Yemen - Saada region (Sa’dah) - Graduation in a Koranic school on the Saudi border...

English translation at the end of the article

YEMEN - Région de Saada (Sa'dah) - Remise de Diplômes dans une école coranique sur la frontière saoudienne.

L’essentiel de mon séjour dans la tribu Al Tahl est maintenant derrière moi, et je dois maintenant penser au retour sur Sanaa, où m’attend un avion dans quelques jours. J’en parle à Abdallâh qui confirme aussitôt mon vol par téléphone satellite, et m’arrange un retour en 4x4 avec le frère du Cheikh Mohamed, qui doit retourner sur la capitale pour les affaires de la tribu… Le Cheikh Hassan m’interpelle à la fin du déjeuner. « Il n’y aura pas de séance de qat cet après-midi. Nous devons partir dans la minute avec une dizaine de gardes et des notables de la tribu, à une célébration de remise de diplômes de fin d’année ». Je prends deux pellicules photos sur les conseils du jeune Cheikh, et suis le groupe sans discuter, ravis de vivre une nouvelle aventure de la vie quotidienne de la tribu… Mais je comprends après les deux premières heures d’un trajet interminable, que je n’ai pas bien compris où nous allions. Notre voyage va durer plusieurs jours ! Je suis parti sans affaires de toilettes, ni affaires tout court !! Et je ne parle pas de mon avion !!! J’en parle au Cheikh Hassan qui me rassure aussitôt. « Tu seras de retour après demain au Palais, pour partir à Sanaa avec mon oncle… ».

Des montagnes acérées au Nord de Saada, dans des paysages d’une autre Galaxie…

Des montagnes acérées au Nord de Saada, dans des paysages d’une autre Galaxie…

Notre convoi de 4x4 avance au pas sur des chemins de montagnes défoncés. Ma boussole indique plein Ouest, vers la frontière saoudienne. Les kilomètres défilent au compte-gouttes, au rythme des bottes de qat que nous mâchons pour oublier le temps. Le convoi traverse des paysages sidérants, des canyons rougeoyants, et des plateaux rocheux parsemés de cratères, remplis d’une eau venue d’on ne sait où ?! On se croirait débarqués sur Mars ou Vénus ! La légende raconte que le massif rocheux que nous traversons, « est un morceau de Lune tombé du ciel ! », commente le Cheikh Hassan en souriant… Et paradoxalement, bien que l’univers qui nous entoure soit entièrement minéral, sans trace de vie, nous croisons régulièrement des groupes d’enfants joyeux. Les jeunes yéménites refont la route pierre par pierre sur quelques mètres, juste pour permettre aux 4x4 de passer des cols où des passages dangereux aux bords de ravins vertigineux. Un travail de titans pour de simples enfants. Une tâche pour laquelle le Cheikh Hassan ne manque jamais de donner quelques billets, pour la plus grande joie des jeunes terrassiers en herbe…

Une pause dans la savane avec la tribu Al Thal au Nord de Saada...

Une pause dans la savane avec la tribu Al Thal au Nord de Saada...

La nuit tombe brutalement. Je ne sais pas comment le Cheikh Hassan arrive à retrouver son chemin dans le dédale de montagnes aux pics acérées et lugubres qui se détachent au-dessus de nos têtes dans un tapis d’étoiles. Le convoi enjambe des champs de buissons épineux, traverse des lits de rivières, ou suis parfois plus simplement les cours d’eau asséchés. La piste disparaît régulièrement pour ne réapparaître qu’à l’entrée de petits villages perdus dans les montagnes. Je scrute chaque détail de vie à travers les vitres du 4x4. Je ne veux rien manquer de ces villages nids d’aigles d’un autre temps, aux maisons de pierres éclairées par la lumière scintillante de lampes à huiles ancestrales. Au diable l’humilité, je ressens une ivresse rare ! Celle des « grands explorateurs » ! Et le jeune Cheikh comme s’il devinait mes pensées, me confirme que je suis à sa connaissance le premier étranger occidental, à pénétrer aussi loin dans cette région…

