BOLIVIA - In the Black Hell of the POTOSI Mines.

English translation at the end of the article

 

BOLIVIE - Dans l'Enfer Noir des Mines de POTOSI.
El Cerro Rico, le mont Potosi...

El Cerro Rico, le mont Potosi...

Un indien découvre une « montagne d’argent » qui sera à l’origine d’un génocide…

Il était une fois en 1545 un indien de l’altiplano qui part à la recherche de deux de ses lamas perdus dans les montagnes. Et qui, toujours bredouille à la nuit tombée, allume un feu pour se réchauffer. Quelle n’est pas la surprise de Diego Hualpa quand sous l’effet de la chaleur, le sol se met à fondre laissant apparaître un liquide métallique argenté.

Diego Hualpa a t-il ensuite extrait lui-même le minerai avec un associé qui aurait donné, après une dispute, l’emplacement du filon aux conquistadores en boulimie de richesses après avoir mis à sac l’empire Incas ? A-t-il plus simplement gardé le silence pour préserver Pachamama, la « Terre Mère », et divulgué la présence du gisement à un aventurier espagnol de l’époque, Centano, lors d’une soirée bien arrosée ?

Une seule chose est sûre. Diego Hualpa ne pouvait pas imaginer un seul instant ce que sa découverte allait déclencher : Le génocide de 8 millions d’amérindiens et d’esclaves noirs africains, mangeant et dormant dans les mines sans jamais voir le jour, impitoyablement surexploités par les espagnols, décimés par les maladies, les accidents, et les mauvais traitements, quand ils n’étaient pas simplement exécutés à la moindre rébellion.

Un holocauste programmé pour l’exploitation infernale durant trois siècles du mont Potosi, « el Cerro Rico » (la colline riche), qui constitue à ce jour le plus grand gisement d’argent de l’histoire de l’humanité. « Un filon si extraordinaire qu’il aurait suffi à paver une route à deux voies entre Potosi et Madrid » !

El Cerro Rico, le mont Potosi...

El Cerro Rico, le mont Potosi...

La Casa Moneda...

La Casa Moneda...

L’exploitation « gratuite » du filon permettra à l’Europe d’accoucher du Capitalisme,

Les milliers de tonnes d’argent extraits par an à moindre frais des mines de Potosi et acheminés par voie de mer en Espagne, donneront naissance à la piraterie dans les caraïbes, et permettra à l’Europe en plein essor d’accoucher du Capitalisme ! Au début du 19ème siècle, la moitié de la production mondiale d’argent viendra toujours de Potosi. Le filon géré par les conquistadores fera la grandeur de l’Espagne mais provoquera également sa chute. Car le pays s’endettera tellement auprès de ses voisins en produits manufacturés, que l’argent finira par transiter directement entre Potosi et les grandes capitales européennes.

La place du marché de Potosi

La place du marché de Potosi

La gare routière de Potosi.

La gare routière de Potosi.

Et donnera naissance à Potosi, la plus grande ville des Amériques au 18ème siècle…

L’exploitation de la montagne d’argent, donnera naissance aussitôt à ses pieds de la ville de Potosi, qui deviendra au 18ème siècle avec ses 160 000 habitants et ses trésors d’architecture baroque, la plus grande ville d’Amérique, et la capitale culturelle et religieuse du Continent. Disposant de sa propre école de peinture, Potosi verra naître une cinquantaine d’églises et autant de bordels, dont un français, reconstruit à l’identique avec des « employées » venues de Paris…

Quatre siècles et demi plus tard, en 1987, Potosi et ses 4000 m d’altitude qui en font la ville d’importance la plus haute du monde, plus que Lhassa même, ont été déclarés patrimoine naturel et culturel par l’Unesco…

En chemin pour les mines de Potosi.

En chemin pour les mines de Potosi.

El Cerro Rico, le Mont Potosi.

El Cerro Rico, le Mont Potosi.

Le filon d’argent a disparu mais les mineurs sont restés, et extraient de l’étain…

Le filon d’argent « del Cerro Rico » est quasiment épuisé depuis plus d’un siècle. Mais les mineurs de Potosi, qui creusent inlassablement aujourd’hui de père en fils la roche au fond des galeries de la Montagne Rouge, ont troqué l’extraction de l’argent pour celle moins lucrative de l’étain...

