Surfant sur le Net à la recherche des dernières infos en provenance d’Iran, je tombe sur la photo de la fresque murale de Mehdi Qadyanloo "Down with the USA" dans le centre de Téhéran. L’article vieux de quelques semaines, raconte que « l’artiste » rêverait de remplacer son immense et fameuse peinture murale par une nouvelle fresque symbolisant la paix. Et que son rêve pourrait devenir réalité car les autorités municipales ont lancé courant 2009 un plan d’embellissement de la ville, et l’idée de remplacer les anciennes peintures murales évoquant la dictature monarchique et la guerre, par des fresques ayant des thèmes plus universels comme la culture et la modernisation de la société Iranienne. « Aujourd'hui la nation est en progrès et nous devons donner un nouveau message pour la nouvelle génération.", confirme Mohammad Reza Sharif Kazemi, l'homme chargé à la mairie de Téhéran d'embellir la ville... On attend de voir.
Cet article anodin, et la photo qui l’accompagne, me ramènent 10 ans en arrière. Montrée à l’époque par les télévisions du monde entier, je me rappelle ma stupéfaction en découvrant de mes propres yeux « l’œuvre » de Mehdi Qadyanloo. Une immense fresque murale couvrant le pan d'un bâtiment d'une dizaine d'étages dans le centre-ville, avenue Karim-Khan, et représentant un drapeau américain dont les étoiles sont transformées en tête de morts, et dont les bandes rouges se terminent en bombes s’écrasant au sol ! Une fresque surréaliste qui me poussera à faire le recensement photographique des peintures murales à la gloire des Ayatollah que je vous présente aujourd’hui.
Lorsqu’elles ne font pas l’apologie du martyr des combattants de la guerre Iran - Irak et du djihad, les fresques murales de Téhéran représentent invariablement les Ayatollahs Khomeiny et Khamenei, dont les regards inquisiteurs et omniprésents, écrasent la société iranienne de leur pouvoir. Sur les fresques qui les représentent ensemble, il est amusant de voir le décalage entre le visage fermé et le regard accusateur de l’Ayatollah Khomeiny, et le visage plus apaisé voire compatissant de l’Ayatollah Khamenei. Comme pour laisser entendre que le régime islamique iranien s’est assoupli entre les « deux guides suprêmes ».
En 1989, à la mort de l’Ayatollah Khomeiny lui-même à la tête de la république islamique d’Iran depuis son instauration en 1979, l’assemblée des 86 experts choisit le président sortant Ali Khamenei comme nouveau Guide de la Révolution. Ali Khamenei est reconnu comme étant un ultra conservateur dont le turban noir indique qu’il est un Sayyid, un des descendants du prophète Mahomet. L’homme a perdu sa main droite, l’usage d’un bras, et se déplace à l’aide d’une canne depuis qu’il a échappé à un attentat, fomenté par l'organisation des moudjahiddines du peuple iranien. Ayant gagné une réputation de miraculé parmi ses fidèles, il porte officiellement le titre de « martyr vivant », estimant que « Dieu l'a épargné pour des responsabilités plus lourdes ». « L’homme est fait pour entrer sur les terrains économiques et financiers… Mais la femme […] doit accoucher, allaiter, elle a un physique fragile, elle est moralement sensible, elle est affective, ne peut entrer dans tous les domaines […], cela crée des restrictions pour les femmes… L’homme, plus fort, est privilégié.» déclare le nouveau Guide Suprême, Ali Khamenei…
Le martyr Ayatollah Seyed Mohammad Bagher Sadr fut un des grands esprits de l'Islam", le Guide Suprême Ayatollah Khomeiny.