Le Cheikh de la Tribu Al Thal monte vers le Chapiteau où va se dérouler la cérémonie au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Le Cheikh de la Tribu Al Thal monte vers le Chapiteau où va se dérouler la cérémonie au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Arrivée au terme de notre périple, quelque part sur la frontière Saoudienne…

Le convoi s’arrête aux limites du massif montagneux, dans un petit village perché à plus de deux milles mètres d’altitude à flanc de montagne. Face à nous, le paysage fuit dans un ravin vertigineux vers une immensité désertique, plane et aride, que l’on devine au clair de lune. « C’est l’Arabie Saoudite », me dit un garde, le regard brillant d’excitation et d’admiration mélangées…

La Cérémonie a lieu sous un chapiteau géant, dressé sur le toit rasé d'une montagne au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

La Cérémonie a lieu sous un chapiteau géant, dressé sur le toit rasé d'une montagne au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Nous sommes tous rassemblés en cercle dehors, autours d’un Imam immense et rondouillard sur la terrasse d’une grande résidence surplombant la frontière saoudienne. Plein d’autocritique, l’Imam à la voix profonde et caverneuse, fait rire tout le monde en se moquant tour à tour de chacun, et en épinglant plus particulièrement ceux qui se réclament plus musulman que leur voisin. Du garde au Cheikh Hassan, tout le monde rie aux larmes tandis que l’Imam liste ces petits actes de tous les jours, que nous faisons sans y penser, et qui sont contradiction avec l’islam et toutes règles de savoir-vivre… Il terminera plus solennellement avant que nous ne nous couchions tard dans la nuit, en rappelant que « le plus grand des pêchers dans la vie qui nous est donnée, est l’inconscience, à commencer par celle des conséquences de nos propres actes » …

Une cérémonie sous haute surveillance au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Une cérémonie sous haute surveillance au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

L’hygiène du corps et de l’esprit, parmi les principes fondamentaux de l’Islam….

J’ai dormi dans la même chambre que le Cheikh Hassan, sur des matelas et coussins posés sur de magnifiques tapis persans. La nuit a été courte, très courte, réveillés par le premier appel à la prière, deux heures après nous être couchés. Je retrouve les gardes faisant leur toilette à l’eau glaciale d’une source. Les hommes se nettoient les sinus en respirant de l’eau par le nez. Je me suis mis il y a quelques jours par la force des choses, à cette pratique indispensable dans le désert. Avec les vents de sable et de poussières, j’ai attrapé une infection des sinus me faisant pleurer au moindre courant d’air…

Sous couvert religieux, de nombreux préceptes islamiques sont relatifs à l’hygiène et à la santé. Il y a bien sûr l’interdiction connue de manger du porc, une viande qui se conserve très mal dans les pays chauds, et qui a été la source d’une épidémie dévastatrice du temps du Prophète. Il y a le moins connu, comme le simple fait de devoir se laver les mains et les pieds cinq fois par jour avant d’aller prier. Et il y a la prière elle-même, qui assainit l’esprit mais aussi le corps... L’autre soir au palais, j’observais le vieux garde du portail, seul au loin au milieu de la cour. Je regardais l’homme poser son fusil et ses cartouchières, se frotter le visage, et commencer sa prière. Sorti du contexte religieux, je vis de loin un vieil homme se tenir debout, se baisser, s’accroupir, poser la tête sur le sol, se relever, et recommencer plusieurs fois… Sorti du contexte religieux, je vis de loin un vieil homme en excellente forme physique pour son âge, faire des mouvements de gymnastique, et les faire avec d’autant plus de facilité qu’il fait sa « gym » cinq fois par jour…

Les Cheikhs sont aux places d'honneur au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Les Cheikhs sont aux places d'honneur au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Une cérémonie sur le toit rasé d’une montagne, placée sous très haute surveillance…