Le marché aux Mineurs de Potosi...

Le marché aux Mineurs de Potosi...

Le marché aux Mineurs de Potosi...

Le marché aux Mineurs de Potosi...

C’est dans le quartier des mineurs balayé par des bourrasques de vent glacial sous un ciel d’un bleu insolent, que nous avons rendez-vous à l’aube avec Diego, un cousin de Marcos. Nous devons appréhender avec lui le temps d’une journée, l’enfer que continuent de vivre quotidiennement les mineurs de la montagne rouge. Diego et sa famille, tous mineurs de génération en génération, habitent ici dans les bidons villes de Potosi, dont ils terrassent eux-mêmes les égouts le week-end…

Sur les hauteurs de Potosi...

Sur les hauteurs de Potosi...

Sur les hauteurs de Potosi...

Sur les hauteurs de Potosi...

Nous sommes bien loin ici du faste de Potosi en contre bas, et de sa « Casa Moneda », le plus grand bâtiment colonial des Amériques, orné du masque de Bacchus, Dieu romain de l’opulence. La « Casa Moneda », bâtiment aux épais murs de pierres, fût édifié pour contrôler à la source la frappe des pièces d’argent marquées d’un « P » comme « Potosi »…

Les Mines de Potosi...

Les Mines de Potosi...

Les Mines de Potosi...

Les Mines de Potosi...

Les hommes commencent à mâcher de la coca avant de pénétrer dans les mines…

Diego nous emmène avec le vieux 4x4 familial en haut des 4700 mètres du mont Potosi, dominant la région toute entière. En contrebas, la ville s’éveille doucement tandis que des multitudes de mineurs sortent des baraquements et bidonvilles au pied des mines, pour s’engouffrer comme des fourmis par les centaines d’entrées qui mènent aux dix milles galeries qui courent dans les entrailles de la montagne rouge.

A l'entrée de la Mine de Potosi...

A l'entrée de la Mine de Potosi...

A l'entrée de la Mine de Potosi...

A l'entrée de la Mine de Potosi...

Du sang de lamas sacrifiés en offrande à Pachamama recouvre l’entrée des mines de Potosi…

Du sang de lamas sacrifiés en offrande à Pachamama recouvre l’entrée des mines de Potosi…

Du sang de lamas sacrifiés en offrande à Pachamama recouvre l’entrée des mines…

Diego salue des compagnons à l’entrée de la mine, assis à se partager un sac de coca acheté la veille au marché aux mineurs. Les hommes commencent à mâcher les feuilles pour se donner « force et courage » avant de plonger au cœur de la montagne. Isa reste attendrie devant l’image de l’un d’entre eux faisant un nid douillet à un jeune chiot avec sa veste. Sur les contours de l’entrée de la mine, des traces noires de sang séché témoignent du sacrifice récent de plusieurs lamas en offrande à Pachamama, pour implorer la protection des dieux et assurer la rentabilité de la mine. « Les lamas sont drogués et saoulés à l’alcool. Puis on les égorge et on les traîne dans la mine jusqu’à «El Tillo». Et ils servent de festin à la fin de la cérémonie », nous raconte Diego.

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Les femmes ne travaillent pas dans les mines, « Cela porte malheur ! »...

Nous suivons Diego et ses compagnons dans la mine, tandis que de vielles indiennes courbées par le poids des pierres et des années, s’attèlent déjà dehors à trier les petits minéraux dans les caillasses pour quelques bolivianos par jour.

« Les femmes sont interdites dans les mines » nous dit Diego, « cela porte malheur ! ». En contrebas, des enfants de 6 ans à peine, présentent différents minéraux sur des étalages de fortune, pour les vendre aux touristes de passage emmenés là par les différentes agences de voyage organisant le « tour des mines ». Dans une demi douzaines d’années, dès qu’ils auront les bras assez forts pour pousser un chariot, ces enfants suivront les traces de leurs pères et de leurs grands-pères dans les entrailles fumantes de la montagne rouge.