Expatrié en Iran à la fin de l’Eté 1999, je découvre un pays envoûtant aux multiples facettes, dans une société en trompe l’œil où rien n’est comme il ne le paraît. Dans les rues de Téhéran, un calme de circonstance est revenu après l’immense mouvement étudiant qui a secoué le pays en juillet 1999. Mais la tension reste palpable. Cela fait vingt ans que les Ayatollahs et leurs gardiens de la révolution sont au pouvoir. Le président Khatami, un religieux modéré élu en 1997, porte tous les espoirs d’une jeunesse impatiente qui n’a connu que le pouvoir islamique en place. La politique d’ouverture de la société et des institutions voulue par le président Khatami, et rêvée par toute la jeunesse iranienne, est freinée par le très conservateur Guide Suprême, l’Ayatollah Khamenei, qui garde fermement la main mise sur le pouvoir. Le fossé entre le rêve et la réalité ne cesse de se creuser et d’alimenter les frustrations d’une jeunesse en ébullition. Et l'interdiction du journal réformateur Salam par la censure religieuse au début de l’Eté 2009 met le feu aux poudres. La jeunesse descend dans la rue, réclamant dans tout le pays une accélération des réformes, plus de libertés, la démission du chef de la police de Téhéran, et des sanctions à l'égard des milices religieuses. Cet appel à la démocratie est réprimé dans le sang par les gardiens de la révolution. Au cœur des manifestations, l’Ayatollah Khamenei soulève ses partisans et incrimine les Etats Unis. Le président Khatami lâche le mouvement de révolte étudiant pour éviter sa destitution. Et en septembre 1999, à peine débarqué de l’avion, je découvre dans le journal que quatre étudiants ayant participé à ces manifestations sont condamnés à mort par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran…
J’habite une immense maison dans un quartier résidentiel de Téhéran. Une prison dorée ultra moderne d’une dizaine de pièces avec piscine intérieure et jacuzzi à l’abri des regards, pudeur islamique oblige. C’est la résidence d’un expatrié travaillant localement sous ma responsabilité sur un projet industriel que je négocie avec un partenaire local depuis deux ans. J’ai remplacé au pied levé l’expatrié revenu en France d’urgence pour se faire opérer d’un problème de santé.
Je navigue entre les milieux d’expatriés occidentaux et les élites iraniennes. Je m’étais moqué un peu rapidement des soirées d’expatriés lors de mes missions ponctuelles précédentes à Téhéran. Je n’y entendais parler que des problèmes de femmes de ménages et de paraboles mal réglées. Un grand Mea culpa. D’une part parce que l’on se lasse très vite de la télé iranienne et que la parabole constitue le seul lien vers l’extérieur du pays. Et d’autre part parce qu’avec le temps, on fait la distinction entre les expatriés « d’une seule mission » et le milieu plus fermé des « expatriés au long cours » qui sont une mine d’informations et qui abordent des sujets autrement plus intéressants. Aux dernières nouvelles, la France serait sur le point, ou viendrait de vendre un système d’écoute téléphonique qui enregistre les conversations automatiquement dès que des mots ciblés sont prononcés. Avec leur aide, j’apprends également comment me procurer n’importe quoi au bazar, du dernier blockbuster en DVD pas encore commercialisé en France, à la caisse de vodka pour animer les soirées « underground » de Téhéran. Il est de notoriété locale que les soirées les plus orgiaques sont celles de la communauté arménienne. Tandis que dans le ciel, les hôtesses de Lufthansa Airlines se pressent rituellement de mettre tout l’alcool de l’avion sous clef avant d’atterrir sur le sol Iranien…
"Même dans les griffes de l'ennemi, les prisonniers chantonnent en eux l'hymne de la liberté et de la paix dans le monde. Reste à jamais la mémoire du héros Kahnouji Mohammad Shahsavari. », Le Guide Suprême Ayatollah Khomeiny.
Je reste souvent surpris en sortant le soir, par le contraste entre les rues désertes et les façades inanimées de Téhéran comme un soir de couvre-feu, et l’intensité festives des soirées privées auxquelles je participe. J’entends souvent les iraniens me répéter « qu’avant ils priaient à la maison et faisaient la fête dehors. Et qu’aujourd’hui, ils prient dehors et font la fête à la maison ! »… Lors de soirées nettement moins alcoolisées au sein de l’élite intellectuelle iranienne, j’apprendrai beaucoup sur « le dessous des cartes du pouvoir », et l’on me parlera très souvent du Bazar de Téhéran. Non pas pour me lister tout ce que l’on peut y trouver, mais pour évoquer sa toute puissance. « A qui profite notre retour au moyen âge » me dit un iranien. « Aux occidentaux pour qui l’Iran n’est plus une menace industrielle capable de prendre des marchés au Moyen Orient. Mais surtout au Bazar de Téhéran qui s’est enrichi de la vente de produits de contrebande pendant 20 ans d’embargo, et qui sait quoi faire pour que surtout rien ne change en Iran ».