La tribu s’est rassemblée autour de l’Imam dans la pièce principale de la résidence, pour attendre l’aube. La nuit est fraîche, et nous sommes tous emmitouflés dans des couvertures sur des coussins de soie, autour d’un immense plateau de thé fumant. L’Imam me garde près de lui. Il est ravi de « faire la connaissance d’un chrétien occidental, dans une contrée musulmane aussi reculée ». « Si tu restes quarante jours à mes côtés » dit-il en riant, « tu deviendras un vrai musulman ! ». Un garde entre dans la pièce au même moment dans l’éclat de rire général. Le bédouin nous alerte des premières lueurs du jour. Et toute la tribu se lève comme un seul homme pour aller admirer le lever du soleil sur l’Arabie Saoudite toute proche, qui nous nargue à quelques jets de pierres... D’autres tribus de la région sont arrivées jusque tard dans la nuit, et le petit village est complètement embouteillé de 4x4…

Des processions continues se forment tôt le matin, derrière les Cheikhs des différentes tribus, pour monter en file indienne jusqu’au lieu de la cérémonie. Les montagnes sont si acérées, que les yéménites des villages alentours ont été obligés de raser le toit d’une montagne, pour en faire une piste d’atterrissage. C’est là que va avoir lieu la remise des diplômes de l’école coranique, sous un immense chapiteau dressé pour l’occasion, et devant abriter plus de 3 000 yéménites… La cérémonie est sous très haute surveillance. Aux quatre coins de la montagne rasée, des gardes armés de mitrailleuses lourdes et de bazookas, protègent le chapiteau, d’une éventuelle attaque aérienne du « voisin saoudien » tout proche. Les gardes ont passé la nuit là, dehors, autours d’un feu discret, et pausent fièrement devant mon appareil photo… D’autres gardes du village assurent l’ordre sous le chapiteau, et assoient en rang les bédouins et les enfants des différentes tribus. Les Cheikhs qui subventionnent l’école, le Cheikh Hassan en tête, sont conviés aux places d’honneurs sur le côté...

Des yéménites déguisés, jouent une scène où une famille palestinienne est opressée par l'armée israelienne...

Des yéménites déguisés, jouent une scène où une famille palestinienne est opressée par l'armée israelienne...

Un rideau de voile blanc se lève sur la scène, et le spectacle commence. Des étudiants jouent des scènes de colères et de violences de la vie quotidienne. Des jambiyas sont dégainés, et les belligérants prêts à en découdre se figent lorsqu’un troisième étudiant lit dans un Coran géant posé sur un large pupitre, les passages correspondants devant ramener à la raison… Les spectacles se succèdent, et l’un d’entre eux me met assez mal à l’aise. Un bédouin habillé en palestinien, menotté sur une chaise dans une prison israélienne, est interrogé et assassiné devant ses enfants par un étudiant déguisé en officier israélien.

J’hésite à faire des photos de cette scène, bien que des gardes me le proposent comme pour me demander d’en figer l’injustice pour l’éternité… A côté de moi, un garde d’une trentaine d’années, pleure à chaudes larmes…

Allocution de l'Imam de l'école Coranique  au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Allocution de l'Imam de l'école Coranique au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

L’Arabie Saoudite et le Yémen, deux pays frères qui s’aiment jusqu’à la haine…

Le spectacle principal, beaucoup plus drôle celui-ci, témoigne des rapports ambigus nourris entre l’Arabie Saoudite et le Yémen. Au-delà de leurs problèmes frontaliers incessants liés à l’exploitation du pétrole, l’Arabie Saoudite riche de ses pétrodollars, et plus avancée que ses voisins, représentent le grand frère que les yéménites aiment jusqu’à la haine. Et les saoudiens eux, s’ils méprisent le monde arabe en général, admirent et craignent à la fois l’attachement aux traditions, et les qualités guerrières des yéménites.

