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Ouzbékistan, Pérégrinations sur la Route de la Soie

par Yves MAILLIERE 28 Décembre 2014, 21:08 OUZBEKISTAN

        

 

 

Ouzbékistan, Pérégrinations sur la Route de la Soie


 

 

Je pousse les portes de l’hôtel Intercontinental de Tachkent et demande la discothèque. Le night-club de l’hôtel m’a été conseillé un pilote d’Air France Cargo qui vient régulièrement en Ouzbékistan voir sa fiancée. L’hôtesse du night club m’interpelle au milieu du hall et me demande de la suivre. La blonde russophone m’emmène au carré VIP. « C’est un peu plus cher mais beaucoup mieux » me dit-elle. Nous contournons la piste de danse. Des pin-up ouzbèks se déhanchent sous le regard vitreux d’hommes d’affaires au bar. La jeune femme me fait entrer par une porte dérobée dans une petite salle privée…

 

Nous sommes deux au carré VIP. Moi, et une caricature de GI black au crâne chauve, les mains pleines de dollars qu’il insère dans le string des filles dénudées qui font leur show… Qu’est-ce que je fais là ?! J’avais demandé au pilote Air France un endroit sympa pour passer une dernière soirée en Ouzbékistan avant de retourner sur Paris. On a dû mal se comprendre !

 

Et le GI, que fait-il là lui aussi ? La nostalgie sans doute ! Islam Karimov, président autoritaire de l’Ouzbékistan, a fait fermer la base militaire américaine de Khanabad au sud du pays, il y a un an. Je demande au GI s’il vient de l’autre base américaine, au Kirghizistan. Il me dit d’aller me faire voir ! J’obtempère. Le GI fait 2m de haut pour autant de large…

 

Je compte mes billets pour écouler mes petites coupures de fin de voyage. J’ai de l’argent dans toutes les poches et tous mes papiers sont en vrac. Je me suis fait contrôler par une brigade de police zélée sur « Broadway ». L’avenue Sayilgoh, surnommée « Broadway », est la promenade préférée des habitants de Tachkent pour flâner l’après midi et s’amuser la nuit !

 

   

 

Tachkent, porte d’entrée de la route de la Soie en Ouzbékistan, n’a pas le charme de ses sœurs du désert, Khiva, Boukhara et Samarkand. Tachkent, la « cité de pierre » en turc, est aujourd’hui une cité de verre et de béton, le centre d’affaires et politique du pays. Une ville à la croisée des chemins où les pin-up émancipées en mini jupes et téléphones portables, côtoient des femmes voilées de la tête au pied. Une ville où s’érigent des tours de plus en plus hautes et des centres commerciaux toujours plus modernes, comme pour crier sa volonté d’entrer de pleins pieds dans le monde capitaliste international.

 

« Broadway » est longée de cafés restaurants turcs et géorgiens, de chachliks, et de bars branchés aux décors occidentaux. L’avenue mène au square Amir Temur où la statue de « Tamerlan le Conquérant », a détrôné celle de Marx. Considéré comme un barbare sanguinaire sous l’ère soviétique, Islam Karimov a fait de « Tamerlan », le modèle de la jeune nation indépendante Ouzbèk... Depuis qu’il a pris le pouvoir en 1990, Islam Karimov a interdit tous les partis d’opposition et réprimé le moindre courant dissident. Il a mis les médias sous tutelle, et tous les aspects de la vie sociale, économique et culturelle sont sous son contrôle. Au musé de Tamerlan, près du square Amir Temur, Tamerlan et Islam Karimov se côtoient si intimement que l’on se demande à qui le musée est réellement consacré ! Je mangeais des brochettes de viande à un barbecue fumant de « chachlik » sur « Broadway » quand un groupe de policiers m’a embarqué sans raison. Après une fouille en règle, le gradé du poste m’a reconduit en ville. « Je suis désolé pour ce contrôle de routine, on est sur le qui vive », m’a-t-il dit, « à traquer les filières d’opium et d’héroïne afghanes, et les réseaux terroristes du MIU ». C’est quoi le MIU ? « Le Mouvement Islamiste Ouzbèk, basé dans les vallées du nord du Tadjikistan, soutenu par les talibans », ajoute t-il, « qui fait des incursions dans la vallée de Fergana et menace la stabilité de l’Asie Centrale »… Je lui concède que je ressemble effectivement à un afghano-iranien !...