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Dans les artères de la mine, 45°C par endroits et un air saturé de gaz nocifs…

Nous avançons dans une atmosphère plombée de produits chimiques et de gaz nocifs, le dos courbé dans les galeries, pour ne pas se cogner contre les étais de bois dressés pour certains par les premières générations de mineurs. La température augmente rapidement, passant de 0°C et moins dehors, à près de 45°C par endroits. Nous cheminons dans une obscurité étouffante, les pieds dans de l’eau boueuse le long des rails sur lesquels les mineurs prennent leur élan pour sortir des chariots d’une tonne vers la lumière du jour… Et nous prenons mieux conscience des conditions de souffrance dans lesquelles sont morts ici des centaines de milliers d’esclaves…

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Des chariots d’une tonne de minerais, poussés par des enfants…

Diego nous alerte. Des cris de mineurs et le crissement métallique des roues d’un chariot raisonnent au loin dans la galerie. Diego nous ordonne de nous coller contre à la paroi. Nous coller où ? ! Le couloir fait à peine plus que la largeur des rails et moins d’un mètres et demi de hauteur. Je suis rassuré de voir Isa à l’abri dans un renfoncement et tente désespérément de coller aux parois en m’agrippant à la moindre aspérité dans la roche. J’aperçois les lampes des casques des mineurs, puis leurs visages crispés laissant entrevoir une dentition noircie par la coca. Ce sont des enfants… J’essaie dans l’excitation de prendre une photo et en oublie mon pied qui glisse sur le rail. Le chariot rempli de minerais me roule sur les orteils. La photo des adolescents en plein effort est prise mais à quel prix. J’ai peur d’enlever ma chaussure pour regarder le résultat. Et l’impression de chaleur qui me coule sur le pied est de mauvaise augure. Le chariot s’éloigne au pas de course des jeunes mineurs soucieux de ne pas perdre leur élan, et qui engueulent Diego de mieux encadrer ses amis !!!

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

De 20-25 ans en moyenne, les mineurs de Potosi dépassent rarement 40 ans…

Les mineurs que nous croisons ont en moyenne une vingtaine d’années. La durée de vie des hommes travaillant avec des moyens archaïques dans l’air étouffant des galeries, dépasse rarement 40 ans, soit 20 à 25 ans après leurs premiers jours à la mine. Quand ils ne meurent pas de la silicose, les mineurs périssent dans les accidents nombreux qui rythment la vie de la mine. « La dynamite, la coca et l’alcool à 96°C ne font pas bon ménage » nous dit Diego dans un sourire. En 1996, nous raconte-t-il, à l’époque où les mineurs étaient encore des employés, l’un d’entre eux a atteint l’âge de la retraite et a touché ses 230 $ de pension par an. Il est passé dans le journal car c’était le premier à y être arrivé vivant !!!

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

Mineurs dans les Mines de Potosi...

A la faillite des compagnies minières, les mineurs se sont mis à leur compte…

Quand les dernières compagnies minières ont mis la clef sous la porte faute de rentabilité, le coût de l’extraction de l’étain à Potosi dépassant de deux fois celui du court mondial, l’état a laissé le choix aux mineurs de rester sans travail, ou de s’organiser en coopératives privées. La majorité a préféré continuer à travailler, à s’exploiter elle-même sans protection sociale pour un salaire de misère, négociant leur récolte le week-end au plus offrant. « Que pouvions nous faire d’autre ? ! », nous dit Diego. «Mon grand-père était mineur, mon père était mineur, je suis mineur et je le resterai… La mine est notre fierté. Sans elle, nous ne sommes plus rien…». La famille de Diego et quelques autres forment ainsi un groupe d’une quarantaine de mineurs qui pour subsister, progressent chaque jour de quelques centimètres dans les veines de la mine, et sortent une cinquantaine de chariots d’une tonne de minerai par semaine. Le salaire de chacun dépend de la dureté ou le risque de sa tâche, celui qui martèle la paroi et manipule la dynamite en bas étant plus payé que celui qui pousse les chariots en haut…

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Enfants Mineurs dans les Mines de Potosi...

Les mineurs saouls, fêtent la fin de la semaine avec "El Tio" (prononcer "Tillo"), le Diable de la mine…

C’est Vendredi et les mineurs terminent leur semaine de dur labeur comme ils l’ont commencée, en compagnie « d’El Tio », le diable de la mine.