Allocution de l'Imam de l'école Coranique  au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Allocution de l'Imam de l'école Coranique au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Le spectacle raconte l’histoire de deux marchands saoudiens qui ont tout perdu, et qui arrivent au Yémen pour ouvrir un commerce et tenter de refaire fortune. La pièce, pleine d’humour et d’autocritique, se moque à la fois de la « préciosité » des deux Saoudiens, et de la « rusticité » du Yémen, au travers du paysan yéménite qu’ils emploient pour toutes leurs basses besognes. Toute la salle rie à gorges déployées à chaque remarque outrée des deux saoudiens sur la saleté du pays, le caractère parfois rustre des Yéménites, et la rusticité de certaines de leurs traditions. Et même le Cheikh Hassan, qui sourit rarement, rie aux larmes à chaque nouvelle bêtise de l’employé yéménite, qui boit dans l’eau d’un crachoir, ou renverse en trébuchant un pot de chambre sur ses employeurs...

Allocution de l'Imam de l'école Coranique  au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Allocution de l'Imam de l'école Coranique au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

L’intervention de clôture de l’Imam, et la remise des diplômes aux enfants…

L’Imam immense et rondouillard prend place sur scène. Il est debout derrière un pupitre avec sa kalachnikov en bandoulière. Protégé du soleil par un parapluie tenu par un élève, l’homme de foi harangue l’auditoire au micro, avec des discours prônant l’Islam, la fierté nationale et le monde Arabe en général… Tandis qu’il retourne prendre sa place d’honneur aux côtés des Cheikhs, l’Imam me lance un regard interrogateur, comme s’il avait peur que j’interprète mal la violence du ton de son discours. Je salue l’Imam d’un sourire et d’un signe de tête pour son éloquence, pendant que la salle l’applaudit avec dignité et discernement. Une dignité et un discernement qui manquent cruellement dans les salles où interviennent les candidats et présidents américains, lorsqu’ils discourent pour vendre de la démocratie et de la liberté au monde à coup de morale et de F16 contre des petro dollars, mais je m’égare…

Procession des enfants de Allocution de l'école Coranique au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Procession des enfants de Allocution de l'école Coranique au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

A la fin des applaudissements, une procession d’enfants vêtus de blanc, un coran à la main, entre par l’arrière du chapiteau. Les jeunes yéménites font plusieurs le tour de la salle en chantant, une peu comme la célébration d’une communion, et terminent en plusieurs rangs assis face à la scène. Deux de leurs professeurs montent sur scène, et commencent la remise des diplômes. Ils appellent un à un les élèves, qui montent sur scène pour venir retirer leur certificat, un livre, et un cadeau sous les applaudissements des Cheikhs et de la salle toute entière...

Procession des enfants de Allocution de l'école Coranique au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Procession des enfants de Allocution de l'école Coranique au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Déjeuner avec les Cheikhs de la région dans l’école du village…

Une brume épaisse envahit les montagnes et le chapiteau vers midi, juste à la fin de la cérémonie. Les bédouins des différentes tribus, quittent le chapiteau en ordre, et descendent vers le village dans un brouillard à couper au couteau. L’Imam me garde près de lui. Nous sommes conviés avec les Cheikhs de la région et leurs gardes, à un déjeuner dans l’école du village. La brume cotonneuse, comme posée dans la cour de l’école pleine de gardes en armes, donne à l’endroit un caractère irréel. Les fidèles bédouins s’écartent tandis que nous pénétrons dans la classe principale, où nous attendent d’immenses plats de riz et de moutons. L’Imam m’invite à manger en cercle près de lui. Je suis honoré de voir les Cheikhs s’enthousiasmer à chaque phrase d’arabe que je parle en petit nègre, et aux efforts que je déploie pour me faire comprendre. Et tout le monde applaudit en riant quand l’Imam annonce que je vais rester avec lui quarante jours pour devenir un vrai musulman ! Mais trêve de plaisanterie. Nous mangeons en hâte comme à l’accoutumée quelques poignées de riz et de moutons, et laissons la place aux gardes qui attendent leur tour dans la cour. A la sortie de la classe, un bédouin verse de l’eau à la chaîne sur nos mains pour nous les laver, pendant que le Cheikh Hassan assis plus loin au milieu de sa garde rapprochée, se fait interviewer à la caméra par des journalistes yéménites. « C’est à la fois le Cheikh présent le plus important, et le principal promoteur de l’école » me dit fièrement l’Imam…