 

Dans le club VIP, le GI ne rate pas une miette des danseuses qui se trémoussent, et sourit à pleines dents, un énorme cigare en bouche. Quelle caricature !... J’ai terminé de vider mes poches. Ma table est couverte de billets. Je compte et recompte les tas de billets et me remémore les débuts de mon périple en terre ouzbek, commencé quelques semaines plus tôt, ici même à l’aéroport de Tachkent…

 

L’airbus flambant neuf l’Ouzbékistan Airlines qui me dépose sur le tarmac de Tachkent est complètement vide. Nous sommes 4 dans l’avion ! Une tennis woman ouzbèk et son coach avec moi en seconde, et un jeune d’une ONG avec un gilet de reporter et une écharpe blanche voyageant à l’avant en business. Aussitôt débarqué, je prends un bimoteur pour Nukus, dans la région du Karapakalstan, au Far West de l’Ouzbékistan. Ce sera après un rapide tour de ce qu’il reste de la Mer d’Aral, le point de départ de « ma Route de la Soie…

 

La vieille terre Ouzbek est célèbre pour ses villes des mille et une nuits. Khiva, Boukhara et Samarkand sont trois joyaux sur la route de la soie parmi les plus belles villes du monde. Elles sont pour l’Ouzbékistan un trésor architectural sans pareil. Et pourtant, Ludmilla, une guide ouzbèk rencontrée à Boukhara, me dira que les touristes ont littéralement fuis le pays depuis quelques années. L’Ouzbékistan a une frontière commune avec tous les pays de l’Asie Centrale, dont l’Afghanistan. Ludmilla, coiffée et habillée à la mode européenne, accompagne un groupe de vieilles anglaises dans leur périple sur la route de la soie. « Ouzbékistan, Afghanistan, Pakistan… Les pays qui terminent pas « Stan » font peur depuis le 11 septembre » me lâche Ludmilla dans un soupir.

 

 

 

La route en minibus entre Nukus et Ourgentcht longe paisiblement le fleuve Amou Daria, vaste et majestueux. Rien à voir avec le mince filet d’eau arrivant péniblement jusqu’à la mer d’Aral. Le trajet se fait sans encombre, hormis les arrêts successifs du chauffeur pour acheter des Sazans aux rares pêcheurs à la ligne. Le Sazan est une sorte de grosse carpe très convoitée de l’Amou Daria, dont nous partagerons le fumet tout au long du trajet.

 

 

Nukus et Ourgentcht sont deux villes de l’ère Soviétique, désolées et désolantes, quadrillées par des artères démesurément larges et désespérément vides. Bien que sans intérêt, Ourgentcht a l’avantage de constituer une base arrière intéressante pour visiter Khiva à une dizaine de kilomètres. L’hôtellerie y est moins chère et il est facile de trouver des taxis collectifs pour Khiva à un demi Euro par personne. Je profite de mon arrêt à Ourgentcht pour donner des nouvelles à Isabelle dans un cybercafé bondé de jeunes ouzbèks jouant à une simulation de combat en réseau. Les jeunes m’accueillent la main sur le cœur. C’est comme cela que l’on se dit bonjour en Ouzbékistan. C’est ainsi, la main sur le cœur, qu’un marchand de soie m’a vendu des étoffes dans la vallée de Fergana, ou qu’un vieil homme m’a salué à dos d’âne dans les steppes autours de Tachkent... Il n’y a pas d’insécurité en Ouzbékistan. Hormis quelques arnaqueurs qui vous font le coup du porte monnaie trouvé par terre dans les bazars où vous venez de faire du change au noir. La vie est sécurisée par la mafia ouzbèk qui tient la plupart des hôtels et des restaurants, et qui a tout intérêt à ce que le séjour des touristes se passe sans accroc… Les jeunes Ouzbèks du cybercafé, avides d’informations du monde extérieur, m’emmènent passer la soirée en ville. L’occasion de parler géopolitique et de refaire le monde autour de quelques bières russes « Baltika », et d’un grand plat de Plov, du riz pilaf à la viande de mouton, le plat national Ouzbèk.