Il existe une quarantaine de représentations d’El Tio disséminés à chacun des niveaux de la montagne rouge. Ce sont des statues en céramique à forme humaine d’environ deux mètres cinquante de haut, avec une tête cornue de diable, des bottes de mineurs, et un énorme pénis dressé !

El Tio, « l’oncle » en espagnol, c’est « le mec qui en a ! » dans le jargon bolivien. Des mineurs se recueillent à tour de rôle devant lui tête basse, une main sur ses genoux. D’autres lui mettent des cigarettes allumées dans la bouche, lui posent un paquet de feuilles de coca à portée de main, et versent un peu d’alcool à ses pieds pour remercier Pachamama, la Terre-Mère. Diégo en profite pour remettre en place le fœtus de lama posé là pour assurer la fertilité de la mine. Puis tous fêtent ensemble dans des litres de bières la maigre récolte de cette nouvelle semaine de labeur, une semaine heureuse sans accidents ni décès.

Je me laisserai tenter à trinquer avec eux leur alcool local à 96°C, et ferai rire tout le monde en leur disant que j’ai l’impression de perdre mes dents !!!

Autours d’Isa et moi, le doyen du groupe d’une quarantaine d’années qui mâche sa coca sans discontinuer, parait en avoir vingt de plus, tandis que le plus jeune mineur, un verre de bière à la main, n’a que quatorze ans…

El Tio, le Diable de la Mine de Potosi...

El Tio, le Diable de la Mine de Potosi...

EPILOGUE : A l’époque où j’ai fait ce reportage, au tout début des années 2000, avec deux boîtiers Nikon F90x et de la Fuji Velvia 50, les mineurs vivotaient de l’extraction de la Mine. Et le tourisme autour du « Cerro Rico » démarrait à peine. Surtout à l’extérieur de la mine où les touristes pouvaient acheter et repartir avec des pierres aux éclats métalliques, vendues en contrebas par les enfants et les femmes et des mineurs.

Les Mines de Potosi sont déclarées depuis complètement épuisées, et le tourisme autours de la visite des mines mêmes, s’est fortement intensifié.

J’ai entendu et lu beaucoup de débat moraux autour du voyeurisme sur le tourisme des Mines de Potosi.

Loin de moi de porter des jugements de valeur. Mais je ne peux qu’encourager ce tourisme de masse dans les mines, pour peu qu’il profite aux mineurs, et qu’il se fasse dans le respect de ces lieux emprunts d’histoires et des âmes des 8 millions d’amérindiens et esclaves noirs africains qui ont laissé leur liberté et leur vie dans les entrailles du Cerro Rico…

El Tio, le Diable de la Mine de Potosi...

El Tio, le Diable de la Mine de Potosi...

BOLIVIA - In the Black Hell of the POTOSI Mines

An Indian discovers a “Mountain of Silver” which will be the origin of a genocide…

Once upon a time in 1545, there was an Indian from the Altiplano who set out in search of two of his llamas lost in the mountains. And who, still empty-handed after dark, lights a fire to warm up. What was Diego Hualpa's surprise when, under the effect of the heat, the ground began to melt, revealing a silvery metallic liquid.

Did Diego Hualpa then extract the ore himself with an associate who, after an argument, gave the location of the vein to the conquistadors hungry for wealth after having sacked the Inca empire? Did he simply keep silent to preserve Pachamama, “Mother Earth”, and divulge the presence of the deposit to a Spanish adventurer of the time, Centano, during a drunken evening?

Only one thing is certain. Diego Hualpa could not imagine for a single moment what his discovery would trigger: The genocide of 8 million Native Americans and black African slaves, eating and sleeping in the mines without ever seeing the light of day, mercilessly overexploited by the Spanish, decimated by illnesses, accidents, and mistreatment, when they were not simply executed at the slightest rebellion.

A holocaust planned for the infernal exploitation over three centuries of Mount Potosi, “el Cerro Rico” (the rich hill), which to date constitutes the largest deposit of silver in the history of humanity. “A vein so extraordinary that it would have been enough to pave a two-lane road between Potosi and Madrid”!

