Needles, Solent, Ile de Wight - Traversée de la Manche à la Voile.
10 sept. 2012Needles, Solent, Isle of Wight - Crossing the Channel by Sailing.
English translation at the end of the article.
Que dire de cette formidable expérience ? J’avais déjà traversé quelques mers, mais toujours en Paquebot.
La Mer Méditerranée… Facile...
La Mer des Caraïbes en croisière sur sur le Mermoz… Une Orgie !
La Mer Baltique, en plein hiver, dont une partie en Brise-Glace… Dantesque !
La Mer de Marmara, de Bursa à Istanbul. Dans le brouillard et à la corne de brume… Très chaud. Dans tous les sens du terme!
C’était là mon baptême à la voile. Invité par Pascale et Philippe, un couple d’amis proches, sur leur Ovni de 14 mètres.
A participer à un rallye à la voile entre Cherbourg et les Needles, sur les côtes anglaises.
Les souvenirs qui me restent de cette traversée de la Manche, le "Channel" comme l'appellent les Anglais, ce sont des émotions.
Comme les touches multicolores d’un pinceau de peinture sur une toile impressionniste…
La bouée devant les Needles est une cardinale ouest, la 1H-Bridge. - The buoy in front of the Needles is a west cardinal, the 1H-Bridge.
La sortie de Cherbourg au moteur au Soleil Levant, dans la rade majestueuse et déserte. Seuls au Monde !...
Le maintient du Bateau face au vent le temps de monter les voiles.
Le grondement du moteur qui s’arrête enfin. Et le Bateau qui file dans un souffle. Magique !…
Et puis le Mercalm, en prévision du mal de mer, parce que la Manche, ça bouge tout de même un petit peu ! D’autant que nous aurons tout le week-end « un temps de Brun », comme on dit « dans Ch’Nord » !
Philippe attentif lors de la traversée du "Rail des Casquets"... - Philippe attentive while crossing the "Rail des Casquets"..
Philippe attentif lors de la traversée du "Rail des Casquets"... - Philippe attentive while crossing the "Rail des Casquets"...
17 nœuds de vent de côté (Multiplier par deux et enlever 10% pour convertir en Km/h), le bateau file à 8.5 nœuds au mieux. Philippe est à la barre. Pascale m’a donné deux cachets de Mercalm.
Le froid, la pluie, le vent, la mer qui vous berce, je suis allé m’assoupir dans le carré... Et j’ai Dormi. Avec un grand D ! Car si parfois je dors bien, question sommeil, je suis rarement parti aussi loin. Au cinquième sous-sol, façon « Inception » !
Je ne savais pas que l’on puisse aller aussi profond, et surtout en revenir ! J’ai récupéré deux mois de stress et de fatigue en deux heures de sieste...
"Ca bip de partout !" Je suis réveillé par les alarmes radars. Nous allons traverser le Dispositif de Séparation du Trafic (DST) des Casquets, aussi appelé le "rail" des Casquets.
"La réglementation de la navigation en Manche est nécessaire à cause du grand nombre de bateaux de grande taille y circulant. La mer de la Manche est un des couloirs maritimes les plus fréquentés au monde, correspondant à une fourchette de 200-500 navires qui passent quotidiennement au large du Cotentin." (Wikimanche)
Porte-conteneurs et Pétroliers croisés sur le Rail des Casquets... - Container ships and oil tankers crossed on the Casquets Rail...
Porte-conteneurs et Pétroliers croisés sur le Rail des Casquets... - Container ships and oil tankers crossed on the Casquets Rail...
Dans les faits, le « Rail » est un couloir maritime à double sens de peut-être 3 à 4 km de large. Un "Rail" parcourant la manche à l’usage des porte-conteneurs, pétroliers et paquebots. Traverser le « Rail » en voilier, c’est comme traverser l'autoroute en fauteuil roulant au milieu d’un troupeau de « 38 tonnes » !
C’est dans La Manche avec Hong-Kong que l’on rencontre les plus gros trafics de porte-conteneurs, pétroliers et paquebots. Par son statut de bras de mer entre l'océan Atlantique et la mer du Nord, la Manche constitue la principale voie maritime entre l'océan Atlantique et l'Europe du Nord.