 

 

Les trois villes mythiques de la route de la soie, Khiva, Boukhara et Samarkand, sont de véritables musées à ciel ouvert, peuplées d’habitants qui en sont l’âme et le moteur.

 

L’histoire y est vivante et palpable au coin des rues. Les ateliers d’artisans comme au moyen age, abritent des sculpteurs sur bois, des soufflets de forge haletant, des tours de potiers couinant, et des cuves de teinturiers glougloutant. Les mosquées et les mazars (tombeaux) restent des lieux de pèlerinage comme il y a mille ans.


Des trois perles du désert ouzbek, Khiva est à la fois la ville la moins touristique et la plus authentique. Elle prend ses origines aux 5ème S avant JC, mais d’après la légende, son histoire commence à l’aube des temps, avec la construction d’un puit par Sem, un des fils de Noé.


  


Khiva prospéra du commerce de la Soie avec l’arrivée des arabes au 8ème siècle après JC, pour devenir la principale puissance économique de l’Orient musulman. Résistant aux assauts successifs de Gengis Khan, Khiva succombera sous Tamerlan, qui ruinera la ville pour restaurer la grandeur de Samarkand. Khiva est constituée de deux villes imbriquées l’une dans l’autre. Dichan kala, la ville extérieure et Itchan kala, la ville intérieure, séparée par une double enceinte en pisé. C’est grâce à ses fortifications qu’elle tombera bien plus tard que Boukhara et Samarkand sous le pouvoir de l’Empereur de toute les Russies en 1860.


 

Il fait un beau soleil sur Khiva et les jeunes femmes ouzbèks se promènent dans de longues robes multicolores. Soucieuse de protéger la blancheur de leur peau, elles prennent toutes le soin de s’abriter sous des ombrelles Des couples viennent de tout le pays pour se marier dans les décors hollywoodiens de cette ville des milles et une nuit. Les mariages se succèdent au pied du Kalta Minar, l’édifice le plus marquant de Khiva.

 


Le Kalta Minar est un minaret « avorté » recouvert de céramique bleue. Sa construction a été stoppée à 28m de haut à la mort du Khan. Il devait devenir l’édifice le plus haut du monde musulman. Je retiendrai également de Khiva le souvenir d’un repas traditionnel mémorable pour 3 Euros dans la cour intérieure d’une maison particulière. Un déjeuner fastueux allongé sur le tapchan devant une table basse recouverte d’amandes, d’olives, de chorbo (soupe), de plov, et d’une multitude de légumes inconnus, dont je ne connais le nom qu’en Ouzbèk. A la fin du repas, je converserai avec mes hôtes en sirotant un thé noir fumant et parfumé, me mettant ainsi tranquillement au diapason de l’Orient…

 

La traversée à 45 °C à l’ombre du désert des sables ocre du Kyzylkoum entre Khiva et Boukhara est interminable. Le bus traverse des paysages sans horizons d’où surgissent des yourtes et des chameaux entravés... Etonnant de voir autant de faciès différents parmi les passagers du bus. Ouzbèks turcophones, Tadjiks, Kazakhs, Tatars et Karakalpaks, les caravanes qui ont sillonnées la route de la soie pendant 3000 ans, ont généré en Ouzbékistan un gigantesque brassage des populations.

 

 

Il faut normalement 9 heures de bus pour relier les 500 km qui séparent Khiva de Boukhara. La route le long de l’Amou Daria, passe sur quelques kilomètres à travers un appendice du Turkménistan, qui permet au pays de contrôler une partie du fleuve. Entre un arrêt douanier problématique à cause de mon visa qui n’était pas multi entrée, et une panne d’amortisseur, le trajet durera 14h !

 

Pour le voyageur en caravane qui arrivait à Boukhara guidé par les 47 mètres du minaret Kalon, véritable phare du désert, Boukhara jaillissait de l’horizon comme une promesse de paradis au terme d’un long et dangereux périple chargé de trésors.