Les élèves de l'école coranique sont appelés un à un pour venir sur l'estrade, recevoir leur diplôme au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Les élèves de l'école coranique sont appelés un à un pour venir sur l'estrade, recevoir leur diplôme au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Les élèves de l'école coranique sont appelés un à un pour venir sur l'estrade, recevoir leur diplôme au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

Les élèves de l'école coranique sont appelés un à un pour venir sur l'estrade, recevoir leur diplôme au Nord du Yémen près de la frontiere Saoudienne...

L’aventure de cette remise de Diplôme improbable d’une école coranique au fin fond du Yémen se termine. Le chemin du retour est d’autant plus harassant que nous avons tous peu dormi. Le convoi fait une longue étape au creux des montagnes, sur les bords d’un wadi asséché.

Et tandis que nous restons tous assis en cercle, méditatifs, autour du Cheikh Hassan, je repense à ces deux jours de célébration, et à mon séjour dans la tribu Al Tahl. J’ai l’impression que tout cela n’a été qu’un rêve, et je m’étonne de me sentir aussi bien intégré, immergé dans la culture yéménite. Comme si j’avais déjà vécu au sein d’une tribu dans une vie antérieure, quelque part sur cette terre biblique...

Peut-être est-ce à cause de mes origines éthiopiennes et du Royaume de Saba qui s’étendait aux temps anciens à la fois sur le Yémen et l’Ethiopie ? Peut-être est-ce à cause de mon appétence pour la vie citoyenne en Tribu ? Peut-être est-ce tout simplement à cause de l’accueil chaleureux de la tribu Al Thal qui m’a accueilli ?

Perdu dans mes pensées, je me rappelle le jeune yéménite d’Aden, d’origine éthiopienne comme moi. Comment l’oublier ?! Je ne sais pas si Dieu existe, mais j’ai rencontré à ce jour 3 personnes bénies dans ma vie qui étaient clairement en ligne directe avec Lui. Le jeune garçon d’Aden au regard étincelant d’une lumière divine est l’une de ces 3 personnes…

Lors de nos conversations spirituelles, le garçon m’avait fait part de sa vision de la Vie Eternelle. Une vision qui, toute enfantine qu’elle soit, résout de nombreuses interrogations sur la vie et la mort, pourvu qu’on la médite.

Le yéménite au regard vert halluciné et hallucinant, évoquait

« nos âmes, comme autant de rivières et de fleuves,

qui à la fin de nos vies se jettent dans l’océan,

pour renaître ici où là, plus ou moins mélangées de toutes et de tous,

au gré du soleil, des nuages et du vent »…

Le Cheikh de la Tribu Al Thal qui promotionne l'école coraniquue, est interviewé au milieu de ses gardes à la fin de la cérémonie au Nord du Yémen sur la frontière Saoudienne.

Le Cheikh de la Tribu Al Thal qui promotionne l'école coraniquue, est interviewé au milieu de ses gardes à la fin de la cérémonie au Nord du Yémen sur la frontière Saoudienne.

Yemen - Saada region (Sa’dah). Graduation in a Koranic school on the Saudi border...