Plus de 20 % du trafic mondial des navires déclarés passe par la Manche. Le « Rail », c’est l’autoroute des porte-conteneurs, pétroliers et paquebots!
Réveillé par les alarmes lors du passage du Rail des Casquets... La carte du Traffic sur la Manche, un jour comme les autres... - Awakened by the alarms during the passage of the Rail des Casquets... The map of Traffic on the Channel, a day like any other...
Philippe est très attentif (nous aussi de fait !) et passe sans cesse des jumelles à la table à carte. Il identifie les porte-conteneurs, pétroliers et paquebots, leurs trajectoires, et leurs vitesses. Il faut viser le bon, et lui passer derrière au plus près pour éviter ceux qui suivent ou qui se cachent derrière. Car ces « bestiaux » là, c’est comme les trains : « Un Porte-Conteneur peut en cacher un autre ! ».
Quand ils sont loin, ils sont déjà gros et semblent faire du sur place. Plus on s’en approche, plus ils n’en finissent pas de grossir, grossir… Et d’aller de plus en plus vite !
L’image lorsque l’on est au milieu du "Rail", de la douzaine de gigantesques navires arrivant sur nous de face me restera longtemps en mémoire. Et que dire des bateaux qui il n’y a pas si longtemps, traversaient le "Rail" dans le brouillard sans instrument à la corne de brume !
Le "Rail des Casquets" est passé, ça se fête ! Nous ne sommes pas encore en vue des côtes anglaises, que la langue a déjà changé. « Winch, proue, poupe, bout, aussières, border, choquer, bâbord, tribord ».
Et je vous fais grâce des rangées de cordes «de pianos» de tous les noms, commandant aux mâts et voiles du navire de part et d’autre du cockpit...
« T’Punch ? ». Ça, je connais, j’arrive !
Passage au large des légendaires Needles, sur l'Île de WIGHT... - Passage off the legendary Needles, on the Isle of WIGHT...
Nous arrivons peu de temps après aux légendaires Needles, sur les côtes de l’Ile de Wight. Quelques heures ? Quelques Minutes plus tard ?... Difficile à dire sans rester le nez sur sa montre.
L’échelle du temps en bateau est différente de l’échelle terrestre. Un bruit suspect sur le bateau, un changement de vent, un bip d’alerte sur la tablette, une entrée au port ? On passe en l’espace d’un éclair de longues périodes de veille, à des phases de stress et d’activité intenses.
Passage au large des Needles sur l'Île de WIGHT... - Passage off the legendary Needles, on the Isle of WIGHT...
Les Needles, à la pointe occidentale de l'île de Wight, sont une suite mythique de trois pics de craie détachés du littoral par l’érosion. Le phare à la silhouette légendaire des Needles se dresse sur l'une d'entre elles depuis 1859. Le nom de la formation provient d'un quatrième stack en forme d'aiguille qui s'est effondré lors d'une tempête en 1764.
Malgré cela, le nom « Needles » est resté...
Nous dépassons les Needles, au large de la bouée 1H-Bridge, et entrons dans la Mecque britannique de la voile, le Solent. Là se croisent de nombreux pavillons «Bleu» et «White Ensign» que nous retrouverons le lendemain dans le petit port de Yarmouth.
Le Pavillon « Bleu Ensign » est réservé aux retraités et réservistes de la Royal Navy. Le plus prestigieux est le «White Ensign ». Plus correctement appelé « St. George's Ensign » du fait de la représentation de la croix du même nom. Il est le pavillon de la Royal Navy. Le Royal Yacht Squadron et les vaisseaux accompagnant la Reine l'arborent également.
L’entrée dans le Solent ne s’improvise pas. Il faut passer au bon moment par le bon côté, sous peine de faire du sur place !
6 nœuds dans les voiles, 6 nœuds de courant contraire, et il ne vous reste plus qu’à jeter l’encre... Et à attendre une demi journée, 6 heures pour être précis, que le courant s’inverse !
Nous traversons le Solent et remontons l’Hamble River jusqu’à la Marina d’Hambleton, où nous dînons le soir au Royal Air Force Yacht Club.