The “free” exploitation of the vein will allow Europe to give birth to Capitalism,

The thousands of tons of silver extracted per year at low cost from the mines of Potosi and transported by sea to Spain, will give birth to piracy in the Caribbean, and will allow a booming Europe to give birth to Capitalism! At the beginning of the 19th century, half of the world's silver production still came from Potosi. The vein managed by the conquistadores will make Spain great but will also cause its fall. Because the country will become so indebted to its neighbors in manufactured products that the money will end up passing directly between Potosi and the major European capitals.

And will give birth to Potosi, the largest city in the Americas in the 18th century…

The exploitation of the silver mountain immediately gave rise to the city of Potosi at its feet, which in the 18th century would become, with its 160,000 inhabitants and its treasures of baroque architecture, the largest city in America, and the cultural and religious capital of the Continent. With its own painting school, Potosi saw the birth of around fifty churches and as many brothels, including a French one, rebuilt identically with “employees” from Paris…

Four and a half centuries later, in 1987, Potosi and its 4000 m altitude which make it the highest major city in the world, more than Lhasa itself, were declared natural and cultural heritage by UNESCO...

The silver vein has disappeared but the miners have remained, and extract tin...

The “Cerro Rico” silver vein has been almost exhausted for more than a century. But the miners of Potosi, who tirelessly dig today from father to son the rock at the bottom of the galleries of the Red Mountain, have swapped the extraction of silver for the less lucrative extraction of tin...

It is in the miners' district, swept by gusts of icy wind under a cheeky blue sky, that we have a meeting at dawn with Diego, a cousin of Marcos. We must understand with him the time of a day, the hell that the miners of the Red Mountain continue to experience daily. Diego and his family, all miners from generation to generation, live here in the slum towns of Potosi, where they dig out the sewers themselves on weekends...

We are a long way here from the splendor of Potosi below, and its “Casa Moneda”, the largest colonial building in the Americas, decorated with the mask of Bacchus, the Roman god of opulence. The “Casa Moneda”, a building with thick stone walls, was built to control the minting of silver coins marked with a “P” like “Potosi” at the source…

The men begin to chew coca before entering the mines…

Diego takes us with the old family 4x4 to the top of the 4700 meters of Mount Potosi, dominating the entire region. Below, the city slowly awakens while multitudes of miners emerge from the barracks and shanty towns at the foot of the mines, to rush like ants, by the hundreds of entrances which lead to the ten thousand galleries which run in the bowels of the red mountain.

The blood of lamas sacrificed as an offering to Pachamama covers the entrance to the mines...

Diego greets companions at the entrance to the mine, sitting sharing a bag of coke bought the day before at the miners' market. The men begin to chew the leaves to give themselves “strength and courage” before diving into the heart of the mountain. Isa remains touched by the image of one of them making a cozy nest for a young puppy with his jacket. On the contours of the entrance to the mine, black traces of dried blood testify to the recent sacrifice of several llamas as an offering to Pachamama, to implore the protection of the gods and ensure the profitability of the mine. “The llamas are drugged and drunk on alcohol. Then they are slaughtered and dragged through the mine to “El Tillo”. And they serve as a feast at the end of the ceremony,” Diego tells us.

Women do not work in the mines, “It brings bad luck!” "...

We follow Diego and his companions in the mine, while old Indian women, bent by the weight of stones and years, are already working outside sorting the small minerals in the stones for a few bolivianos per day.

“Women are forbidden in the mines,” Diego tells us, “it brings bad luck!” ". Below, children barely 6 years old present different minerals on makeshift displays, to sell them to passing tourists taken there by the various travel agencies organizing the “mining tour”. In half a dozen years, as soon as they have arms strong enough to push a cart, these children will follow in the footsteps of their fathers and grandfathers into the steaming bowels of the red mountain.

In the arteries of the mine, 45°C and an air saturated with harmful gases…

We advance in an atmosphere leaden by chemicals and harmful gases, our backs bent in the galleries, so as not to bump against the wooden props installed, some of them by the first generations of miners. The temperature rises quickly, going from 0°C and below outside, to nearly 45°C in places. We walk in stifling darkness, our feet in muddy water along the rails on which the miners take their momentum out of one-ton carts towards the light of day... And we clearly become aware of the conditions of suffering in which hundreds of thousands of slaves died here...

Carts with a ton of ore, pushed by children...