Most of my stay in the Al Tahl tribe is now behind me, and I must now think about the return to Sanaa, where a plane is waiting for me in a few days. I speak to Abdallâh who immediately confirms my flight by phone satellite, and I organize a return to Sanaa by 4x4 with the brother of the Sheikh Mohamed, who must return to the capital for the matters of the tribe ... The sheikh hassan calls me to the end of lunch. "There will be no Qat session this afternoon. We have to leave in the minute with a dozen guards and notables of the tribe, a celebration of graduation at the end of the year. " I take two photo film on the advice of the young sheikh, and follow the group without discussing, delighted to live a new adventure of the daily life of the tribe ... But I understand after the first two hours of an endless journey, that I 'I didn't understand where we were going. Our trip will last several days! I left without a toilet cases or spare clothing !! And I'm not talking about my plane !!! I'm talking about it at Sheikh Hassan who reassures me immediately. "You will be back after tomorrow at the Palais, to go to Sanaa with my uncle ...".

Our convoy of 4x4 advances slowly on smashed mountain paths. My compass indicates full west, towards the Saudi border. The kilometers parade on the dropper, to the rhythm of the Qat boots that we chew to forget the time. The convoy crosses staggering landscapes, glowing canyons, and rocky plateaus dotted with craters, filled with water from we know where?! It looks like landing on Mars or Venus! Legend has it that the rocky massif we are going through, "is a piece of moon falling from the sky! "Comments the Sheikh Hassan with a smile ... And paradoxically, although the universe around us is entirely mineral, without trace of life, we regularly meet groups of joyful children. Young Yemeni rebuild the road for a few meters, just to allow the 4x4 to pass dangerous passages at the edges of dizzying ravines. Titans work for simple children. A task for which the Sheikh Hassan never fails to give some money, to the delight of the young terrassiers …

Night falls suddenly. I don't know how Sheikh Hassan manages to find his way in the mangal maze with sharp and dismal peaks that stand out above our heads in a star carpet. The convoy spans fields of thorny bushes, crosses rivers beds, or sometimes simply follow dry rivers. The track regularly disappears to reappear only at the entrance of small villages lost in the mountains. I scrutinize every detail of life through the windows of the 4x4. I don't want to miss anything from these eagles nest villages from another time, with stone houses lit by the sparkling light of ancestral oil lamps. I feel a rare drunkenness! That of "great explorers"! And the young sheikh as if he guessed my thoughts, confirms to me that I am to his knowledge the first Western foreigner, to penetrate so far in this region ... 

Arrival at the end of our journey, somewhere on the Saudi border…

The convoy stops at the limits of the mountain range, in a small village perched more than two thousand meters above sea level on the mountainside. In front of us, the landscape disappears into a dizzying ravine towards a desert immensity, flat and arid, which we can sense in the moonlight. “It’s Saudi Arabia,” a guard told me, his eyes shining with mixed excitement and admiration…

We are all gathered in a circle outside, around a huge and plump Imam on the terrace of a large residence overlooking the Saudi border. Full of self-criticism, the Imam with his deep and cavernous voice makes everyone laugh by making fun of everyone in turn, and by particularly singling out those who claim to be more Muslim than their neighbor. From the guard to Sheikh Hassan, everyone laughs until they cry while the Imam lists these small everyday acts, which we do without thinking about it, and which are in contradiction with Islam and all rules of good manners... He will end more solemnly before we go to bed late at night, remembering that “the greatest sin in the life given to us is unconsciousness, starting with that of the consequences of our own actions”…

Hygiene of body and mind, among the fundamental principles of Islam….

I slept in the same room as Sheikh Hassan, on mattresses and cushions placed on magnificent Persian rugs. The night was short, very short, awakened by the first call to prayer, two hours after going to bed. I find the guards washing themselves with icy water from a spring. Men clean their sinuses by breathing water through their noses. A few days ago, by force of circumstances, I started this essential practice in the desert. With the winds of sand and dust, I caught a sinus infection making me cry at the slightest draft...

