Turquie - Pamukkale (Pamukale) – "Le Château de Coton"
A mesure que nous approchons de Pamukkale dans le Sud Ouest de la Turquie, ce qui apparaissait au loin comme une falaise recouverte de neiges éternelles au milieu de collines arides de la province de Denizli, « un mirage de glace au milieu du désert », laisse la place à une curiosité géologique extraordinaire, fabriquée par les eaux chaudes qui s’écoulent des entrailles de la montagne.
A la descente du taxi, au pied des monts Côkelez, je reste stupéfait face l’immense falaise d’une blancheur éclatante, dominant la plaine de Cürüksu. Un mur de 200 mètres de haut, constituée d’une myriade de vasques blanches immaculées et scintillantes d’une eau bleutée, formant les marches anarchiques d’un escalier géant.
En faisant l’ascension de la colline, nous découvrons quelques unes des 17 sources d’eau chaude qui sont à l’origine du paysage irréel que nous traversons. Ce sont ces sources thermales chargées de calcite, qui ont façonné une formidable cascade pétrifiée et immaculée et donné à la montagne une apparence de forteresse de coton. Plus scientifiquement, ces sources, dont certaines atteignent 45°C, sont saturées de sels minéraux et de gaz carbonique. Le dioxyde de carbone en se libérant à l'air, fait précipiter le carbonate de calcium contenu dans l'eau, lequel se dépose, sous forme pâteuse, sur les flancs de la colline, et durcit ensuite lors de l'évaporation de l'eau. Chaque litre d'eau délivre un demi-gramme de carbonate de calcium.
L’endroit est peuplé depuis des temps immémoriaux. Une tradition ancienne veut que l'Apôtre Philippe l'ait évangélisée et Y ait été crucifié, sous Domitien, vers l'an 87. Prêtant à ces sources d’eaux chaudes des vertus curatives aussi formidables que leur pouvoir de métamorphoser la colline, les Anciens y fondèrent une station thermale, Hierapolis, vers la fin du IIe siècle avant Jésus-Christ. En dépit des deux séismes qui la ravagèrent dans les premiers siècles de notre ère, l’endroit restait prospère et peuplé.
Passée définitivement sous contrôle romain en 129 avant Jésus-Christ, Hierapolis continua de prospérer sous ses nouveaux maîtres. C'était une ville cosmopolite où se côtoyaient Anatoliens, Gréco-Macédoniens, Romains et Juifs. Les sources chaudes qui attiraient des foules de curistes servaient également à dégraisser et â teindre la laine. Ville thermale, ville sainte, Hiérapolis devint également un centre important de l'industrie textile.
Les IIème et IIIème siècles marquèrent l'apogée de la ville romaine. Le déclin ne s'amorça qu'après 330 lorsque Constantin inaugura solennellement la "Nouvelle Rome", Constantinople, qui deviendra plus tard Istanbul.
"Constantinople, la Nouvelle Rome, qui deviendra plus tard Istanbul..."
« Pamukkale », « le château de coton ». C’est le nom que les Turcs donnèrent plus tard à ce site extraordinaire lors de leur conquête de l'Anatolie.
« Pamukkale », « le château de coton », un site inscrit depuis 1988 sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO, méconnut et vierge lors de notre passage à la fin des années 90, mais devenu aujourd’hui en bien ou en mal, l’étape incontournable de tous les tours opérateurs proposant un séjour en Turquie.
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