"La fatwa du Grand Imam sur l'obligation d'exécuter l'écrivain apostat de propos blasphématoires et sataniques, éclaircit le devoir de tous par rapport à ce genre de personne", le Guide Suprême Ali Khamenei. A la gloire du Martyr Mostafa Mazeh, premier martyr à vouloir appliquer le fatwa de Salman Rushdie, né à Conakry Guinée, âgé de 21 ans, lieu de martyre : Londres, volontaire au moment de l'exécution de la mission.
L’expatrié que je remplace m’a présenté le « gardien de la révolution » du quartier, un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence au tempérament petit chef, venant d’un milieu rural. L’expatrié m’a expliqué comment il passe quelques billets au Pasdaran en treillis vert pour « surveiller la rue » lorsqu’il organise une fête à la maison, et ainsi ne pas le voir débarquer avec une brigade de gardiens de la révolution et mettre tout le monde en prison ! Le Pasdaran est furieux. Il me dit en brassant de l’air qu’il faut que je rende le pressoir qui trône dans la cour de la maison et que les expatriés ont emprunté à l’église catholique voisine pour faire leur propre vin. L’imposant pressoir empeste la vinasse dans tout le quartier, et je donne quelques billets au Pasdaran pour le calmer. « Les vendanges » ont donné un vin blanc plutôt amer, dont quelques bouteilles macèrent dans le buffet du salon. Les « expatriés vendangeurs » ont forcé sur le souffre, et le vin donne la migraine au bout de deux verres ! Le pasdaran compte rapidement ses billets avant de les ranger dans une des nombreuses poches de son treillis vert, et disparaît au coin de la rue.
Créé par l’Ayatollah Khomeiny lors de son accession au pouvoir en 1979 pour tenir le pays, le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique appelé Pasdaran, est une organisation paramilitaire de plus de 120 000 hommes, dépendant directement du Guide Suprême. Les Pasdaran regroupent une vingtaine de formations toutes très bien équipées, dont des unités parachutistes, d’opérations spéciales, d’unités antiémeutes, d’infanterie de marine, ainsi que de services de renseignement. Le corps des Pasdaran, très motivé sur le plan idéologique, et véritable garde prétorienne de la République islamique, est également responsable des missiles d'Iran sur lesquels l'armée régulière n'a aucun contrôle. En 1986, le futur président Ahmadinejad se porte volontaire pour faire partie des forces spéciales des gardiens de la révolution, en charge des « opérations extraterritoriales », et de l'élimination de dissidents en Iran et à l'étranger... L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis.
Les Bassidj, « Force de mobilisation de la résistance », moins reconnaissables car évoluant en civils, sont une force paramilitaire également fondée par l'ayatollah Khomeiny, pour fournir des jeunes volontaires aux troupes d'élite durant la guerre Iran-Irak. En 1980, profitant de la faiblesse des forces armées iraniennes qui subissent les purges du nouveau régime islamique, l’Irak envahit l’Iran avec le soutien des Etats Unis.
Un demi-million de jeunes iraniens de 12 à 20 ans se sont ainsi enrôlés plein d’espoir pour être plus ou moins employés comme chair à canon. À la fin de la guerre en 1988, le successeur de Khomeiny, l'ayatollah Ali Khamenei, en fait une milice en charge de la répression intérieure. Cette « force d’intervention populaire rapide », regroupe selon les sources de 4 à 10 millions de jeunes miliciens. Ce sont les bassidj qui ont été mobilisés par le guide suprême pour réprimer dans le sang les manifestations estudiantines de Juillet 1999.
Cette photo hors sujet, prise près de Azadi square, me plait car elle représente en de nombreux points l’image que je garde de Téhéran du début des années 2000.