Diego alerts us. The cries of miners and the metallic screech of a cart's wheels resonate in the distance in the gallery. Diego orders us to press against the wall. Stick us where? ! The corridor is barely more than the width of the rails and less than a meter and a half high. I am reassured to see Isa sheltered in a recess and desperately trying to stick to the walls by clinging to the slightest roughness in the rock. I see the lamps in the miners' helmets, then their tense faces revealing teeth blackened by coca. They are children... I try in the excitement to take a photo and forget my foot slipping on the rail. The cart full of ores rolls over my toes. The photo of the teenagers in full effort is taken but at what cost. I'm afraid to take off my shoe to look at the result. And the feeling of heat running down my foot is a bad omen. The cart moves away. The young miners are running at full speed, anxious not to lose their momentum, and they are yelling at Diego to better supervise his friends!!!

Aged 20-25 on average, Potosi miners rarely exceed 40…

The minors we meet are on average around twenty years old. The lifespan of men working with archaic means in the stifling air of the galleries rarely exceeds 40 years, or 20 to 25 years after their first days in the mine. When they do not die of silicosis, miners perish in the numerous accidents that punctuate life in the mine. “Dynamite, coke and 96°C alcohol don’t mix well,” Diego tells us with a smile. In 1996, he tells us, when the miners were still employees, one of them reached retirement age and received his $230 pension per year. He was in the newspaper because he was the first to arrive there alive!!!

When the mining companies went bankrupt, the miners set out on their own…

When the last mining companies closed down due to lack of profitability, with the cost of tin extraction in Potosi exceeding twice that of the world market, the state left the miners the choice to remain unemployed, or to organize themselves into private cooperatives. The majority preferred to continue working, to exploit themselves without social protection for a pittance wage, negotiating their weekend harvest to the highest bidder. “What else could we do? ! », Diego tells us. “My grandfather was a miner, my father was a miner, I am a miner and I will remain so… The mine is our pride. Without it, we are nothing...". Diego's family and a few others thus form a group of around forty miners who, in order to survive, advance a few centimeters every day in the veins of the mine, and bring out around fifty carts of one ton of ore per week. Everyone's salary depends on the hardness or risk of their task, the one who hammers the wall and handles the dynamite at the bottom being paid more than the one who pushes the carts at the top...

The drunk miners celebrate the end of the week with “El Tio” (pronounced “Tillo”), the Devil of the mine…

It's Friday and the miners are finishing their week of hard work as they started it, in the company of "El Tio", the devil of the mine.

There are around forty representations of El Tio scattered on each level of the red mountain. These are ceramic statues in human form about eight feet high, with a horned devil's head, miners' boots, and a huge erect penis!

El Tio, “uncle” in Spanish, is “the guy who has it in his pants!” » in Bolivian jargon. Minors take turns to meditate in front of him with their heads bowed, one hand on his knees. Others put lit cigarettes in his mouth, place a packet of coca leaves within reach, and pour a little alcohol at his feet to thank Pachamama, Mother Earth. Diégo takes the opportunity to replace the llama fetus placed there to ensure the fertility of the mine. Then everyone celebrates together in liters of beer the meager harvest of this new week of work, a happy week without accidents or deaths.

I'll be tempted to toast their local 96°C alcohol with them, and make everyone laugh by telling them that I feel like I'm losing my teeth!!!

Around Isa and me, the oldest of the group of around forty years old, who chews his coke continuously, seems to be twenty years older, while the youngest miner, a glass of beer in his hand, has not only fourteen years...

EPILOGUE:

At the time when I did this report, at the very beginning of the 2000s, with two Nikon F90x bodies and the Fuji Velvia 50, the miners were making a living from extracting the Mine. And tourism around “Cerro Rico” was barely taking off. Especially outside the mine where tourists could buy and leave with stones with metallic shards, sold below by children and women and miners.

The Mines of Potosi have since been declared completely exhausted, and tourism around visiting the mines themselves has greatly intensified.

I have heard and read a lot of moral debate around voyeurism in Potosi Mines tourism.

I certainly don't want to make any value judgments. But I can only encourage this mass tourism in the mines, as long as it benefits the miners, and that it is done with respect for this historic place and the souls of the 8 million Amerindians and black African slaves. who left their freedom and their lives in the bowels of Cerro Rico…

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