Le Royal Air Force Yatch Club... So British ! On n’y mange pas très bien, mais ce que l’on retient, c’est la chaleur toute britannique de l’endroit. L’épaisse moquette verte impeccable, les fauteuils moelleux en velours rouge. Les piercings et tatouages des serveuses souriantes en tenue impeccable. Le barman au crane de hooligan qui s’active sur une vraie pompe à bière pour en sortir le précieux Liquide…
J’ai déjà bu des bières dans un pub anglais à la sortie d’Heathrow ou de l’Eurostar. Mais boire une bière au Royal Air Force Yatch Club après une traversée de la Manche, cela a une saveur toute particulière !
Le Royal Air Force Yatch Club, dans la Marina de Hambleton... - The Royal Air Force Yacht Club, in Hambleton Marina..
Le Royal Air Force Yatch Club, dans la Marina de Hambleton... - The Royal Air Force Yacht Club, in Hambleton Marina...
Et puis il y a la plongée dans le temps. Les photos d’époques dans le lobby du Royal Air Force Yatch Club, des Spitfires et de leurs pilotes émérites. Des portraits austères, d’un autre temps, d’officiers de la Royale Air Force. Arborant d’épaisses moustaches sorties de « la grande vadrouille », et de larges sourcils remontés en pointes. De vrais masques de guerres !
Nous reprenons le lendemain le Solent en sens inverse pour aller faire la fête « à couple » avec tous les bateaux du rallye, sur un ponton du port de Yarmouth.
Revue de cap, affinage constant du réglage des voiles en fonction des caprices du vent. Tous les bateaux se tirent la bourre au «pouième de nœud», tandis que nous préférons profiter de la traversée autour d’une bouteille de champagne...
L'OVNI de Philippe et Pascale dans le port de Yarmouth, Île de WIGHT... - The OVNI of Philippe and Pascale in the port of Yarmouth, Isle of WIGHT...
Les "trés courtois" et sympas Harbour Masters de Yarmouth... - The "very courteous" and friendly Harbor Masters of Yarmouth...
Je m’amuse sur le ponton du port de Yarmouth, à écouter se chambrer les équipages qui ont fait la course. Les gagnants fanfaronnent et s’appliquent à enfoncer le clou là où ça fait mal, tandis que les perdants font preuve d’une mauvaise foi sans borne.
Tant au niveau du « pilotage » fin des bateaux que par l’ambiance «Joe Bar Team» qui règne sur le ponton, nous sommes tout près du «milieu motard», et je sais de quoi je parle.
Des pavillons Red, Blue et White Enseign croisant dans le port de Yarmouth... - Red, Blue and White Ensign flags crossing the port of Yarmouth...
Des pavillons Red, Blue et White Enseign croisant dans le port de Yarmouth... - Red, Blue and White Ensign flags crossing the port of Yarmouth...
Le temps de sortir l’annexe, et nous partons pour une rapide visite de Yarmouth. Le « crachin local » est un bon prétexte pour terminer au Pub du village devant une bonne pinte. Après ces deux jours de mer qui « ramènent à l’essentiel », je me régale de tout ce qui m’entoure. L’ambiance à la fois sombre et chaleureuse au coin des cheminées du Pub. Le vieux carrelage en pavés d’époque. Les murs de pierres et poutres apparentes. Le barman qui s’active sur de vraies pompes à bière. Le couple de vieux anglais habitués au coin près de la fenêtre. Monsieur lit le journal en buvant une pinte. Madame l’assiste en buvant une pinte. Le sourire attendrissant du vieux couple lorsque je les salue en repartant du Pub...
Retour au ponton... Pour décorer les bateaux et se préparer pour la fête du soir ! - Back to the pontoon... To decorate the boats and prepare for the evening party!
Retour au ponton... Pour décorer les bateaux et se préparer pour la fête du soir ! - Back to the pontoon... To decorate the boats and prepare for the evening party!
Retour au ponton... Pour décorer les bateaux et se préparer pour la fête du soir ! - Back to the pontoon... To decorate the boats and prepare for the evening party!
Les bateaux sont décorés de fanions de toutes sortes. Les plus sérieux arborent les pavillons de courtoisie de tous les pays qu’ils ont traversés. D’autres, les sous vêtements (dixit) de toutes leurs conquêtes féminines. Le ponton est baigné dans une ambiance conviviale où se mêlent dans une même passion pour la mer. Des marins bretons purs et durs, des plaisanciers plus aisés, et un médecin de marine aux milles anecdotes...