En arrière-plan, un monument édifié en 1971, pour le 2500ème anniversaire de l'Empire Perse, symbolisant le grand écart traditionnel et culturel vécu par la société iranienne. En avant plan, un téléphone sonnant dans le vide, incarnant une bureaucratie lourde et omniprésente. Et des jeunes filles en tchador, multipliant les indices de protestation contre le pouvoir des mollahs, et jouant au chat et à la souris avec les pasdaran. Ces derniers sont également en charge du bon respect du code vestimentaire et moral islamique en vigueur depuis la Révolution ! La lutte quotidienne de « gagne terrain » de ces jeunes femmes iraniennes pour « l’égalité des sexes » est simplement héroïque. Une mèche rebelle qui tombe du foulard. Un foulard de couleur au lieu du foulard noir de rigueur. Le bas d’un jean tendance et des chaussures à talon dernier cris dépassant du tchador. Des ongles de pieds et de mains vernis. Récemment, des femmes voulant faire un pied de nez au régime des mollahs, ont même réclamé que les hommes portent eux aussi la djellaba !
Ancienne ambassade des Etas Unis en Iran - Université d'Imam Hossein, Académie des collèges et des beaux arts des gardiens de la Révolution Islamique.
Plus loin, une photo plus classique de l’ambassade des Etats Unis, fermée depuis la « crise iranienne des otages ». L’occupation de l’ambassade des États-Unis à Téhéran entre le 4 novembre 1979 et le 20 janvier 1981 et la prise en otage de ses personnels, ont poussé l’administration Carter à rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Tandis que je prends la photo de l’ambassade, un jeune iranien dans un état second se précipite vers moi. Le jeune homme me crie en pleine rue les bras ouverts qu’il adore les Etats Unis, et que toute la jeunesse iranienne attend l’invasion des américains pour les libérer de la dictature des Ayatollahs ?! C’est certainement vrai mais le jeune Iranien me semble surtout sous l’emprise de la drogue. Depuis l’avènement des Talibans en Afghanistan, toute la région est arrosée d’opium et d’héroïne, que l’on se procure pour trois fois rien et très facilement à tous les coins de rue de Téhéran. En 1999, seul les Etats-Unis soutiennent encore les talibans et leur présence à l’ONU. L’enjeu ? Faire transiter jusqu’à la mer le pétrole de gisements nouvellement découverts en Asie Centrale, via le Pakistan et surtout l’Afghanistan, sécurisé par les Talibans. Des talibans seront même formés à l’entretien des Pipelines. Paris perdu, ils préféreront l’exploitation des champs de pavots, et la production d’opium, nettement plus lucratif.
« Pour protéger et renforcer la révolution il faut toujours garder en mémoire les martyrs »Ya Fatemeh (affiche jaune).
Lors d’un aller-retour à l’aéroport de Téhéran, je reconnais l’équipe de France de Karaté, et notamment Seydina Balde, champion de monde en titre. Je vais au-devant de Seydina qu’un ami karatéka m’a présenté lors d’un open international de Karaté. L’équipe de France est invitée à un tournoi international pour fêter le vingtième anniversaire de la Révolution Islamique. L’équipe de France, comme toutes les autres équipes internationales, est « assignée à résidence » dans un Hôtel de Téhéran. Je leur fourni une voiture avec chauffeur pour s’échapper par la porte de service de l’hôtel et faire le tour de Téhéran le jour, tandis que nous nous voyons pour sortir le soir. Le jour de la compétition, dans une ambiance surréaliste et sous un portrait gigantesque de l’Ayatollah Khomeiny, l’équipe de France remporte plusieurs médailles d’or, en individuel et par équipe. Et la Marseillaise retentit à plusieurs reprises dans le gymnase aux couleurs de la révolution islamique. A l’époque, le magazine Ceinture Noire a qui je propose le reportage, a le bon goût de signer l’article à ma place et de ne jamais me rendre mes photos !
J’appelle l’ambassade de France le lendemain pour leur annoncer la bonne nouvelle et nous buvons le champagne à l’ambassade le soir même. C’est la que je sympathise avec l’un des conseillers de l’Ambassade qui me présentera lors de soirées chez lui, à une élite intellectuelle iranienne, souvent en opposition avec le régime en place… Une élite qui me dira que le renversement du Shah d’Iran et la mise au pouvoir de l’Ayatollah Khomeiny ont été organisés par les occidentaux quand le Shah s’est mis en tête de faire de son pays une puissance industrielle plutôt que de continuer à vendre son pétrole « trois francs six sous » en échange d’armes et d’avions de chasses américains. Une élite qui me parlera du soutien Irano-Russe au commandant Massoud lutant contre des Talibans eux-mêmes soutenus par le Pakistan et les Etats Unis sur fond de guerre énergétique. Le rapprochement géopolitique de l’Inde et de l’Iran contre le Pakistan… Et j’en passe…
Pour l’Université de Téhéran en Théologie Elahiat o Maaref Eslam, "... et il faut se préoccuper de ce problème de manière à ce que l'Université soit islamique afin d'en être un avantage pour le pays. Il faudrait faire en sorte que l'Université ne soit pas influencée par l'une des deux puissances (Occident et Orient) », Guide suprême ayatollah Khomeiny. « La foi et la confiance en soi sont de solides bases", Guide suprême ayatollah Khamenei.