Under religious cover, many Islamic precepts relate to hygiene and health. There is of course the known ban on eating pork, a meat which keeps very poorly in hot countries, and which was the source of a devastating epidemic in the time of the Prophet. There is the lesser known, such as the simple fact of having to wash your hands and feet five times a day before going to pray. And there is prayer itself, which cleanses the mind but also the body... One evening at the palace, I observed the old gate guard, alone in the distance in the middle of the courtyard. I watched the man put down his rifle and cartridge belts, rub his face, and begin his prayer. Out of the religious context, I saw from a distance an old man standing, bending down, squatting, putting his head on the ground, getting up, and starting again several times... Out of the religious context, I saw an old man from a distance in excellent physical shape for his age, doing gymnastic movements, and doing them with all the more ease since he does his “gym” five times a day… 

A ceremony on the razed roof of a mountain, placed under very close surveillance...

The tribe gathered around the Imam in the main room of the residence, to wait for dawn. The night is cool, and we are all wrapped up in blankets on silk cushions, around a huge tray of steaming tea. The Imam keeps me close to him. He is delighted to “meet a Western Christian, in such a remote Muslim country”. “If you stay by my side for forty days,” he said, laughing, “you will become a true Muslim!” ". A guard enters the room at the same time to a general burst of laughter. The Bedouin alerts us to the first light of day. And the whole tribe gets up as one man to go admire the sunrise over nearby Saudi Arabia, which taunts us with a few stone throws... Other tribes from the region arrived late into the night , and the small village is completely clogged with 4x4s…

Continuous processions form early in the morning, behind the Sheikhs of the different tribes, to go up in single file to the place of the ceremony. The mountains are so sharp that Yemenis from surrounding villages were forced to raze the roof of a mountain to make a landing strip. This is where the graduation ceremony from the Koranic school will take place, under a huge marquee set up for the occasion, and intended to house more than 3,000 Yemenis... The ceremony is under very close surveillance. In the four corners of the razed mountain, guards armed with heavy machine guns and bazookas protect the marquee from a possible air attack from the nearby “Saudi neighbor”. The guards spent the night there, outside, around a discreet fire, and proudly pause in front of my camera... Other village guards ensure order under the marquee, and seat the Bedouins and the children of the different tribes. The Sheikhs who subsidize the school, with Sheikh Hassan at the head, are invited to the places of honor on the side...

A white veil curtain rises on the stage, and the show begins. Students act out scenes of anger and violence from everyday life. Jambiyas are drawn, and the belligerents ready to fight freeze when a third student reads from a giant Koran placed on a large desk, the corresponding passages intended to bring one to reason... The shows follow one another, and one of between them makes me quite uncomfortable. A Bedouin dressed as a Palestinian, handcuffed to a chair in an Israeli prison, is interrogated and murdered in front of his children by a student disguised as an Israeli officer.

I hesitate to take photos of this scene, although some guards offer it to me as if asking me to freeze the injustice for eternity... Next to me, a guard in his thirties, cries with hot tears...

Saudi Arabia and Yemen, two brother countries who love each other to the point of hatred…

The main show, much funnier this one, testifies to the ambiguous relations between Saudi Arabia and Yemen. Beyond their incessant border problems linked to oil exploitation, Saudi Arabia, rich in its petrodollars, and more advanced than its neighbors, represents the big brother that the Yemenis love to the point of hatred. And the Saudis, while they despise the Arab world in general, admire and fear both the attachment to traditions and the warrior qualities of the Yemenis.

The show tells the story of two Saudi merchants who have lost everything, and who arrive in Yemen to open a business and try to make their fortune again. The play, full of humor and self-criticism, mocks both the “preciousness” of the two Saudis, and the “rusticity” of Yemen, through the Yemeni peasant whom they employ for all their dirty work. The whole room laughed loudly at each outraged remark from the two Saudis on the dirtiness of the country, the sometimes boorish character of the Yemenis, and the rusticity of some of their traditions. And even Sheikh Hassan, who rarely smiles, laughs to tears at each new stupidity of the Yemeni employee, who drinks water from a spittoon, or stumbles over a chamber pot on his employers...