L’harbour master, invité, ne manque pas de se joindre à la fête. J’ai beaucoup aimé cet officier de port souriant, abordant les bateaux avec beaucoup de courtoisie pour leur réclamer leur nuitée. Avec invariablement la même formule polie : « I am afraid I will have to ask you some money »...
Election "animée" du meilleur Rhum du ponton... Et analyse des meilleurs chansons et sketchs à l'applaudimètre... - "Animated" election for the best Rum of the pontoon... And analysis of the best songs and sketches by applause meter...
Election "animée" du meilleur Rhum du ponton... Et analyse des meilleurs chansons et sketchs à l'applaudimètre... - "Animated" election for the best Rum of the pontoon... And analysis of the best songs and sketches by applause meter...
Election "animée" du meilleur Rhum du ponton... Et analyse des meilleurs chansons et sketchs à l'applaudimètre... - "Animated" election for the best Rum of the pontoon... And analysis of the best songs and sketches by applause meter...
Chaque équipage a préparé un spectacle en costume, tantôt un sketch, tantôt une chanson de répertoire ou de circonstance. Nous chantons « Comme l’Oiseau » emmenant tout le ponton avec nous. Mais le succès à l’applaudimètre reviendra à un remake du Titanic avec une Rose particulièrement poilue. Le tout se terminant par une dégustation destructrice pour élire le meilleur Rhum du ponton.
Elu à l’unanimité dégustateur pour le compte de notre équipage (bizarre ?!), j’ai vu passer des cocktails de toutes les couleurs, du marron au vert fluo. Et je n’ai jamais autant recraché de Rhum de ma vie. Un sacrilège !
" Apéro Time", avec un petit chablis frais et délicieux... - “Apéro Time”, with a little fresh and delicious Chablis...
" Apéro Time", avec un petit chablis frais et délicieux... - “Apéro Time”, with a little fresh and delicious Chablis...
Nous repartirons pour Cherbourg le lendemain après midi, après un petit déjeuner très tardif (gueule de bois oblige), partagé sous de timides rayons de soleil avec les goélands de Yarmouth...
Les goélands se posent sur le muret... Il est l'heure de déjeuner ! - The gulls are landing on the low wall... It's time for lunch!
Le courant s'est inversé dans le Solent... Le médecin de marine aux milles anecdotes repart pour le Havre... - The tide has reversed in the Solent... The naval doctor with a thousand anecdotes leaves for Le Havre...
Le courant s'est inversé dans le Solent... Le médecin de marine aux milles anecdotes repart pour le Havre... - The tide has reversed in the Solent... The naval doctor with a thousand anecdotes leaves for Le Havre...
Je garde en mémoire notre arrivée magique à Cherbourg de nuit. Après une traversée tout au moteur sur une mer comme je n’en avais jamais vue. Une mer « d’huile », au sens « sale » comme au figuré !
Le sentiment psychédélique à la proue du bateau de naviguer à travers les limbes. Et l’occasion de faire au milieu de la Manche, une de mes photos à la fois les plus « moches » et emblématiques...
Et une traversée de la Manche vers Cherbourg sur une mer d'huile surnaturelle... - And a crossing of the Channel towards Cherbourg on a sea of supernatural oil...
Une mer d’huile recouverte de fines pellicules de gasoil. Un horizon où se mêlent le ciel et l’eau dans un dégradé de gris glauque. Une nappe marron de pollution stagnant dans les airs… Nous approchons du "Rail"…
Une nappe marron de pollution stagnant dans les airs… Nous approchons du "Rail"… - A brown sheet of pollution stagnant in the air… We are approaching the “Rail”…
Needles, Solent, Isle of Wight - Crossing the Channel by Sailing.
What can we say about this wonderful experience? I had already crossed a few seas, but always by liner.
The Mediterranean Sea… Easy...
The Caribbean Sea on a cruise on the Mermoz… An Orgy!
The Baltic Sea, in the middle of winter, part of which is an Icebreaker… Dantesque!
The Sea of Marmara, from Bursa to Istanbul. In the fog and the foghorn… Very hot. In every sense of the term!
This was my baptism of sailing. Invited by Pascale and Philippe, a couple of close friends, on their 14 meter OVNI.