Fin 1999, le prix du pétrole s’envole de 17 à 30 $ le baril. Les caisses de l’Etat dont l’économie repose à 95% sur l’exportation du pétrole, se remplissent de « billets verts ». Le gouvernement qui avait fait son budget sur la base d’un pétrole à 13 $ le Baril, débloque les projets industriels consommateurs de devises, dont le notre.
« Israël doit disparaitre de la carte du monde », Guide Suprême Ayatollahs Khomeiny. En mémoire du Martyr Ahmad Jafar Ghasir, mort en 02/08/60 (calendrier iranien).
La signature de notre contrat a lieu dans nos locaux à Paris, en présence de son excellence Monsieur l’Ambassadeur d’Iran en France... Après plusieurs heures de négociation âpre avec le partenaire industriel iranien, la situation est complètement bloquée. Son excellence prend alors pour la première fois la parole, afin de nous évoquer la négociation des otages français au Liban entre Monsieur Jacques Chirac, à l’époque Premier Ministre, et lui-même, alors Ministre des Affaires Etrangères.
L'année 78 (1378, calendrier islamique à partir de la naissance du prophète), année du Guide Suprême Ayatollah Khomeiny.
"Après avoir épuré une dette de 200 millions de francs de la Syrie, qui empoisonnait depuis plusieurs mois les relations entre les deux pays et avait fait capoter une tentative de libération quelques semaines auparavant, il reste à l'époque à la France à négocier le cas iranien. De loin le plus épineux! Outre les tensions diplomatiques issues du soutien de la France à l'Irak de Saddam Hussein, les Iraniens ont un grief beaucoup plus profond à l'encontre de la France: le dossier Eurodif. Eurodif était un projet de nucléaire civil international basé en France et auquel participait l'Iran à hauteur de 10%. Après la révolution islamique, la France n'a plus reconnu l'Iran comme actionnaire. Une situation inacceptable pour Téhéran. " (source Nouvel Obs).
L’ambassadeur nous raconte comment Monsieur Jacques Chirac lui promit de régler une dette envers l'Iran (sans mentionner le dossier Eurodif) si l’Iran faisait libérer les otages. Tandis que la position iranienne était de libérer les otages une fois le dossier Eurodif indemnisé. Jacques Chirac raconta alors au Ministre qu’en Corrèze, les bêtes sur les foires se vendent en se tapant dans la main, et qu’une parole donnée a plus de valeur qu’un contrat écrit. Et Jacques Chirac enchaîna en disant qu’il était lui-même corrézien, et qu’il promettait d’annuler la dette iranienne si l’Iran faisait libérer les otages.
L’ambassadeur nous dit que l’Iran fit confiance à la parole donnée par Jacques Chirac. L’Iran fit libérer les otages, et Monsieur Jaques Chirac tenu sa promesse… "L'Iran fût indemnisé par la France à hauteur de 330 millions de dollars quelques mois après la libération des otages français" (source Nouvel Obs).
Sur ces bonnes paroles, les deux parties s’assirent sur leurs différents et la signature de mon contrat industriel en Janvier 2000 mit fin à mes chroniques iraniennes. Quelques années plus tard, l’échec du Président Khatami à faire passer ses réformes, laissera une porte ouverte au maire ultra conservateur de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad, qui lui succèdera à la présidence de l’Iran en 2005. Mahmoud Ahmadinejad, soutenu par le Guide Suprême, renforcera sa main mise sur le pays au travers des pasdaran et des bassidji dont il est issu. Ce sont ces derniers qui disperseront les manifestants à coup de matraques, et qui seront accusés d’avoir tiré dans la foule lors des manifestations contre sa réélection controversée en 2009...
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