The closing speech of the Imam, and the presentation of diplomas to the children...

The immense and plump Imam takes his place on stage. He is standing behind a desk with his Kalashnikov slung over his shoulder. Protected from the sun by an umbrella held by a student, the man of faith harangues the audience at the microphone, with speeches advocating Islam, national pride and the Arab world in general... While he returns to take his place honor alongside the Sheikhs, the Imam gives me a questioning look, as if he was afraid that I would misinterpret the violence of the tone of his speech. I greet the Imam with a smile and a nod for his eloquence, while the room applauds him with dignity and discernment. A dignity and discernment that are sorely lacking in the rooms where American candidates and presidents speak, when they speak to sell democracy and freedom to the world with morality and F16s for petro dollars, but I stray from the subject...

At the end of the applause, a procession of children dressed in white, with a Koran in their hands, enters from the back of the marquee. Several young Yemenis go around the room singing, a bit like celebrating a communion, and finish in several rows seated facing the stage. Two of their teachers take the stage, and begin the graduation ceremony. One by one, they call the students, who go on stage to collect their certificate, a book, and a gift to the applause of the Sheikhs and the entire room...

Lunch with the Sheikhs of the region in the village school…

A thick mist invades the mountains and the marquee around noon, just at the end of the ceremony. The Bedouins from the different tribes leave the marquee in order, and descend towards the village in a fog that could be cut with a knife. The Imam keeps me close to him. We are invited with the Sheikhs of the region and their guards to a lunch in the village school. The cottony mist, as if lying in the schoolyard full of armed guards, gives the place an unreal character. The Bedouin worshipers step aside as we enter the main classroom, where huge dishes of rice and sheep await us. The Imam invites me to eat in a circle near him. I am honored to see the Sheikhs become enthusiastic about each sentence of Arabic that I speak awkwardly, and the efforts I make to make myself understood. And everyone applauds and laughs when the Imam announces that I am going to stay with him for forty days to become a true Muslim! But enough of the joke. We hastily eat a few handfuls of rice and sheep as usual, and leave room for the guards who are waiting their turn in the courtyard. At the end of the class, a Bedouin pours water on our hands to wash them, while Sheikh Hassan, seated further away in the middle of his bodyguard, is interviewed on camera by Yemeni journalists. . “He is both the most important Sheikh present, and the main promoter of the school” the Imam proudly told me.

The adventure of this improbable diploma presentation from a Koranic school in the depths of Yemen comes to an end. The way back is all the more tiring as we all slept little. The convoy makes a long stop in the hollow of the mountains, on the banks of a dry wadi.

And as we all sit in a meditative circle around Sheikh Hassan, I think back to these two days of celebration, and to my stay in the Al Tahl tribe. I have the impression that it has all been a dream, and I am surprised to feel so well integrated, immersed in Yemeni culture. As if I had already lived in a tribe in a previous life, somewhere in these biblical lands...

Perhaps it is because of my Ethiopian origins and the Kingdom of Saba which extended in ancient times to both Yemen and Ethiopia? Maybe it’s because of my appetite for civic life in a Tribe? Perhaps it was simply because of the warm welcome of the Al Thal tribe who welcomed me?

Lost in my thoughts, I remember the young Yemeni from Aden, of Ethiopian origin like me. How can I forget him?! I don't know if God exists, but I have met 3 blessed people in my life to date who were clearly in a direct line with Him. The young boy from Aden with his eyes sparkling with divine light is one of these 3 people...

During our spiritual conversations, the boy shared with me his vision of Eternal Life. A vision which, however childish it may be, resolves many questions about life and death, as long as we meditate on it.

The Yemeni with the hallucinatory and hallucinating green gaze, evoked

“our souls, like so many rivers and streams,

which at the end of our lives flow into the ocean,

to be reborn here or there, more or less mixed with everyone,

according to the sun, the clouds and the wind”…

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