To take part in a sailing rally between Cherbourg and the Needles, on the English coast.
The memories that remain for me of this crossing of the Channel, the “Channel” as the English call it, are emotions.
Like the multicolored touches of a paint brush on an impressionist canvas…
Leaving Cherbourg by motor at sunrise, in the majestic and deserted harbor. Alone in the world !...
Keeping the boat facing the wind while the sails are raised.
The roar of the engine finally stopping. And the Boat which speeds away in a breath. Magic !…
And then the Mercalm, in anticipation of seasickness, because the Channel still moves a little! Especially since we will have a bad weather all weekend.
17 knots of side wind (Multiply by two and subtract 10% to convert to Km/h), the boat travels at 8.5 knots at best. Philippe is at the helm. Pascale gave me two Mercalm tablets.
The cold, the rain, the wind, the sea that rocks you, I went to doze off in the saloon... And I Slept. With a capital S ! Because if sometimes I sleep well, when it comes to sleep, I have rarely gone this far. In the fifth basement, “Inception” style!
I didn't know you could go that deep, and especially come back! I recovered two months of stress and fatigue in two hours of nap...
It’s beeping everywhere! I am woken up by radar alarms. We will cross the Casquets Traffic Separation Device (DST), also called the Casquets “rail”.
"The regulation of navigation in the Channel is necessary because of the large number of large ships circulating there. The Channel Sea is one of the busiest maritime corridors in the world, corresponding to a range of 200-500 ships passing through. daily off the Cotentin." (Wikimanche)
In fact, the “Rail” is a two-way maritime corridor perhaps 3 to 4 km wide. A "Rail" crossing the Channel for use by container ships, oil tankers and liners. Crossing the “Rail” in a sailboat is like crossing the highway in a wheelchair in the middle of a herd of “38 ton” semi-trailer trucks!
It is in La Manche with Hong Kong that we encounter the largest traffic of container ships, oil tankers and liners. By its status as an arm of the sea between the Atlantic Ocean and the North Sea, the Channel constitutes the main maritime route between the Atlantic Ocean and Northern Europe.
More than 20% of reported global vessel traffic passes through the Channel. “Rail” is the highway of container ships, tankers and liners!
Philippe is very attentive (in fact we are too!) and constantly passes from the binoculars to the chart table. It identifies container ships, oil tankers and liners, their trajectories, and their speeds. You have to aim for the right one, and pass behind him as closely as possible to avoid those following or hiding behind. Because these monsters are like trains: “One Container Ship can hide another!” ".
When they are far away, they are already big and seem to be standing still. The closer we get, the more they keep getting bigger and bigger... And going faster and faster!
The image when we are in the middle of the "Rail", of the dozen gigantic ships approaching us from the front will stay in my memory for a long time. And what about the boats which, not so long ago, crossed the "Rail" in the fog without a fog horn!
The “Rail des Casquets” has passed, it’s worth celebrating! We are not yet in sight of the English coast, as the language has already changed. “Winch, bow, stern, tip, hawsers, tuck, shock, port, starboard”.
And I will spare you the rows of “piano” strings of all names, commanding the masts and sails of the ship on either side of the cockpit...
“T’Punch?” ". I know that, I’m coming!
We arrive shortly after at the legendary Needles, on the coast of the Isle of Wight. A few hours ? A few minutes later?... Difficult to say without keeping your nose on your watch.
The time scale on a boat is different from the land scale. A suspicious noise on the boat, a change in wind, a warning beep on the tablet, an entry into port? We go from long periods of wakefulness to phases of stress and intense activity in the space of a flash.
The Needles, at the western tip of the Isle of Wight, are a mythical series of three chalk peaks detached from the coastline by erosion. The legendary Needles lighthouse has stood on one of them since 1859. The name of the formation comes from a fourth needle-shaped stack which collapsed during a storm in 1764.
Despite this, the name “Needles” remained...
We pass the Needles, off the 1H-Bridge buoy, and enter the Temple of British Sailing, the Solent. There we meet numerous “Blue” and “White Ensign” flags which we will find the next day in the small port of Yarmouth.