 

 

 

J’arriverai pour ma part à Boukhara de nuit, et séjournerai par hasard dans la famille qui a hébergé Pricilla Telmon et Sylvain Tesson lors de leur périple à cheval sur la route de la soie. La famille me montre avec fierté le livre « Carnet des Steppes » que les deux aventuriers leurs ont envoyé dédicacé. Ils gardent d’eux un merveilleux souvenir, regrettant seulement qu’ils mentionnent dans leur livre que Gengis Khan utilisait le minaret Kalon de la grande mosquée comme tour punitive pour y jeter quelques uns de ses sujets. « Il y a tellement d’autres choses à dire sur Boukhara », soupirent-ils.

  
 

La ville, mystérieuse et secrète, tire son nom du mot Monastère en sanscrit. Et pour cause, Boukhara compte plus de 360 mosquées, une par rue, bâties sur 10 siècles d’histoire.

 

Passant de main en main à travers les siècles, la ville sera détruite à maintes reprises et renaîtra à chaque fois de ses cendres grâce à sa position stratégique au carrefour de l’Inde de la Russie, de la Chine et de l’Iran. Gengis Khan l’assiègera pour venger l’attaque d’une caravane mongole et l’assassinat de ses ambassadeurs. Tamerlan la rasera comme Khiva pour restaurer la splendeur de Samarkand.
 
 

Et alors que Samarkand sombrera dans la luxure, Boukhara reprendra le devant de la scène religieuse pour devenir la ville sainte de l’Islam en Asie Centrale. Boukhara est aujourd’hui la 5ème ville sainte de l’islam après la Mecque, Médine, Jérusalem et Hébron. Et au temps de l’URSS, 3 pèlerinages à Boukhara équivalaient à un pèlerinage à la Mecque.

 

 

Il y a 300 km de Boukhara à Samarkand. Seulement 300 oserai-je dire. Malchanceux avec les bus depuis le début du voyage, je paye quelques euros à Igor, un chauffeur de camion, pour qu’il me prenne en stop.

L’occasion de partager avec lui le « meilleur Plov du pays » dans une gargote à quelques km avant Samarkand, et de l’écouter me parler de ses doubles voire triples boulots, pour faire vivre sa famille.

« Un quart de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Des salaires et des pensions de retraite ne sont pas payés. Pendant ce temps, la famille Karimov ne cesse de s’enrichir…Gulmila, la fille d’Islam Karimov, aussi belle que sans scrupule, s’est bâti un empire financier qui fait d’elle l’une des femmes les plus riches du monde ! » me dit-il…

 

Igor me dépose dans l’après-midi à Samarkand, aux pieds du mythique Registan, un ensemble de trois medersas (écoles) se faisant face dans un accord parfait.

 

 

 

 

 

 





 

Les façades du Régistan aux motifs et émaux multicolores, changent de couleurs au cours de la journée. Elles passent du bleu le matin au vert l’après-midi, jusqu’à prendre une teinte Or lorsque le soleil se couche...

 

J’entre à la barbe des gardiens dans une des tours du Registan. Il n’y a la place que pour une personne dans l’escalier étroit qui mène au sommet. On y grimpe en tâtonnant à quatre pattes dans une obscurité totale. En haut de la tour, la vue panoramique sur la cité est prodigieuse. On embrasse du regard plusieurs siècles d’histoire imprégnés de luttes et de passions.

 

Samarkand a vu passer les rois et les dynasties et a subi les destructions et la convoitise de plusieurs civilisations. Le secret de sa survie à travers les âges ? Avoir su accepter, accueillir et charmer les envahisseurs successifs sans jamais se soumettre. Un secret qui lui a permis au fil des invasions, de devenir plus forte que l’usure des pouvoirs…

  

Au loin, j’aperçois la coupole azur et cannelée du mausolée Gour Emir où repose le sarcophage de Tamerlan. Sur le fronton du mausolée Gour Emir figure une inscription à méditer en ces temps difficiles : « Heureux celui qui a refusé le monde avant que le monde ne le refuse ! »… 



 

Vieille de 2500 ans, Samarkand s’est enrichie du commerce de la soie jusqu’à ce que son secret de fabrication soit découvert par des missionnaires, qui ramèneront des œufs de vers à soie dans leur battons de pèlerins.


