Sur la route d'Antalya, « la Riviera Turque »
Expulsés du Kurdistan et « escortés » avec peu de discrétion par la police secrète Turque qui ne nous a pas lâché depuis qu’elle nous a arrêté au Lac de Van, nous débarquons bien malgré nous du bus à Antalya, avec l’étrange impression de changer de monde. Comme si nous passions tout d’un coup à un voyage en couleur après l’avoir vécu en noir et blanc. Noir, blanc et « Kaki » devrais-je dire, compte tenu du nombre de casernes, patrouilles et postes militaires en tous genres que nous avons croisés et traversés au Kurdistan turc.
En stop avec jeune chauffeur routier, de Diyarbakir à Mersin, en passant par Gazianthep.
La mosquée Mugdat, à Mersin
C'est à partir de Diyarbakir que nous avons réellement senti que nous quittions le Kurdistan. Un jeune chauffeur routier nous a pris en stop à la sortie Diyarbakir. Le jeune homme nous a invités à passer la nuit chez lui et ses frères à Gazianthep. Et repartis au milieu de la nuit, le jeune chauffeur routier nous a déposés le lendemain à l’aube Mersin. Le jeune homme, étudiant en médecine, se faisait un peu d’argent en livrant « Sabah », un quotidien turc. Et c’est de Mersin que nous avons pris un bus pour Antalya.
La baie d'Antalya, entourrée par la chaîne des monts Taurus.
Cette semaine d’interrogatoires et de contrôles de passeport tous les 5 km en « zone de guerre » aura tout de même eu le mérite de nous affûter. Et nous remarquons aisément avec Nicolas, mon compagnon de baroud, les policiers en civil qui quadrillent la ville, tantôt en patrouille, tantôt en en planque dans leurs voitures banalisées. Cette présence policière dans les lieux touristiques du pays est compréhensible. Nous sommes en Avril 1998, au plus fort des conflits entre le gouvernement turc et les indépendantistes PKK, et qui plus est à l’aube de Norouz, la fête nationale Kurde. Qu’à cela ne tienne, notre séjour au Kurdistan a été plus court que prévu, nous avons quelques jours à tuer avant notre retour à Paris, le chef de la police de Van nous a dit d’aller dépenser notre argent dans les boîtes de nuit d’Antalya, alors « on visite », vu que nous sommes hors saison et que les boîtes de nuit sont fermées.
A gauche, une mosquée d'Antalya sur le chemin du vieux port. A droite, le minaret de la mosquée Yivli, emblême de la ville.
Le vieux port d'Antalya.
On « visite, et on s’instruit ». Surnommée la "Riviera turque", Antalya est la capitale touristique de la côte méditerranéenne turque, où l’on peut mêler découvertes culturelles et farniente à la plage dans des eaux cristallines. C’est à Antalya, « pays de tous les peuples » en Turc, que l’apôtre Paul débarqua lors de son premier voyage en Asie Mineure en 45 ap JC.
La baie d'Antalya.
Depuis sa fondation en 150 av. J.-C. par Attale II, roi de Pergame, la ville a toujours été habitée. Les Romains, les Byzantins et les Seldjoukides s’y sont succédés avant que la ville ne tombe sous la loi ottomane. De sorte qu’Antalya regorge de sites archéologiques réputés, comme les ruines de Termessos, Aspendos ou Sidé.
La baie d'Antalya, entourrée par la chaîne des monts Taurus.
Je garderai essentiellement deux images de ce rapide séjour à Antalya. Celle du majestueux Minaret de la Mosquée Yivli, dominant la Méditerranée du haut des falaises de la ville. Ce minaret construit en 1230 de briques rouges et de faïence bleue, est l’emblème d’Antalya. Et l’image magique de la baie d’Antalya, encerclée de falaises abruptes au pieds des chaines Taurus, et baignée en son centre d’une lumière divine perçant à travers des nuages menaçants…
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