The “Blue Ensign” flag is reserved for retirees and reservists of the Royal Navy. The most prestigious is the “White Ensign”. More correctly called "St. George's Ensign" because of the representation of the cross of the same name. It is the flag of the Royal Navy. The Royal Yacht Squadron and the vessels accompanying the Queen also display it.
Entry into the Solent cannot be improvised. You have to go to the right side at the right time, otherwise you'll end up standing still!
6 knots in the sails, 6 knots of opposing current, and all you have to do is throw in the ink... And wait half a day, 6 hours to be precise, for the current to reverse!
We cross the Solent and up the Hamble River to Hambleton Marina, where we have dinner in the evening at the Royal Air Force Yacht Club.
The Royal Air Force Yacht Club... So British! We don't eat very well there, but what we remember is the very British warmth of the place. The thick, impeccable green carpet, the soft red velvet armchairs. The piercings and tattoos of the smiling waitresses in impeccable outfits. The bartender with the hooligan's skull who works on a real beer pump to extract the precious Liquid...
I have already had beers in an English pub just outside Heathrow or the Eurostar. But drinking a beer at the Royal Air Force Yatch Club after crossing the Channel has a very special flavor!
And then there is the dive back in time. Vintage photos in the lobby of the Royal Air Force Yatch Club, of the Spitfires and their distinguished pilots. Austere portraits, from another time, of officers of the Royal Air Force. Sporting thick mustaches emerging from “the big mop”, and large eyebrows raised into points. Real war masks!
The next day we take the Solent in the opposite direction to go and party “as a couple” with all the rally boats, on a pontoon in Yarmouth harbour.
Course review, constant refinement of sail adjustment according to the whims of the wind. All the boats are pulling each other to the limit, while we prefer to enjoy the crossing with a bottle of champagne...
I have fun on the pontoon in Yarmouth harbor, listening to the crews who took part in the race argue. The winners boast and focus on hitting the nail on the head where it hurts, while the losers show boundless bad faith.
Both in terms of the fine “piloting” of the boats and the “Joe Bar Team” atmosphere that reigns on the pontoon, we are very close to the “motorcycle scene”, and I know what I am talking about.
Time to take out the dinghy, and we leave for a quick visit to Yarmouth. The “local drizzle” is a good excuse to end up at the village pub with a good pint. After these two days at sea which “bring back to basics”, I enjoy everything that surrounds me. The atmosphere is both dark and warm at the corner of the Pub's fireplaces. The old period paving stone tiling. Stone walls and exposed beams. The bartender who works on real beer pumps. The old English couple used to the corner by the window. Gentleman reads the newspaper while drinking a pint. Madame assists him by drinking a pint. The endearing smile of the old couple when I greet them as they leave the Pub...
The boats are decorated with pennants of all kinds. The most serious fly the courtesy flags of all the countries they have crossed. Others, the underwear (dixit) of all their female conquests. The pontoon is bathed in a friendly atmosphere where the same passion for the sea combines. Pure and die-hard Breton sailors, wealthier boaters, and a marine doctor with a thousand anecdotes...
The harbor master, invited, does not fail to join the party. I really liked this smiling port officer, approaching the boats with great courtesy to ask them for their overnight stay. With invariably the same polite formula: “I am afraid I will have to ask you some money”...
Each crew prepared a costume show, sometimes a sketch, sometimes a repertoire or occasional song. We sing “Comme l’Oiseau” taking the whole pontoon with us. But the success with the applause will go to a remake of the Titanic with a particularly hairy Rose. All ending with a destructive tasting to choose the best Rum on the pontoon.
Unanimously elected taster on behalf of our crew (weird?!), I saw cocktails of all colors pass by, from brown to fluorescent green. And I've never spit out so much Rum in my life. A sacrilege!
We will leave for Cherbourg the next afternoon, after a very late breakfast (hangover required), shared under timid rays of sunshine with the Yarmouth gulls...
I remember our magical arrival in Cherbourg at night. After a crossing under engine on a sea like I had never seen. A sea of “oil”, both in the “dirty” sense and figuratively!
The psychedelic feeling on the bow of the boat sailing through limbo. And the opportunity to take one of my most “ugly” and emblematic photos in the middle of La Manche...
A sea of oil covered with thin films of diesel. A horizon where the sky and water mingle in a shade of murky gray. A brown sheet of pollution stagnant in the air… We are approaching the “Rail”…