La perle de l’Est, comme elle est décrite dans les manuscrits Arabes, sera conquise et rasée par Gengis Khan en 1220. Et c’est Tamerlan, chef de clan Mongol Turquisé qui redonnera à la ville toute sa grandeur. Tamerlan, destructeur inhumain et bâtisseur passionné, rasera les autres villes de la route de la soie, et déportera à Samarkand les meilleurs artistes, artisans et architectes d’orient, pour y ériger le centre de l’univers culturel, scientifique et économique de son empire…

 
 


Du haut de la tour du Régistan, je couvre du regard le témoignage architectural du rêve de Tamerlan. Des monuments colossaux. Des minarets élancés, des palais fastueux, des mosquées majestueuses aux coupoles recouvertes d’émaux couleur ciel. Un jardin éternel de pierre azur qui fait de Samarkand, « la plus belle face que la Terre ait jamais tournée vers le soleil », telle que la décrivait le poète perse Omar Khayan…

 

Je loue un taxi pour remonter à l’origine de la route de la soie jusqu’à Marguilan dans la vallée de Fergana.

 

Marguilan, une cité ancienne du 1er siècle avant JC est connue comme l’un des centres de production de soie de l’Asie centrale. D’après le dicton, « un mètre de soie de Marguilan vaut toutes les terres de Boukhara ».

 

 

Khan Atlas, à Marguilan, est la plus grande usine de confection de soie d’Asie Centrale. J’y découvre toutes les étapes de la fabrication de la soie et du cocon. Des adolescents filent la soie tandis que des jeunes femmes aux robes multicolores fabriquent les étoffes derrière des métiers mécaniques traditionnels, dans un vacarme de claquement de bois et d’engrenage. Les jeunes filles s’amusent de voir l’une d’entre elles gênée devant moi, de cracher de l’eau sur les fils de soie de son métier à tisser pour les assouplir…

 
 


J’ai compté une douzaine de contrôles de passeports dans la vallée de Fergana, entre Tachkent et Marguilan. Tunnels, ponts, cols de montagne, il y a des check points de l’armée à tous les points géostratégiques de la vallée. Les soldats tendus au premier abord, me lance systématiquement « Francia, Zidane » dans un large sourire, à chaque fois que je leurs présente mon passeport français.

 

La vallée de Fergana, la plus grande Oasis de l’Asie Centrale, est une région sensible en raison de sa position charnière entre l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan, et à cause de contentieux sur le tracé des frontières. Convoitée depuis toujours pour sa richesse et sa position stratégique entre la Chine et l’Europe, la Vallée de Fergana est la boite de pandore de l’Asie Centrale. Et la révolte d’Andijan réprimée dans le sang il y a quelques années, est toujours palpable dans l’air…

 

 

Les 12 et 13 mai 2005, une centaine d’hommes en armes, rejoints plus tard par des partisans et des curieux, prennent d’assaut la prison d’Andijan pour libérer une vingtaine d’hommes accusés d’être des terroristes islamiques. Le groupe investit ensuite des garnisons militaires et des bâtiments administratifs, et mettent en place des tribunes où des habitants prennent la parole pour critiquer le gouvernement. Des troupes d’élites, dépêchées par Tachkent tirent alors sur la foule faisant 176 morts selon les autorités, cinq fois plus selon le CICR… Selon Tachkent les insurgés viennent de groupes islamiques du MIU, infiltrés dans le pays à partir du Kirghizistan, et servent des intérêts étrangers.

 

Peu après le 11 septembre, Islam Karimov a accepté de soutenir les EU dans leur guerre contre le terrorisme. L’Ouzbékistan a offert le camp de Khanabad pour servir de base arrière aux opérations de guerre en Afghanistan, en contrepartie des avions flambants neufs de l’Ouzbékistan Airlines ! Tachkent n’a pas apprécié que les Etats-Unis critiquent le massacre d’Andijan, et surtout que l’ONU transfère en Roumanie des insurgés qui s’étaient réfugiés au Kirghizistan, avec l’aide des bases américaines en Asie Centrale. La réaction d’Islam Karimov, craignant que Washington encourage un changement de régime dans son pays, ne s’est pas faite attendre. Le groupe de Shanghai, rassemblant la Chine, la Russie et quatre pays d’Asie Centrale, appelait 2 mois plus tard au retrait des bases américaines dans la région. Fin Juillet 2005, Tachkent signifiait à l’ambassade américaine, que les Etats-Unis disposaient de 6 mois pour évacuer la base de Khanabad au sud du pays. Les américains ont quitté la base Ouzbèk en Novembre 2005, et ont réussi à garder une base au Kirghizistan avec en toile de fond la main mise sur le pétrole d’Asie Centrale. La région pourrait vivre paisiblement, si la présence d’hydro carburants en quantité colossale ne l’avait pas projeté dans le jeu géopolitiques des grandes puissances.

