as a sign from the god of the Volcano.
Budi each time evokes these two volcanoes with respect, speaking to me of “these Gods who observe us from their height”. Bali is 95% Hindu, unlike the rest of predominantly Muslim Indonesia. But by listening to Budi talk about the gods of the Volcanoes, the Gods of nature, the deities of the forests and the rice fields. While he talks about Dragons, the souls of the dead who rise to the smoking craters, and the countless beneficial spirits and evil demons that we must sometimes “put in our pocket”, or avoid at all costs. I actually understand that the Balinese religion is a subtle mixture of Hinduism and animism…
We leave the magnificent rice fields of Tirta Gangga, a little gem in a deep valley just 10 minutes from Ubud, and take the road north towards the famous “Rice Terraces” of Jalituwih, 3 km as the crow flies from the mystical and romantic Batukaru Temple.
The rice terraces of Jatiluwih are so beautiful that they should, it seems, become UNESCO heritage sites. In any case, that’s what we’re going to check…
It's hard to imagine that the terraces of Jalituwih could be more beautiful than those of the Sidemen region, which we explored two days earlier with Budi.
Rice fields as far as the eye can see, fields of corn, pepper and multi-colored cloves, the renowned landscapes of Sidemen, with Mount Agung in the background, have made the region a place of inspiration and pilgrimage for artists from all over the world, some of whom have never left.
This visit to Sidemen was an opportunity for Budi to familiarize us with the Subak. Despite the exceptional tropical climatic conditions of Bali. Even though water flows constantly throughout the year, from the northern mountains to the southern plains, rice cultivation is very water intensive, and it is not possible to supply all the rice fields of the island at the same time. It is necessary to coordinate the irrigation of the various large rice fields on the island.
This is the reason for the existence of Subak, a complex organization set up by the Balinese to manage the alternating irrigation of all the rice fields of Bali.
Subak is a cooperative in charge of rice cultivation, which brings together all the Balinese from the same village, whose plots of land benefit from the same irrigation source, the same dike and the same major canal. The Subak has very significant power because it is at the same time a public service formed in cooperation, a parliament made up of all members with equal voting rights, a police force, and a tax collector.
Each rice field has its own water allocation, “contractualized” by a document kept within Subak. Thanks to them and their water management, the Balinese obtain up to three harvests per year, a feat recognized by all specialists around the world.
The Balinese cultivate efficiency but also beauty. It is the Subaks who, from generation to generation, have shaped the Balinese landscapes. Deforesting, digging out mountains and hills. A work of painters and sculptors at the same time, to result in a succession of green Edens, and magnificent rice terraces which attract tourists from all continents.
Rice cultivation follows a cycle, and has its rites and traditions. Beyond its social and functional role, the Subak is also a religious community. It is in charge of ensuring proper respect for this cycle, and the practice of rituals intended for the protective goddess of rice, Dewi Sri. These traditions are still very present, like the small altars in front of each rice field, delicately garnished every day with offerings dedicated to the goddess.
Before starting the rice cycle, the farmers of Subak make a packet, containing an offering sprinkled with sacred water and intended to chase away evil spirits. Once the rice fields are purified and then plowed, the Rice cycle can begin. The water from the river is diverted into the large Subak canal. The Subak then opens the rice fields which are then flooded. Then come the planting of rice shoots, the purification of water, and again offerings to the protective Gods. Budding of rice stalks occurs approximately 100 days after planting. The stems begin to yellow, signifying the approach of maturity. Finally comes the time of harvest and the placing of the harvested rice in the granaries...
On the way to the Jatiluwih Rice Fields, we are overtaken by hordes of scooters. These are young people in groups on “tuned” two-wheelers, displaying the same colors depending on the village and clan.
We are in the middle of the Galungan celebrations. And young Balinese take advantage of this public holiday to ride “cool” on the most beautiful mountain roads on the island.
We found them in their hundreds stopped along the majestic rice fields of Jatiluwih. Yes, they are more beautiful than Sidemen's, but less authentic.
These rice terraces are a masterpiece, a sculpture on the landscape. A work of art that testifies to all the love and respect Balinese farmers have for their land.
At the bend of a bend, men prick young shoots in a muddy patch of field.
After having allowed them to grow sufficiently, the plants obtained will be transplanted one by one throughout the rice field... If rice is always planted by men, it is always harvested and worked by women.
The stalks are cut and the rice is carried by young Balinese women on their heads to the village, where the rice is then husked and crushed in wooden troughs.
Balancing skills are required to move on the mud slopes across the rice fields. With a flooded rice field on one side and on the other... Another flooded rice field but 1.5m lower!
I get a few scares and come across women working tirelessly in the mud cleaning the fields. They find the energy to smile at me when I am tired just watching them work.
Their ancestral gestures repeated endlessly hypnotize me to the point of ending up on all fours in the rice field myself. I did not see a 50 cm hole hidden by tall grass and ended up nose first with my hands in the muddy field. Worse, my Nikon 16-35 lens found in Paris just before my departure for Bali is stuck in the mud. Months of struggle in Yemen, Uzbekistan, Iran, and so on. I have never scratched my photo equipment. I must be getting old! I look at my 16-35, a lump of liquid mud at the end of the lens. Damn, why did Nikon make this lens so long!!!
Back at Ananda Cottage, I leave Isabelle and Romane lounging in one of the hotel's infinity pools overlooking the jungle, to clean my precious lens. No more autofocus, a clod of liquid mud on the lens. A nightmare...
Two hours of cotton swabs and hair dryers later, I will find my Lens as good as new. Without even a scratch. The 16-35 from Nikon is not waterproof, but I confirm that it is great gear to come back from such a “job”.
And as I don't hold grudges, I will take the path to the rice fields that same evening, to try to capture a beautiful image of the plantations in the setting sun...
The heat clouds at the end of the day once again deprive me of a sunset over the rice fields. Sitting contemplating the reflection of the purple clouds on the flooded rice fields, I find myself letting time pass...
And as the day slowly fades, I let myself be overcome by the serenity and spirituality of the place, and remember all the temples visited since the beginning of our stay.
The Balinese purify themselves in the sacred waters of Tirta Empul. The “hypnotic and secret processions” of the Barukaru temple. The man transformed into a dog. The men and women in a trance uttering cries of fear as the dancing dancers pass in tears...
But all that is another story...