 

Difficile de faire un bilan de ce voyage en Ouzbékistan. Un pays dont la richesse architecturale et l’hospitalité biblique des ses habitants en ferait presque oublier la dictature des Karimov, et l’enjeu géostratégique international dans lequel la région toute entière est plongée… La jeune Ouzbèk dénudée du carré VIP termine sa danse colée contre le GI qui sourit de toutes ses dents. La jeune femme prends ses dollars et vient vers moi. Je lui fait signe que je passe mon tour, termine ma « Baltika », et retourne à l’hôtel terminer son sac.

 

 

commentaires

J
Encore un beau reportage. Les photos sont cette fois à couper le souffle (dans le bon sens du terme) ! C’est vrai que c’est un pays auquel on pense rarement – jamais pour ma part, mais qui semble très riche.
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Y
C'est un très beau pays à Visiter. Merci Jo pour ton Message :)
M
Bonjour Yves, on a du mal à fermer ton blog quand on commence à le parcourir...merci pour toutes ces émotions. Nous allons parcourir l'Ouzbékistan quelques semaines , y a t'il un gros problème pour aller à Khiva si l'on à un passeport une seule entrée...faut -il "graisser la patte" des douaniers? Merci pour t'a réponse avant le 16 juillet si possible.<br /> Didier, marpotrip.com
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L
Merci pour ces belles photos qui donnent envie d’aller faire un long road trip à Ouzbekistan :)
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Y
Encore merci Lucas :)
R
Bonjour,<br /> J'ai une question je voudrais me rendre en Ouzbékistan mais je suis une fille qui voyage en solo est ce possible de s'y rendre et de se déplacer quand on est une fille?'
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Y
Je pense que oui. car je n'ai pas ressenti d'insécurité en Ouzbekistan, sauf une fois à une terrasse de café où des hommes me regardaient avec insistance comme préparant un mauvais coup, ou des petits délinquants dans les marchés. Mais je vous conseille tout de même de le faire au moins à deux. Bon Voyage :)
L
Vivement le 9 aout date de mon départ pour L'Ouzbékistan , je pars une dizaine de jours peut être un peut court, Noukous et la mer d'Aral, puis Khiva Boukhara, Samarkand et finir a Tachkent*
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Y
Je vous souhaite un très bon Voyage :)
H
Merci pour ce beau "reportage", je rêve de cette destination depuis que j'ai entrevu la splendeur de l'architecture dans ce pays . Un vrai coup de foudre pour moi ! J'ai pris plaisir à vous lire et mon envie de me rendre un jour là-bas est à son maximum :)
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M
Merci beaucoup Hélène :) :) :)
Z
Très belles photos qui auraient méritées d'être légendées
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L
Merci pour ce post cela nous donne un avant gout de notre prochain voyage....
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M
C'est comme un livre grand ouvert . Impressionnant par les photos et captivant par les textes .C'est magnifique . Merci
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M
Merci Marie Anne de ton passage et pour ton gentil message. Amitiés. Yves
B
Merci pour ce superbe blog qui me met l'eau à la bouche, je pars en Ouzbekistan dans une semaine. Béatrice
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Y
Merci Beatrice
A
C'est magnifique, ça me donne envie de partir tout de suite ;)<br /> <br /> Aurélie<br /> http://www.blogvoyage.net
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M
Un voyage magnifique. Qualité des photos, qualité de l'écriture et merveilleux pédagogue ! Pour tout cela, merci.<br /> marcelle
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E
Bonjour. J'ai apprécié ce reportage sur ce pays. Merci pour la balade.
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<br /> <br /> Merci de votre message. Il a d'autant plus d'importance pour moi que c'est le tout premier sur le Blog :<br /> <br /> Bien à Vous.<br /> <br /> Yves<br /> <br /> <br /> <br />

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